Des résultats tangibles, à confirmer…
François Hollande et son équipe sont en passe d’obtenir des résultats sur plusieurs fronts et pourtant jamais un président n’a été aussi bas dans les sondages. Comment expliquer ce hiatus ? Défaut d’autorité, communication cafouilleuse, quiproquo sur le » deal » de l’élection ?
Les résultats économiques, 14 mois seulement après son élection sont là et pointent timidement le bout de leur nez. Le regain inattendu de croissance de 0,5% au printemps, que vient de confirmer l’Insee, est une bonne surprise. Il provient d’un sursaut de croissance inattendu au sein de l’Union européenne. Mais sans conteste, il marque une sortie de récession après deux trimestres consécutifs (fin 2012 et début 2013) de repli du PIB (–0,2% à chacun de ces trimestres). N’en déplaise à l’UMP, c’est le taux le plus significatif depuis le 1er trimestre de 2011.
S’il va dans le bon sens, il faut qu’il se confirme dans les mois à venir pour inscrire nettement dans l’opinion publique, le fait que le gouvernement de M. Hollande a réussi à relancer la machine économique en France
De son côté il faut bien noter que l’autre indicateur, scruté à la loupe par les observateurs économiques, qu’est le baromètre du moral des ménages poursuit sa hausse depuis juillet et août, il s’établit en septembre, selon l’INSEE, à 85 points, soit encore un point de plus par rapport à août.
Quant au chômage, après deux mois consécutifs où la courbe s’est aplanie, marquant une rupture avec plusieurs années consécutives sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, le mois d’août a été aussi une autre surprise avec une baisse significative de 50 000 demandeurs d’emploi sans activité qui sont sortis des listes. Le chiffre surprend, on le conteste ici et là, attendons de voir sur une séquence un peu plus longue … mais pour l’instant les résultats sont plus qu’encourageants.
Voilà trois indicateurs : la croissance, le moral des ménages et le chômage qui tranchent nettement avec les résultats de l’équipe précédente au pouvoir durant cinq années. Par ailleurs sur le front des réformes et du contrat social, le gouvernement a modifié la texture du droit du travail, en l’assouplissant légèrement, et il engage une petite réforme des retraites sans grande contestation sociale.
Mais voilà… le président est au plus bas des sondages, il s’approche du record de la 5ième république détenu par François Mitterrand, à 23 % d’opinion favorables, il frôle les 22 % obtenu par ce dernier. Ce ne sont pas moins de 76% de français qui déclarent officiellement leur insatisfaction. Difficile de ne pas en tenir compte.
Les cafouillages en tout genre qui se multiplient au fil des semaines, et ceci depuis 16 mois n’y sont pas étrangers. On peut réellement parler d’un défaut d’autorité du Président. Ils étaient peu nombreux à contrer ou contredire Mitterrand. Même le très populaire Michel Rocard a plié l’échine à chaque fois, quant à Chevènement il est sorti du gouvernement. Les institutions de la 5ième sont ainsi faites qu’il faut à la tête de l’état un chef de parti, un chef de guerre…on ne peut pas dire que ceci soit inscrit dans les gènes de François Hollande, bien au contraire…
La valse entreprise entre le PS et les verts est aussi remarquablement à contretemps ! Les contentieux s’accumulent : Fessenheim, l’aéroport supplémentaire de Nantes, le budget du Ministère de l’écologie, la question des Roms etc… débats entre les membres d’Europe Ecologie sur la ligne à tenir… tout cela discréditent terriblement un gouvernement qui, outre le fait qu’il commence à obtenir des résultats, entreprend de réduire les dépenses de l’état et le déficit endémique, comme aucun autre gouvernement ne l’avait fait avant lui.
Le dossier des impôts a été une preuve de plus d’une incompétence manifeste à communiquer et à échanger entre les différents niveaux du gouvernement de la France. Enfin, le Président n’a pas suffisamment clarifié le « deal » entre lui et les français résultant de son élection. Nous en sommes restés à un simple rejet du président sortant, cela ne fait pas un contrat en soi !
Nous en sommes à attendre avec impatience, les élections municipales et européennes, lesquelles devraient produire un électrochoc et donner au Président François Hollande une nouvelle énergie avec un gouvernement plus convaincant et nettement resserré. Il aura devant lui une nouvelle période de trois ans pour, à la fois confirmer les résultats obtenus, et tenir une barre gouvernementale avec plus de constance et de clarté. Edgard Pisani disait qu’il fallait gouverner les yeux mi-clos… pour mieux discerner les énigmes de l’avenir, ne pas s’embarrasser des détails du présent, et ainsi tracer correctement son chemin. On ne peut que souhaiter une pareille cécité (partielle) au chef de l’Etat. La bataille du quinquennat est loin d’être perdue pour François Hollande et le parti socialiste.
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