Devant Bruxelles, Hollande fête le Conseil National de la Résistance en l’enterrant !
Mardi 28 mai, Claude Bartolone, président de l’Assemblée Nationale, demande aux députés d’observer une minute de silence en mémoire de Jean Moulin et du Conseil National de la Résistance. La veille, François Hollande, président de la république, rend hommage au CNR et souligne l’importance des mesures politiques, économiques et sociales que ce conseil mettra en place à la libération pour refonder le pacte républicain et ressouder les citoyens autours de valeurs de cohésion et de solidarité. Les socialistes, au plus haut sommet de l’état, semblent donc vouloir conserver ce qui fait, depuis plus de 70 ans, le pacte de la république, la cohésion de ses citoyens. Mais le véritable projet de François Hollande n’est pas de fêter les acquis du Conseil National de la Résistance et encore moins de les conserver. Car on peut
“célébrer l’anniversaire du Conseil National de la Résistance et préparer son enterrement en grandes pompes”.
C’est ce qu’écrit, non pas Jean-Luc Mélenchon ou tout autre porte voix du Front de Gauche, mais le directeur adjoint de Marianne, Jack Dion, ce jeudi 30 mai 2013.
L’opération de communication de François Hollande sur la commémoration du 70e anniversaire du CNR ne résiste pas à l’examen des faits de la politique qu’il mène depuis la fin de l’an I et le début de l’an II de son mandat. Car, en 12 mois de présidence de la république, il a été plus loin et s’apprête à aller plus fort que Nicolas Sarkozy qui s’était juré d’en finir avec l’héritage du CNR. Ainsi, avec Hollande, c’en est fini d’un code du travail qui protège les salariés, c’en est fini d’une sécurité sociale pour tous financée par tous à hauteur des moyens de chacun, c’en est fini de la retraite par répartition qui garantit un niveau de vie décent pour tous les retraités. Ces acquis capitaux du CNR avaient été grandement menacés et attaqués avec Sarkozy, les voilà en passe d’être liquidés avec Hollande, un président “socialiste” qui préfère Schröder à Moulin comme modèle. Car l’ANI et la fin du code du travail c’est Hollande, la TVA anti sociale donc le transfert vers la consommation et donc les marchés du financement de la sécurité sociale c’est toujours Hollande, l’allongement de la durée de cotisation avec pour conséquences une baisse significative des pensions et la souscription de contrats privés d’assurance vie et autres produits boursiers, encore Hollande. Trois des plus grands progrès légués par le CNR enterrés par Hollande.
Ce qui aura finalement mis le feu au poudre dans le petit monde médiatique d’ordinaire si prompt à défendre le social libéralisme et ses représentants, réside dans la brutalité avec laquelle la commission européenne et ses commissaires traitent la France, son gouvernement et ses citoyens. Ils ne demandent plus, ils exigent. Ils ne conseillent plus, ils somment le pays tout entier d’en finir avec la solidarité, l’égalité et la fraternité. Ils ordonnent d’adopter le modèle néolibéral désormais rendu obligatoire. Mais le peuple a encore la liberté de voter. Et beaucoup de commentateurs se rendent compte qu’à ce rythme, au printemps 2014, lors des prochaines élections européennes, le peuple sanctionnera cette abdication de notre modèle au profit d’une oligarchie financière assumée et totalement décomplexée. A l’image du journal “Le Monde” qui s’affole dès hier, mercredi 29 mai, face aux réactions négatives qui ne manquent pas de s’exprimer devant les 6 exigences de Bruxelles, pudiquement qualifiées de “réformes”. Ainsi la France doit-elle obéir en matière de retraite, de fiscalité, de coût du travail, de compétitivité, de privatisations et de marché de l’emploi. Si bien que “Le Monde”, qui oublie bien vite les conditions de sa naissance au moment même de l’occupation nazi, titre ce même mercredi 29 juin sa crainte de voir la France désobéir aux “recommandations” bruxelloises, appel à la désobéissance lancé par le grand méchant loup populiste Jean-Luc Mélenchon…Sauf que la liste de celles et ceux qui s’insurgent est longue et ne se limite pas au seul Mélenchon. Olivier Dartigolles, porte parole du PCF, Pascal Durand, secrétaire national d’EELV, Emmanuel Maurel, chef de file de la gauche du PS ne digèrent pas non plus ! C’est donc toute la gauche, en tous les cas celle qui se sent l’héritière de Jean Moulin et du CNR bien plus que l’héritière de Schröder, qui exprime son refus d’une Europe autoritaire et néolibérale.
Le véritable fautif de cet incroyable coup de force de la commission européenne contre la France et son héritage issu du CNR n’est autre que François Hollande lui même. Le 15 mai, devant Barroso, il montrait patte blanche et acceptait tout, absolument tout ce que les commissaires lui glissaient à l’oreille. Afin d’être certain de passer son grand oral avec les honneurs du jury, il récitait toutes les mesures prises par son gouvernement pour satisfaire les néolibéraux de Bruxelles. Il se vantait même d’être à la pointe des contres réformes que son prédécesseur à l’Elysée avait tardé à mettre en place. En retour, il était encouragé. Mais pour avoir un délai supplémentaire de 2 ans afin d’obtenir son diplôme de président libéral en chef il devait promettre des concessions. Nous les connaissons désormais, elles sont donc 6. Puis il fila en Allemagne. Et devant Angela, le 23 mai, il avoua enfin une vérité qu’il ne pouvait plus dissimuler : il n’est pas socialiste. Il est libéral et son modèle se nomme Schröder. Alors plus question d’encadrer le salaire des patrons du CAC 40. Plus question de faire croire plus longtemps à une réforme des retraites justes. Elle sera brutale, point barre. L’élève Hollande dépasse en tous points les attentes des maîtres commissaires en l’espace de quelques jours. Les maitres commissaires élèvent alors encore la barre de leur doctrine libérale. Mais elle est si haut placée qu’une perche ne suffirait pas à la franchir. La casse sociale déjà impitoyable sera meurtrière. Il faut vite trouver la parade à la débâcle électorale qui s’annonce en mai 2014.
Le FN, cette variable d’ajustement électorale savamment utilisée par les libéraux, sociaux ou pas, ressort du bois. Le journal “Le Monde”, encore lui, fait office de digue anti Front de Gauche. C’est sa fonction principale comme organe de communication élyséen. Le 28 mai, 24 heures avant que ne soit rendu public le nouveau diktat de Bruxelles, il titre :
Le quotidien du soir devenu plus sombre qu’éclairant, se lance dans une démonstration dont il a seul le secret. Ne pas voter pour un parti pro bruxellois reviendrait à voter contre l’Europe en faveur d’un populisme dangereux. FN et Front de Gauche se retrouvent une fois encore classés dans la même catégorie du populisme opportuniste et nocif. Mais le journal entrevoit lui même la limite de sa comparaison fumeuse. Il précise donc, en fin de billet, loin derrière le titre, longtemps après sa démonstration que beaucoup n’auront même pas lu se contentant du titre, que FN et Front de Gauche défendent deux concepts d’Europe radicalement différents. Le FN est surtout libéral. Le Front de Gauche social. Le mal est pourtant fait. Si vous envisagez de voter Front de Gauche, vous voterez Front, donc Front National. Voilà ce qu’est désormais une démonstration au journal “Le Monde”. Pour finir d’achever sa mue et ressembler en tout au Figaro, il devrait renforcer sa rubrique nécrologie et annoncer comme il se doit l’enterrement en grandes pompes du CNR par François Hollande.
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