Dictatures dans les pays du sud
Les pièces du puzzle existent, mais la classe moyenne, dans sa grande majorité, feint de ne pas savoir l’assembler, probablement parce qu’elle n’est pas tellement pressée d’abandonner son morceau de fromage. Alors, adieux au dictatures et bonjour aux démocraties ?
Dès qu’ils ont senti leur pouvoir menacé, tous ont fait usage de tirs à balles réelles sur leur peuple, scellant ainsi la rupture en confirmant leur peu d’ouverture au dialogue. Où sont passés les promesses d’une vie meilleure vous qui vous êtes parés de titre d’opérette, qui en « guide d’une révolution »' qui en « zaim » et qui en « Rais » de la nation ; consacrant un dédoublement schizophrène de votre personnalité. Coup de tonnerre ! Voilà qu’en moins de dix jours, bravant la répression, les peuples se soulèvent. Les dirigeants arabes tombent… des nues, en découvrant que leur peuple levant, toute ambiguïté, revendique et manifeste, en un mot, s'exprime en termes clairs. Il leur a conseillé de « dégager » !
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La démocratie est nécessaire à la participation citoyenne à la vie politique de son pays et au progrès ; De tous les systèmes politiques elle est le moins mauvais, disait Churchill. Cependant, cette exigence ne saurait faire oublier l’injustice d’un rapport de domination cause du sous développement, et son lot de mauvaise gestion, de pauvreté absolue ou relative. Les efforts internes ont, hélas, été remis en cause par, un ensemble de facteurs, dont la corruption d’une partie des dirigeants n’est pas le moindre, et par une économie mondiale fondée de plus en plus sur la spéculation.
Tel Sisyphe condamné à remonter éternellement son rocher, les pays en développement malgré les réformes engagées voient depuis leur indépendance reculer les chances d’avènement d’un ordre économique mondial plus équitable.
Cette contribution s’associe au débat ouvert par « le printemps arabe » et aux évolutions en cours, dans un certain nombre de pays, depuis les mois de janvier 2011.
« Le printemps arabe », parlons en, non sous la forme de fleurs comme l’ont fait les médias, ou de menaces contre l’occident et ses alliés. Ce « printemps » semblait conforter le poids et le rôle dans la vie politique des classes moyennes urbaines. Mais ce phénomène parait faire long feu car, à une situation prérévolutionnaire, succéda, rapidement, une confusion des idées au point que le débat se focalise sur une un autre alternative : changer les hommes ou changer le régime.
Cette dernière alternative se subdivisant elle-même soit en réformes menées par les hommes déjà impliqués dans l’ancien pouvoir, pérennisant ainsi le régime en place ; soit l’élection d’une constituante pour une nouvelle république. En privilégiant « le choc des photos » on n'a pas analysé suffisamment la base sociale de ces mouvements et l’on a occulté la finalité politique. Le poids des mots s’est transformé en slogan
La défaillance, la corruption et le nanisme politique de tous ceux qui ont géré les pays ont créé le désarroi.[1] Quant aux opposants, ils ont eu beaucoup à faire dans l'action quotidienne pour en définir les finalités. Une question se pose alors.
Quelle est la couleur politique qui chemine dans ces mouvements ? Car la responsabilité au sommet ne saurait masquer la responsabilité de la base. Elles se nourrissent mutuellement. La grande masse de cette classe est constituée essentiellement de petits et moyens salariés, c’est-à-dire la plus grande partie du monde du travail (du chômage et de l’emploi informel) appartenant sociologiquement aux classes populaires et aux différentes fractions de la classe moyenne.
Ces dernières, au stade actuel de développement du capitalisme, sont massivement, même pour les moins avantagées d’entre elles, profondément acquises, matériellement et mentalement, au mode de vie petit-bourgeois, qui est à la fois une imitation caricaturale du style de vie bourgeois et une création culturelle relativement spécifique.
Dans quel état social ces dictatures laissent-elles les pays ? Du fait même de l’importance prise par les classes moyennes, les classes populaires sont à peu près complètement mises hors jeu, éclipsées symboliquement et politiquement, réduites à leur seule dimension sociale de « damnés de la terre ».
Par l’espèce d’hégémonie idéologique que la bourgeoisie a exercé sur le plan des mœurs, relayée par la colonisation culturelle des médias, elles ont, à leur tour, adopté l’idéal consumériste qui leur a été distillé pendant des années et qui est aujourd’hui l’unique modèle d’existence que le système capitaliste soit capable d’offrir au genre humain. Ainsi, à l’aliénation économique succède une aliénation idéologique à laquelle certains croient pouvoir remédier par des bricolages "identitaires" tout aussi aliénants en définitive.
DEMOCRATIE, SOCIALISME ET CAPITALISME : les faux espoirs
Le monde occidental, surpris par l’effondrement du Bloc de l’est et de l’URSS a inventé une théorie, celle de la fin de l’Histoire que Fukuyama a illustré [2], et selon lui, il n’y aurait plus de place, dans la vie économique et dans l’idéologie, pour le socialisme. Après la coexistence pacifique énoncée en France par les professeurs F. Perroux ou R Aron, voici que l’on développe une théorie qui part d’une idée reçue : le capitalisme a vaincu le socialisme. Ce que je crois c’est que l’URSS n’a jamais été socialiste ; mais qu’elle a appliqué une forme de « socialisme national » imposé par les guerres « chaudes ou froides » qui n’a tenu compte de l’homme qu’en tant que facteur de production, et paradoxalement l’aliénant dans la marchandise perdant de vue la finalité du socialisme ;
Noyée dans une planification quantitative, qui a fini par considérer les normes de poids comme l’indicateur de développement et de croissance. Cette approche de la vie économique a conduit au sacrifice de prés de 25 millions de citoyens dans des camps de travail ou des goulags
Une telle déviation entraine une attention moindre à l’individu et à ses droits face à « l’intérêt collectif » accaparé par une nomenclatura. L’URSS s’est effondrée sous le poids de ses productions et de sa conception des droits de l’homme. Le socialisme ainsi dévié vérifie la thése d’un vieux texte[3] de Marx sur l’étape nécessaire du capitalisme pour passer à celle du socialisme.
L’Occident, plongé dans sa course effrénée avec ses désirs, qui par définition créent des insatisfactions, offre le spectacle d’une société matérialiste entière plongée dans une immense névrose collective, avec une masse de gens stressés, déboussolés, tâtonnant et heurtant de « droite et de gauche », cherchant désespérément une issue.
Une masse de travailleurs plongés dans un état grave de déréliction et qui encouragée par les partis et les gouvernements, à se tourner (Autriche Hollande Angleterre..) vers les extrêmes et à la rigueur vers un parti soi-disant socialiste, voire socialiste-national[4] où les prorammes de ces partis ont corrompu le sens, par une pratique de ralliement à l’économie de marché au point ou l'alternance démocratiquee st dans les hommes qui appliquent le même programme.
Il est exclu que la masse des travailleurs, réduite à la précarité par un nouveau « droit » du travail fondé sur la flexibilité et les licenciements, et légitmant ave cynisme la délocalisation par le niveau des salaires s’intéresse à un tel socialisme, appelé à gérer une économie sur la base de fondamentaux libéraux.
Dans ces pays, l’essentiel de la force sociale qui aurait intérêt à un changement de système, n’est même plus en mesure de comprendre exactement en quoi cela consisterait, et que ceux qui pourraient jeter quelque clarté dans cette pénombre, soit ont trahi leur mission, soit sont privés des moyens de se faire entendre. Les consultations se font entre tenants d’un même système.
Pourtant le concept a conservé une substance bien suffisante pour éclairer et diriger une démarche pour l’instauration d’un nouveau mode de production. En fait, le schéma de montage existe bel et bien.
L’Amérique latine, par exemple, a fait, à sa façon, la démonstration que le socialisme est encore opératoire. Mais, la lutte politique a réussi à instaurer un rapport de forces en faveur des classes populaires au détriment non seulement de la grande bourgeoisie capitaliste terrienne et compradore, mais aussi des fractions de la classe moyenne qu’elle a satellisée. (Cette petite-bourgeoisie est toujours pleine de scrupules démocratiques quand il s’agit d’aider le petit peuple à se libérer). Elle se montre infiniment plus tolérante envers les puissants alliés aux sociétés multinationales. (cas chilien cuba venezuela Perou)
Les pièces du puzzle existent, mais la classe moyenne, dans sa grande majorité, feint de ne pas savoir l’assembler, probablement parce qu’elle n’est pas tellement pressée d’abandonner son morceau de fromage. Alors, adieux au dictatures et bonjour aux démocraties ?
. Dés qu’ils ont senti leur pouvoir menacé, tous ont fait usage de tirs à balles réelles sur leur peuple, scellant ainsi la rupture en confirmant leur peu d’ouverture au dialogue. Où sont passés les promesses d’une vie meilleure vous qui vous êtes parés de titres d’opérettes, qui en « guide d’une révolution »' qui en « zaim » et qui en « Rais » de la nation ; consacrant un dédoublement schizophrène de votre personnalité. Coup de tonnerre ! Voilà qu’en moins de dix jours, bravant la répression, les peuples se soulèvent. Les dirigeants arabes tombent… des nues, en découvrant que leur peuple levant, toute ambiguïté, revendique et manifeste, en un mot, s'exprime en termes clairs. Il leur a conseillé de « dégager » !
Mais ce conseil est aussi valable pour tous ceux qui ont tenté de récupérer ces mouvements En effet, on a vu un pseudo philosophe Bernard Henri Levy qui prétend être à la fois chef d’état major, Clausevitz, au petit pied, pour « offrir » la démocratie dans les soutes des porte avions et des navires de guerre. La colonisation était légitimée par le devoir de civilisation qui incombait uax nations "civilisées" déclarait Jules ferry en 1885 devant l'assemblée nationale
Où est le temps où des vrais philosophes tels JP Sartre, Francis Jeanson, Bertrand Russel, voulaient juger le colonialisme pour crimes contre l’humanité. La démocratie ainsi importée par les armes n'est que le voile, ou le hidjab, qui plus est transparant, dont se pare et se couvre la domination économique sur les richesses d-un pays.
Voila en quelques mots comment on peut interpréter « le cri silencieux>>lancé par les peuples arabes, qui ne se seraient éveillés à la conscience démocratique que par l'intervention de l'otan, les morts et les blessés d’un combat douteux et des rebelles surgis de nulle part. Le sort de ces dictatures, a été scellé par ceux qui étaient leur soutien. La position de sagesse est celle qui sait distinguer le destin d'une nation de ceux qui prétendent l'incarner. Assez ! de prétendants au titre de père de la patrie qui se transforment en propriétaire de la nation. « La propriété n'est-elle pas fondée sur le vol » ? Un philosophe appelé Proud’hon répondait par l’affirmative à une telle question !
***
[1] “on a régressé en allant de régression en régression, concernant l’accès aux soins, aux médicaments, au travail,. On peut quantifier ces régressions en termes de morts par exemple. Mais celle de l’intelligence passent inaperçues, parce qu’on ne peut les quantifier. Aujourd’hui, personne ne parle de l’après Bouteflika. Dans les années soixante, il n’y avait pas d’utopie, on voulait une Algérie normale et on était dans l’action réaliste. Aujourd’hui les analyses ne tiennent pas…on a crû que le régime était celui du parti unique. Mais ce n’est pas exact, il ne s’agit même pas de dictature, mais plutôt d’un pouvoir personnel érigé en programme de gouvernement. » Cherif Belkacem in l’UGEMA Clément Moore Henry page 222.234
[2] Idée développée au XIXéme siècle Par Stuart Mill sous le concept « d’Etat stationnaire » Reprise par Fukuyama sous la forme que l’on sait
[3] Manifeste du parti communiste
[4] D’où la compétition entre les partis politiques qui développent les thèmes et les idées de l’extrême droite, sous le fallacieux prétexte que celle-ci poserait justement des questions. .
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