Dieu et la CGT coupent l’électricité
La France va mal et tout le monde s’y met : Dieu, la CGT, les islamistes, le gouvernement. Où l’on revient au sens du mot apocalypse : « révélation »…

Quiconque a lu Tintin se souvient, au début de L’étoile mystérieuse, de Philippulus le prophète qui, armé de son gong, vient marteler : « C’est le châtiment !… Faites pénitence ! La fin des temps est venue !… » Depuis, bien d’autres l’ont suivi, sans succès puisque nous sommes toujours là et que nous avons même largement franchi le cap fatidique de l’an 2000. En revanche, il est évident que nous vivons des temps sur lesquels nous avons une vision trop étriquée. Je vais parler surtout de la France, mais rappelons en préambule qu’elle n’est pas le centre du monde –elle l’est même de moins en moins. D’autres pays subissent des épreuves bien plus extrêmes que les nôtres. Évoquons, pour faire bref, des pays comme la Syrie ou la Libye qui vivent des situations réellement apocalyptiques, où on ne sait même plus qui soutenir tellement ces nations ont basculé dans une désorganisation et une sauvagerie intégrales.
Désorganisation Total
Mais bon, venons au chevet de notre pauvre France, et essayons de décrypter la coalition du temps politique et du temps météorologique qui assaillent notre bel hexagone. Il y a quelques jours, on annonçait que la CGT procédait à des coupures de courant, et que les inondations avaient elles aussi entraîné des coupures de courant encore pires. Comme si Dieu et la CGT se liguaient pour mettre le pays en difficulté ! Si on fait une liste très succincte des maux qui nous échoient : le gouvernement s’entête à faire passer une loi-Travail dont personne ne veut (à part le MEDEF qui l’a inspirée) ; Manuel Valls (officiellement appuyé par François XVI, le Président de ce qui reste de République) va jusqu’au clash, jusqu’à provoquer des violences policières souvent injustifiées. Il y a la montée de l’intolérance, celle de l’extrême-droite et celle des terroristes islamistes. Il y a de rudes bouleversements des mœurs comme le Mariage pour Tous et, maintenant, un pas significatif vers la banalisation du divorce, ce qui revient à dévaloriser le mariage (on admirera au passage le message contradictoire : davantage de mariage d’un côté, davantage de divorce de l’autre…). Il y a des accusations de racisme dans l’histoire de la non-sélection de Karim Benzema dans l’équipe de France, mais des beurs comme le député Malek Boutih ou l’humoriste Yacine Belattar qui répliquent courageusement qu’il y en a assez de prétexter le racisme chaque fois qu’on subit un échec. Et puis, les grèves, les blocages, les manifs, une sorte de Mai-68 mal synchronisé et donc appelé à s’embourber. Bref : une sorte de déroute généralisée.
Vendredi dernier, je parcourais ma ville sérieusement inondée par endroits pour faire des photos, et je suis arrivé à la station Total où, à part le gas-oil, les affichages de prix étaient à 00.00. Et je me suis dit : voilà, en deux photos, le résumé de l’état de la France : une maison inondée, et une station-service… à sec !
Dévoilement
Sortons du nombrilisme franchouillard, et analysons un peu au-delà de nos frontières (et souvenons-nous que les Allemands ont également été inondés). Pour s’en tenir à l’Europe, je crois que nous sommes en train de redécouvrir une chose que, dans l’orgueil de notre société technicienne, nous avions oubliée : nous sommes très vulnérables. Vulnérables au niveau des conflits humains ; et vulnérables devant la nature, qui aura toujours le dernier mot. Alors, ce que déclare « Philippulus » Pale Rider en ce jour, c’est : réapprenons l’humilité. Et même si tout ce qui arrive n’est pas forcément un plan de Dieu délibéré, rien ne nous interdit de nous souvenir que c’est lui qui commande et que cette conjonction d’épreuves n’est peut-être pas totalement l’effet du hasard. Une société orgueilleuse devient arrogante et inhumaine, ça s’est toujours vérifié. Sic transit gloria mundi : les empires naissent, deviennent puissants, puis se délitent sous le poids de leur suffisance (au double sens du terme). L’Occident est un empire qui est en bout de course. Comme l’empire romain, peut-être mettra-t-il quatre ou cinq siècles avant de disparaître complètement, mais la descente est amorcée. Et elle est certainement l’occasion de rappeler qu’en grec, apocalypse signifie « dévoilement », « révélation ». Tous ces événements nationaux et internationaux dévoilent ce que nous sommes. À nous de savoir si nous préférons garder le voile, nous boucher les yeux, ou bien si nous profitons de tout ce qui nous assaille pour retrouver un sens de l’humain et une dignité qui sont manifestement mal en point.
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