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Accueil du site > Actualités > Politique > Dieudonné et Dionysos

Dieudonné et Dionysos

Où il sera ici, entre autres, question de sauce tomates basilic et de bonnets phrygiens.

Et si on parlait théâtre ? Tiens, on a juste oublié de parler théâtre. Les théâtreux étant pour la plupart bien trop attachés à leurs subventions il est peu de chances qu’ils l’ouvrent en ces temps de troubles. Car ici, il ne faut pas s’y tromper, il s’agit avant tout de théâtre, pas uniquement, mais avant tout, et Dieudonné se révèle comme étant l’un des plus grands hommes de théâtre de son temps. Ceux qui osent sans rire parler de meetings ne voient même pas qu’ils se tirent une balle dans le pied car s’il s’agissait réellement de meetings, dites-moi donc quel est l’homme politique sur cette planète qui remplirait des zéniths de 5000 places à 35 euros le ticket d’entrée, et ce des dizaines de fois dans l’année. Dieudonné, l’homme politique le plus charismatique de cette planète ? Je ne crois pas. Dieudonné un grand artiste ? Je serais plus enclin à le penser. Mais oui pourtant, le théâtre est politique aussi, le théâtre est politique surtout à partir du moment où l’on défini la politique comme étant la gestion des désirs :

 

. Au niveau international : tu veux cette île, je la veux aussi. Comment allons-nous régler cela ?

. Au niveau national : les riches voudraient payer moins d’impôts, les pauvres, quant à eux voudraient plus de sécurité. Comment allons-nous régler cela ?

. Au niveau de son couple tiens : tu aimes la fidélité, j’aime, moi, papillonner. Comment allons-nous régler cela ?

Et enfin, une fois qu’on est seul, plus de politique.

Ben non ! Quand y en a plus, y en a encore. J’ai envie ce soir me taper un grand plat de pâtes tomates basilic saupoudré de moult parmesan râpé mais au vu de ce début de petit bidochon qui depuis quelques mois me tient lieux de ventre je me dis que… Tout régime alimentaire est un régime politique.

 

Parlons donc théâtre. Je vais vous la faire courte. Je n’ai pas le temps et vous non plus j’imagine. Qu’est donc cette drôle de chose que l’on nomme le théâtre né il y a 2600 ans à Athènes ? Il y avait les dionysies, fêtes célébrant le dieu Dionysos (chants, danses, boisson, pelotage de la voisine), Dionysos, dieu considéré comme étranger par les grecs et portant bonnet phrygien, (je n’invente rien), dieu de la vigne, du vin et de l’excès. Les grecs fêtaient Dionysos, mais voilà, les grecs n’aimaient pas l’excès, les grecs prônaient la modération en toute chose. Problème ? Non pas ! Car s’ils prônaient la modération en toute chose, la suite de la phrase aurait pu être : modération comprise. Pour s’en tenir au vin cela signifierait que de boire un ou deux verre par jour c’est très bien, mais si un soir dans l’année tu as envie de te torcher, ben, c’est très bien aussi. De la modération en toute chose donc. Mais voilà, l’homme n’est pas modéré (petit salut au modérateur), l’homme a des passions, des excès ; des excès de colère, de jalousie, d’orgueil…etc. Alors que faire ? Et voilà que vint un petit malin qui eu l’idée de créer cette chose bien tordue qu’est le théâtre, (je vous avais bien dit que j’allais vous la faire courte).

_ Hé, viens ici toi qui chante, qui danse, qui bois et qui pelote ta voisine. Assied-toi et ne bouge pas.

_ Pourquoi ?

_ Tu vas voir.

_ Bon.

_ Là où tu es assis on va appeler ça « le théâtre ».

_ Ok.

_ Et tu vas regarder devant toi vers un lieu que l’on va appeler « la scène ».

_ Ok.

_ Et là sur scène, des humains comme toi vont faire semblant d’être quelqu’un d’autre.

_ Quoi ?!

_ T’inquiète, c’est très facile, tu vas comprendre. Ils vont jouer à être quelqu’un d’autre et ils vont, par cela même, te raconter des histoires.

_ Bon.

_ Des histoires terribles. Il y aura des types qui tueront leurs pères, coucheront avec leurs mères, s’arracheront les yeux ; des femmes qui, après avoir été quittées par leurs compagnons, tueront les deux petits enfants qu’elles auront eu avec lui pour se venger. Des histoires terribles.

_ Bien.

Sur scène il y aura l’hubris, à savoir l’excès, la démesure, et à travers les personnages sur scène tu vas vivre toi aussi cet excès et cette démesure.

_ …

_ Tu vas la vivre, et c’est la qu’il y aura catharsis.

_ ?

_ Catharsis, à savoir « purification ». Tu seras purifié, ou du moins en partie. Ce que tu auras vécu à travers les personnages interprétés par les comédiens, tu auras moins besoin de le vivre dans la vie, ou du moins en partie. Tu vois, c’est simple finalement, il faut voir le théâtre comme une sorte de soupape de sécurité pour apaiser un individu trop longtemps soumis à une pression insupportable et ainsi garantir la sécurité du groupe et sa cohésion. Mon ami je t’offre ici un grand cadeau.

_ Bon… Faut voir.

Et depuis Dionysos est devenu le dieu de la vigne, du vin, de l’excès et… Du théâtre.

« Dieudonné a beaucoup de talent mais il va trop loin ».

Mais, il est juste payer pour ça, pour aller trop loin espèce de… !

(Rester poli est parfois difficile).

Irais-je jusqu’à dire que Dieudonné est la personne en France qui combat le plus l’antisémitisme aujourd’hui ? Oui ! Oui ! Oui ! Et ce quitte à passer pour un sophiste à deux balles.

Dix ans sans Dieudonné dans les médias que nous payons de notre poche et qui sont censés appartenir aux français, dix ans pour lui de persécutions de toutes sortes.

Qui aujourd’hui crée de l’antisémitisme et qui donc sont les sophistes ?

 

Trassibul


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8 réactions à cet article    


  • bernard29 bernard29 18 janvier 2014 11:36

    Très très bien.

    Il faudrait envoyer votre article à jean Michel Ribes, et au « théâtreux » (Gérald Garutti Metteur en scène et auteur) qui dans l’émission « ce soir ou jamais » consacrée à Dieudonné justifiait l’interdiction des spectacles de Dieudonné.


    • Suldhrun Suldhrun 18 janvier 2014 13:48

      Le Bonjour Tra.......

      Votre texte de joy , d humour et de sante ........

      dans l immediat de la vie .......


      • almodis 18 janvier 2014 16:13

        oui , mais chez Taddeï , il y avait aussi Hector Obalk ( et Bricmont ) qui disaient : « des subventions pour un théâtre tellement chiant que sans ces aides , il ne survivrait pas ! »


        • volpa volpa 18 janvier 2014 17:52

          Tout en finesse.


          • take five take five 18 janvier 2014 18:27

            « l’humour est juif, l’ironie est chrétienne »
            Yann Moix (grand penseur incontinent du début du 3e empire français)


            • Francis, agnotologue JL 18 janvier 2014 19:09

              @ l’auteur,

              vous dites que ’’le théâtre est politique aussi, le théâtre est politique surtout à partir du moment où l’on défini la politique comme étant la gestion des désirs’’

              La politique, la gestion des désirs ? C’est votre opinion, mais pas en France, pas maintenant. Je crois moi, que la politique est la gestion des mécontentements.

              Et si, comme disait Paul Valéry, « La politique est l’art d’empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde », alors on peut affirmer que ce que fait Dieudonné ce n’est pas de la politique !


              • RageAgainst RageAgainst 19 janvier 2014 00:28

                ohhh aurais je reconnu la célèbre thèse de Nietzsche sur l’art apollonien et dyonisiaque ?? 




                • Philippe Emmanuel 2 mars 2017 18:20

                  bonjour Trassibul, votre démonstration est excellente, et je vous rejoins sur Dieudonné homme de théatre parmi les grands que porte ce pays aujourdhui. cela étant si dire qu’il a été trop loin est idiot voire horripilant, puisqu’à priori il n’y a pas de limites sur scène, on peut cependant constater qu’à un moment Dieudonné s’est égaré.
                  La pression, le harcèlement,les tentatives de mise à mort sociale, économique (pour ne parler que de celles là) expliquent en partie cette errance. On peut même saluer qu’il ne se soit pas perdu davantage et se soit retrouvé aujourd’hui on dirait. Enfin selon moi.
                   Quand il a fait « l’antisémite » par exemple, j’ai eu parfois le sentiment de m’être trompé de film et d’être en train de revoir « le juif suss » ce fameux film commandé par Goebbels en 40.
                  Quand sur scène à la main d’or il faisait siffler les noms à consonnance israélite ou provoquait des rires grinçants avec des sous entendus graveleux, il flattait les bas instincts d’un public venu parfois pour ça, et parfois pas, puisque moi même plus d’une fois j’ai été mal à l’aise.
                  On peut considérer qu’il s’était perdu.
                   il semble qu’en trouvant la paix l’homme a retrouvé l’artiste puisqu’il se dit que certains skeches sur les médias et la Politique sont du grand, très grand Dieudonné. Tant mieux pour nous et tant pis pour les antisémites, les haineux, et tous ceux qui, racistes ou non, rêvent encore de l’étouffer.
                  Cordialement

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