Dominique de Villepin, présidentiable ou président, rien n’est moins sûr
Pour certains, il est redevenu l’homme providentiel et sa relaxe dans l’affaire Clearstream une grande victoire contre Sarkozy. Il reprend certes du poil de la bête, mais comme le disaient les anciens la distance est courte du Capitole à la Roche tarpéienne. 2012 est encore loin et de nouveaux croc-en-jambe fomentés par l’actuel président sont encore possibles et envisageables. Et puis, il y a la personnalité du personnage qui porte beau, trop beau pour séduire la ménagère de moins de cinquante ans, peu politisée, au vocabulaire limité, spectatrice de TF1 et les armadas de beaufs incultes qui refont le monde au comptoir d’un bistro. Villepin est trop élitiste pour rassembler en ratissant large et il lui faudra faire un effort de simplification pour se faire comprendre et accepter. Michel Rocard, bien avant d’avoir atteint le grand âge, en a fait les frais face à Mitterrand car il n’a pas voulu ou pas pu adapter son discours au niveau de compréhension des classes populaires. Heureusement pour lui Dominique de Villepin possède une élocution nettement moins confuse que celle de Rocard. Mais quand on constate que les personnalités préférées des Français sont depuis des années Noah, Zidane, Johnny, Hulot, Jamel, Dany Boon, Gad Elmaleh et d’autres pitoyables figures médiatiques, que Kouchner et Rama Yade sont les politiques les plus plébiscités, il y a de quoi se faire un sang d’encre sur l’avenir de la France. Désormais, on connait Monsieur Besson, mais qu’en est-il de Luc Ferry et de Michel Onfray ?
Nous avions eu le cas Bayrou en 2007, intellectuel peu charismatique qui avait pourtant séduit une frange intellectuelle effrayée par la médiocrité de Royal, la vulgarité et l’esbroufe de Sarkozy. Le Béarnais aurait fait un excellent Président du Conseil sous la Quatrième République, un premier ministre efficace mais effacé, mais un Président de la République un peu terne. Actuellement en perte de vitesse, en partie à cause d’erreurs de stratégie et de communication, il ne semble plus en mesure de battre Sarkozy. Par contre une alliance Villepin /Bayrou aurait plus de tenue qu’un binôme avec Royal. Comment éviter à nouveau les pitreries de Ségolène, les mensonges, les outrances de Sarkozy du débat d’entre deux tours qui fut un sommet de ridicule en 2007 ? Mais on ne refait pas l’histoire pas plus que le match malgré la main de Henry.
Dominique de Villepin peut probablement arriver à faire perdre Sarkozy, ce qui serait déjà une victoire à fêter, mais de là à accéder à la fonction suprême, rien n’est moins sûr. Avec le risque que sa participation à la course à l’Elysée ne soit l’occasion de donner un fauteuil à la sirène du Poitou qui mènerait la France de Charybde en Scylla. De toute façon, un président de nos jours n’a plus l’impact de Charles de Gaulle ou même de Mitterrand sur la politique et l’économie. Il ne faudrait pas tomber dans l’idolâtrie qui a entouré Obama au sujet de Villepin, même s’il est un candidat respectable.
Reste la gauche moribonde, sans grande personnalité représentative et séduisante et qui pour se restructurer et se rendre à nouveau crédible devra faire des efforts colossaux, mais surtout rapides. La gauche se démène actuellement dans un climat d’hostilité interne qui fait prendre le clan des Atrides pour des Bisounours ou des nains de Blanche Neige. Quant à l’Extrême Gauche, elle n’a pas encore compris que les damnés de la terre ne voulaient plus être debout, mais réclamaient des places assisses avec si possible un coussin sous les fesses. D’ailleurs, le « Debout la République ! » de Dupont-Aignan ne fait pas beaucoup lever les foules pas plus que le « Debout la France » souverainiste. L’intelligence voudrait que la Gauche votât en se bouchant le nez ou au pire s’abstienne au second tour si elle n’y figure pas plutôt que de laisser passe Sarkozy.
Royal n’est plus ou n’a jamais été socialiste mais reste aussi ambitieuse que Sarkozy, le côté nunuche en plus. Comme elle n’a pas eu son affaire Clearstream pour la remettre sous les feux de la rampe, elle va nous refaire le coup des photos volées avec son amant ou nous sortir bientôt une autre trouvaille de génie ou un autre néologisme. La gauche non verte devrait se ressaisir, penser à 2017 et agir en républicain pour faire sortir Sarkozy du jeu électoral, ce qui est actuellement la priorité politique du pays. Et que Villepin soit élu ou non, que DSK entre en lice et tente sa chance, il ne faut pas attendre des miracles du nouveau président, tant la situation économique et sociale s’est dégradée depuis le départ de Chirac. Certes Sarkozy n’est pas responsable de la crise boursière, puis financière, mais son côté exaspérant, ses allures de matamore à la Berlusconi n’ont rien apporté à la France et les déficits sont tels qu’il faudra bien appliquer une politique de rigueur, des restrictions budgétaires et une diminution du train de vie de l’Etat.
Dominique de Villepin pourra-t-il déjà se présenter ? La réponse n’est pas aussi évidente qu’il n’ parait après sa victoire devant les tribunaux. La haine de Sarkozy est tenace et les séides du président vont tout faire pour déterrer un vieux dossier et quelques casseroles d’ici 2011 pour lui remettre la tête sous l’eau à défaut de pique ou de crochet pour l’y suspendre. Et puis le sublime discours à l’ONU voit déjà ses effets s’estomper. On ne prend pas le pouvoir de nos jours par un fait d’armes sorti depuis longtemps de la Une des médias et de la mémoire de l’électeur de base. Car si Dominique de Villepin n’est pas tout à fait le chevalier blanc qu’il veut incarner il possède un panache d’une bien plus belle couleur que celui de Sarkozy. Villepin serait un soulagement pour la Droite digne, celle minoritaire qui n’applaudit pas aux bons mots du véritable maitre de l’UMP et ne courbe pas en permanence l’échine. Il permettrait de redonner de la hauteur à un parti qui est tombé bien bas depuis 2007. Car même si les reproches que l’on peut faire à Chirac sont nombreux et justifiés, il n’a jamais atteint la fatuité et le vide intellectuel de l’actuel chef d’état. Hélas on se souvient plus facilement de « casse-toi pauvre con ! » ou de « la bravitude »que des envolées lyriques de Villepin.
Mais ne rêvons pas, tant de chausse-trappes guettent Villepin, Bayrou, Aubry, Dupont-Aignan et même DSK, les moins pires à défaut d’être les meilleurs. Que l’un d’eux ou même un second couteau présentable comme Valls, Montebourg, jusqu’à Alliot-Marie et Debré, nous épargne Sarkozy, Royal ou un Vert, ce sera déjà ça de gagné pour le pays. Et puis on peut heureusement compter sur le renfort de Marine le Pen pour faire perdre des voix à Sarkozy.
Quant à Duflot elle serait un cauchemar et un aberration sinon pire, du moins aussi catastrophique que le duo Ségo/Sarko. Les Verts mèneraient la France à la récession et au dogmatisme écologique, ce qui n’est guère souhaitable pour le pays. De toute façon nous devons nous préparer à une longue période de stagnation, de médiocrité ce qui n’est guère enthousiasmant. Alors de Villepin faute de mieux, pourquoi pas, cela ne pourra pas être plus imbuvable que ce que nous vivons actuellement. Mais rien ne dit qu’il pourra se présenter, même s’il en a la volonté, un chantage sur une affaire connue seulement des initiés peut lui barrer la route et le dissuader au dernier moment en coulisses. Sinon, il faudra se résigner à aller à la pèche le jour de l’élection, si ce sont encore les deux mêmes qui se retrouvent face à face. Loin de l’échéance électorale nous nous dirigeons tout droit vers la déchéance électorale.
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