DSK, « Je suis venu, j’ai vu, G20 »

Oui DSK est bien venu en France mesurer sa cote de popularité à la faveur d'une présidence française du G20 qui tombe à pic. Un bon moyen pour lui de rappeler qu'il sait encore où se trouve la France sur la carte politique du monde. Son retour sur les terres et le terroir qu'il "ne représente pas" était attendu par la classe politique bien sûr mais aussi et surtout par la presse et les français. Ils ont d'ailleurs été près de 7 millions à regarder dimanche soir sur France 2 les piètres tentatives de Laurent Delahousse, qui ne parviendra pas à lui faire dire autre chose qu'un "je n'ai rien d'autre à l'esprit que le FMI, qui m'occupe à plein temps". Ce n'est certainement pas un journaliste de France 2 qui parviendra à faire sauter le devoir de réserve imposé par le FMI, mais bien l'appel des français, car DSK semble quand même bien être en train de se faire prier de faire acte de candidature. Jean-Christophe Cambadélis, son directeur de "pré-candidature" rappelle au Nouvel Obs que « sa candidature chemine dans l'opinion, ce qui doit le faire réfléchir. Cela dit, je suis persuadé qu'il n'a pas tranché », comme s'il attendait un véritable cri d'amour des français pour se décider.
Et DSK a vu. Il a vu apparaître dans les multiples déclarations de ces derniers jours la crainte qu'inspire sa candidature dans le clan UMP, et les dissensions qui en découlent. Une droite qui se sent bien à l'étroit dans son programme puisque le centre s'éloigne avec la prise de distance d'un Jean-Louis Borloo ou encore d'Hervé Morin, tandis que l'épouvantail Marine Le Pen prend de l'épaisseur. Et c'est donc vers la droite, comme souvent, que le clan Sarkozy a lancé la bataille avec le débat annoncé sur la place de l'islam en France, car l'UMP ne se sent peut-être pas de poids à rivaliser sur son aile gauche.
Il a vu un centre également bien embêté par les nombreux électeurs qu'il pourrait voir s'échapper, à l'image d'un François Bayrou agacé par une agitation médiatique qu'il juge "ridicule". Il a vu enfin un PS partagé et pas franchement aussi enthousiaste qu'il aurait pu l'espérer. Si Manuel Valls le voit en champion de la gauche pour 2012 et explique que « si Dominique Strauss-Kahn est candidat, et je le souhaite, ça m'obligera et ça obligera chacun à réfléchir » , cela ne s'applique visiblement pas au clan Hamon. Ce dernier clame haut et fort son soutien à Martine Aubry qui serait la plus à même à comprendre et régler les problèmes quotidiens des français.
C'est en effet sur ce thème que ses détracteurs avaient choisi de l'attaquer, obligeant DSK à faire le grand écart sur le plateau de France 2, une tentative cependant trop courte et trop peu étayée pour qu'il puisse affirmer "j'ai vaincu". Bien qu'il ait une nouvelle fois affirmé son attachement à la France, et malgré sa volonté de se présenter en homme de devoir, il est condamné à travailler dans les hautes sphères jusqu'à la fin de son mandat au FMI. Il n'aura pas eu l'occasion saisie par le président Sarkozy qui est allé à la fois rappeler leurs responsabilités aux membres du G20 qui n'ont "pas le droit d'échouer" puis compter fleurette aux exposants du Salon de l'agriculture dans le même weekend. Un Sarkozy à qui j'ai prêté pour ma part un air bien plus sympathique, moins stressé et moins serial-serreur de mains qu'à l'accoutumée. Comme pour marquer encore plus nettement l'opposition avec l'inatteignable DSK.
Je finirai par une petite remarque quant aux critiques formulées au cérébral Strauss-Kahn. Nous sommes en France très prompts à mettre sur le dos des délocalisations et des grands mouvements économiques internationaux tous les tracas de la vie quotidienne, encore plus depuis la dernière crise des subprimes. Les erreurs des puissants et des économistes nous toucheraient donc directement. Alors pourquoi la réciproque ne serait-elle pas vraie ? Les analyses d'un brillant économiste ne permettraient-elles pas à la France de créer de la valeur donc de l'emploi et du bien être ? A l'échelle d'un pays aussi, l'argent ne fait pas le bonheur, certes, mais il y contribue...
Jean-Baptiste
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