DSK : la piste européenne
Viendra, viendra pas ? DSK entretient, avec succès, le suspense sur ses intentions au regard des présidentielles de 2012. Tout et son contraire s’étale dans la presse mais depuis quelques jours les choses semblent s’emballer. Le très bien informé Jean Quatremer, journaliste à Libération évoque sur son blog “Coulisses de Bruxelles“, la piste de la présidence de la Banque centrale européenne. Ce scénario ourdi par l’Elysée aurait l’avantage d’écarter un concurrent potentiel, favori des sondages.
Il y a presque un an, le 8 décembre 2009, Nicolas Sarkozy jouait encore les cadors et s’autoproclamait DRH du PS, suffisamment malin pour avoir envoyé l’encombrant DSK à Washington. Oui mais voilà, la dégradation de la situation intérieure française est telle que la possibilité de battre le président de la république sortant aiguise bien des appétits, dont celui du directeur du FMI.
Partant du principe qu’il vaut mieux éloigner ceux qu’on n’est pas assuré de battre, les stratèges de l’Elysée souhaiteraient faire d’une pierre deux coups si ce n’est un billard à trois bandes. Tout d’abord remplacer Jean-Claude Trichet à la présidence de la Banque centrale européenne par un autre français, favorable à Paris, au nez et à la barbe du candidat allemand, actuel président de la Bundesbank. Mais également profiter de ce jeu de chaises musicales pour recaser “ailleurs”, en l’occurrence Francfort, le chouchou des sondages auréolé de son action au FMI.
Même si la prudence est de mise, à 18 mois des présidentielles, DSK est donné largement gagnant face à Nicolas Sarkozy. Alléchés par une victoire qu’ils sentent à portée de main, les socialistes et la gauche dans son ensemble, malgré leurs divisions et réticences, n’auront d’autre choix dans l’antisarkozysme ambiant que de se ranger derrière le candidat, quel qu’il soit, désigné par le PS à l’issue de ses primaires.
Laurent Fabius a bien résumé le sentiment dominant lorsqu’il choisit une pirouette pour ne pas se prononcer à la question portant sur la différence entre Martine Aubry et DSK.
L’histoire, même la petite, bégaie rarement. L’Elysée est peut être un peu présomptueux s’il pense rééditer le bon coup de 2007 avec l’exil négocié du leader socialiste. Certes le changement de poste peut être tentant pour l’intéressé. La direction de la BCE a été rendue très stratégique par la crise et le surendettement des états membres de l’UE. Réussir à ce poste ouvrirait à DSK d’autres perspectives au niveau de l’UE : présidence de la Commission, présidence du Conseil européen… Et s’il est un point faible commun à tous les hommes politiques, c’est l’ambition.
La présidence de la BCE permettrait surtout à DSK de ne pas avoir à mettre les mains dans le cambouis français, à l’aube d’un prochain quinquennat qui sera marqué par la disette et l’austérité. Ses partisans peuvent bien s’étrangler de rire en jugeant “pas à la hauteur”, la BCE après le FMI, leurs intérêts ne sont pas ceux de leur mentor. Sinon comment expliquer sa quasi désertion pour le FMI ?
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