DSK, les primaires et la gauche
Les primaires organisées par le PS et décidées par l'ensemble des militants ne concernent pas que ces derniers, mais tous ceux qui se reconnaissent dans les valeurs de la gauche. Or elles se présentent on ne peut plus mal : non seulement nos partenaires sont en fait, sinon en droit, mis sur la touche, mais on a tout fait au PS pour escamoter le débat au sein des militants et des sympathisants de parti en organisant la campagne des primaires en période estivales et de rentrée scolaire.
De plus, et cela est le plus grave, tout semble suspendu à une éventuelle candidature de DSK qui ne peut en tant que directeur du FMI se déclarer publiquement et avec qui notre secrétaire générale aurait, selon des propos officieux non démentis, passé un pacte secret de désistement, sans même que la question de la ligne politique de cette candidature ne soit posée. Dans de telles conditions de manœuvres en coulisses, d'enfumage politicien et donc de déni de la démocratie , il convient d'examiner avant toute choses quels sont les motifs de rejeter en l'état cette candidature : quatre arguments me semblent devoir et pouvoir être invoqués :
1) DSK est, pour l'heure, directeur du FMI, avec la bénédiction de Nicolas Sarkozy, ne l'oublions pas . À ce titre, il me semble qu'il devrait rester à ce poste pour impulser, si cela est possible et face à la crise monétaire et financière mondiale qui concerne au premier plan la France et l'Europe, une politique mondiale plus sociale-démocrate et solidaire,.. En outre, il n'a pas achevé le changement démocratique qu'il a dit vouloir initier au FMI. Il est donc à mes yeux le mieux placé pour le poursuivre durant un mandat supplémentaire. De ce point de vue, il est irresponsable que le PS ne soit pas posé et ne se pose pas la question de savoir par qui DSK, dans ce but, pourrait être remplacé au FMI avant la fin de son mandat, s'il devenait candidat à la présidence de la république. Cela traduit à mon avis une incapacité des dirigeants du PS à comprendre et donc à tenir effectivement compte du fait que la politique nationale et la politique mondiale sont désormais indissociables.
2) Tout un chacun peut constater que la politique qu'il déploie au FMI est, sur l'essentiel, contraire aux propositions du PS pour la France. Elle reste ultra-libérale et anti-sociale : il suffit de prendre l'exemple des mesures que le FMI impose à la Grèce et au Portugal pour s'en convaincre et, concernant la France, de se souvenir de sa position sur les retraites.
3) Ainsi, s 'il adopte tout ou partie de l'esprit du programme du PS pour se faire élire en tant que candidat de gauche, il se mettra nécessairement en contradiction vis-à-vis de ses propos et ses actes à la direction du FMI et permettra à son adversaire de dénoncer son revirement politicien. Si, par contre, il n'adopte pas l'esprit du programme du PS et reste sur la ligne du FMI, il n' y aura pas de différences programmatiques réellement alternatives entre sa candidature et celle de son adversaire, clairement de droite. La différentiation indispensable pour se faire élire se fera par le recours aux ragots concernant la vie personnelle des candidats, ce qui décrédibilisera encore plus la politique et la démocratie auprès d'un nombre grandissant d' électeurs, lesquels, du même coup, seront plus tentés encore par l'abstention ou le vote FN..
4) Sa vision de l'Europe et de la politique est fondamentalement technocratique. Il s'est, en effet, prononcé lors d'une réunion devant les banquiers européens centraux pour un instance européenne ayant autorité sur les budgets des pays européens, autorité qui soit indépendante, au même titre que la BCE (banque centrale européenne), vis-à-vis de la politique des états partenaires de l'UE ainsi que du parlement européen. Or ce dont précisément souffre la politique européenne, c'est de déficit démocratique, une telle position ne peut que renforcer ce déficit et donc l'euroscepticisme et le nationalisme qui en sont les conséquences. Son échec en 2005 lors du référendum sur le Traité Constitutionnel Européen (TCE) aurait dû lui servir de leçon et surtout nous servir de leçon. Je constate que ce n'est toujours pas le cas.
Si nombre de militants et de sympathisants, mais aussi d'élus du PS, sur la foi de sondages qui ne sont en rien des pronostics, soutiennent le candidature de DSK, c'est qu'ils semblent croire que les sondages sont et font la politique, alors que cela a été démenti par la plupart des élections présidentielles dans le passé, à commencer pas celle de Mitterrand en 1988. Ce faisant ces personnes renoncent à faire de la politique sur les enjeux essentiels, ce qui est un comble pour qui se réclament des valeurs de gauche. Je demande -et ferai tout pour cela- à tout électeur de gauche, quelle que soit son intention de vote au premier tour et qui a le droit de voter dans les primaires organisées par le PS, de participer à la désignation de celui qui leur semble le ou la meilleur(e) candidat(e), au deuxième tour, pour non pas seulement faire gagner le PS en tant que parti, mais le gauche toute entière, alliée avec les républicains démocrates de notre pays.. On l'aura compris, DSK est, selon mon analyse, très loin d'être la meilleur candidat pour faire gagner la gauche, dès lors qu'il s' obligera et nous obligera à faire le grand écart entre le programme du FMI et celui de la gauche, sauf à remettre radicalement en question son engagement au FMI, ce qui ferait de sa supposée compétence politique confondue avec celle de gestionnaire libéral de l'économie, un simple effet d'image, à géométrie aussi variable que contradictoire.
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