DSK : Oui, une réhabilitation !
L’abandon des poursuites contre DSK par le procureur Vance a de nouveau déchaîné des passions qui ridiculisent la mollesse d’opinion des supporteurs pendant un match OM / PSG (et pas seulement sur Twitter). En écoutant un peu le bruit de fond, on peut ainsi entendre que son argent lui a permis d’acheter la justice, que les femmes qui ne sont pas vierges n’ont pas le droit de se défendre d’un viol, que le proc a traité la victime comme si elle était l’accusée, que c’est uniquement à cause des jurys américains qui ne comprennent rien à la complexité d’une vie d’immigrante que le proc ne peut pas se reposer sur son témoin clé, et dans la version charitable que DSK ne sera jamais blanchi. Ces points de vue, à quelques précautions près, reposent sur l’évidence de la culpabilité de ce salaud de DSK puisqu’il est riche, FMI, ultralibéral, homme et elle non et qu’en plus ils savent tout car ils étaient dans la suite de l’hôtel quand ça s’est passé.
Les fausses accusations de viol, ça existe. Voir l‘affaire Outreau pour ceux qui ont la mémoire courte. Il n’est donc pas complètement malsain avant d’envoyer en taule un mec (même si c’est le président du FMI), de vérifier si par hasard les accusations sont un peu crédibles. Il se trouve que le procureur a rendu publique sa recommendation for dismissal, dans laquelle il détaille ses éléments de preuve sur 25 pages (tout le dossier est là). Qu’y dit il ?
Tout d’abord, contrairement à ce qu’on a lu chez beaucoup de journalistes, que sa difficulté n’est pas seulement de convaincre le jury, mais bien d’être convaincu lui-même. Dans son introduction, il explique ne disposer d’aucun élément de preuve quant au caractère forcé de l’acte sexuel. Ce dernier n’est avancé que par la plaignante, laquelle s’est livrée à des mensonges systématiques et dont la crédibilité en tant que témoin ne résiste pas à un examen de base.
Un rapport élastique à la vérité
Sur le rapport sexuel
« Sur certains aspects » non précisés, le récit fait par la plaignante à ses deux supérieurs est différent.
Après
- Version 1 : le rapport de l’hôpital où elle a été immédiatement prise en charge indique que DSK se serait rhabillé avant de partir, sans prononcer un mot. Le médecin admet avoir fait un résumé et non un verbatim littéral, mais les premières déclarations de la plaignante semblent suggérer que c’est DSK qui est parti le premier.
- Version 2 : à la date de l’incident, la plaignante indique aux enquêteurs avoir pris la fuite avant le départ de DSK, s’être cachée dans le couloir du 28ème étage, y avoir craché sur la moquette et y être restée jusqu’à ce que son superviseur la trouve. Ils se seraient rendus dans la suite et elle lui aurait raconté ce qui se serait passé.
- Version 3 : le 28 juin (sans doute après des questions des enquêteurs n’ayant retrouvé aucune trace de crachat sur la moquette de l’étage ?), elle déclare qu’en réalité elle serait allée immédiatement faire le ménage dans une autre suite (la 2820, en donnant des détails sur les tâches qu’elle a accomplies), puis serait revenue terminer le ménage dans la suite 2806, et que c’est uniquement en allant chercher des draps au placard de l’étage qu’elle aurait rencontré son supérieur et qu’elle lui aurait demandé si les clients avaient le droit de violer les personnels.
- Version 4 : l’enregistrement des cartes électroniques ayant montré qu’elle avait ouvert successivement la suite dans laquelle elle s’était réfugiée puis la suite 2806 dans la même minute et n’avait donc pas pu y faire le ménage, elle explique le 27 juillet qu’elle a fait en réalité le ménage dans la 2820 le matin et qu’elle était bien allé se cacher dans le couloir jusqu’au départ de DSK, avant de rentrer brièvement dans la 2820 pour récupérer du matériel (qui donc dormait là depuis le matin ?). Elle a dénié avoir jamais tenu les propos qui lui étaient prêtés pour l’interrogatoire du 28 juin, arguant d’une erreur d’interprétation. Le procureur estime que son degré de maîtrise de la langue anglaise et la durée et le nombre des questions posées sur les détails rend cette dénégation invraisemblable et entache profondément la crédibilité de l’accusatrice.
Viol précédent
Le 16 mai, la plaignante a indiqué aux enquêteurs avoir déjà été victime d’un viol collectif en Guinée. Le 30 mai, elle a donné de nombreux détails, notamment sur la présence de sa fille de deux ans qui aurait été jetée à terre, et montré des cicatrices. Le 8 et le 9 juin, elle a reconnu avoir entièrement inventé ce viol pour les besoins de sa demande d’asile et n’avoir pas voulu s’écarter de ses déclarations de l’époque. Problème : son dossier de demande s’asile n’en fait pas mention… Elle aurait préparé cette histoire à l’époque mais n’en aurait finalement pas fait usage. Elle a alors indiqué avoir fait l’objet d’un autre viol en Guinée, ce que le procureur n’a pas pu vérifier.
Cet élément est apparemment central pour le procureur, la parole de la plaignante ne pouvant plus être prise au sérieux. Il explique qu’il est impossible de fonder une procédure pour viol sur le seul témoignage d’une personne qui a déjà menti au sujet d’un viol imaginaire, avec une apparence de véracité et des manifestations d’émotion telles que les enquêteurs y ont cru, et un comportement identique à celui qui est le sien pour relater le viol qu’elle aurait subi au Sofitel.
Mensonges sous serment
La plaignante a menti sous serment devant le Grand Jury (non précisé, sans doute à propos de son activité après les évènement) ainsi que dans des déclarations fédérales (sans doute sa demande d’asile ainsi que ses fausses déclarations fiscales avec un enfant supplémentaire).
Autres mensonges
- Omission de déclarer son salaire du Sofitel pour conserver son loyer modéré
- Versements sur son compte (pour un total de 60.000 $) de dépôts de cash dans quatre Etats, dont elle faisait des retraits en liquide pour le compte de trafiquants de drogue, en conservant une commission alors qu’elle nie en avoir profité
- Déclarations répétées aux enquêteurs sur son absence totale de mobile financier (personne ne peut m’acheter) alors qu’elle a introduit une plainte au civil avant la fin du procès pénal, ce qui est rarissime, et qu’elle a discuté immédiatement de cette question avec son petit ami au téléphone.
Au total, ses mensonges répétés ne permettent pas, pour le procureur, de connaître la vérité sur ce qui s’est déroulé.
Eléments matériels
Les éléments matériels indiquent qu’il y’a eu un rapport sexuel, mais ne démontrent aucune violence et ne corroborent pas le témoignage de la plaignante.
Traces corporelles
Sur la moquette de la suite les enquêteurs ont retrouvé du sperme de DSK et de la salive de la plaignante, et du sperme sur la blouse de la plaignante. Il n’y avait pas de trace d’ADN de DSK sous les ongles de la plaignante. Deux petites taches de sang de DSK ont été retrouvées sur son caleçon et une sur les draps, sans relation avec les faits en cause : DSK souffre d’une maladie de peau qui le fait saigner des mains, ce qui a été observé lors de son arrestation mais dont la plaignante n’a pas fait mention. Enfin, des cellules de peau de DSK a été retrouvées sur les collants et la culotte de la plaignante, mais pas à l’intérieur (sauf sur l’élastique de la taille). Dans les éviers, ils ont retrouvé de la salive mais pas de sperme.
Examens médicaux
- Lors de son examen à l’hôpital tout de suite après les évènements, l’infirmière spécialisée dans les délits sexuels n’a relevé aucune blessure à part une rougeur (qui n’était ni une blessure, ni même un bleu) à l’intérieur du vagin, sans l’attribuer nécessairement à la cause avancée par la plaignante. Par la suite, un expert spécialiste des attaques sexuelles a considéré à la lecture du dossier médical que cette rougeur était bénigne et qu’elle pouvait résulter de la violence prétendue, mais que c’était peu probable.
- A l’hôpital, la plaignante s’est plainte d’une douleur à l’épaule qui s’est rapidement apaisée sans antalgique. L’examen n’a rien révélé et les médecins ont estimé qu’elle souffrait d’une déchirure musculaire qui n’appelait pas de traitement. Elle a déclaré les jours suivants qu’elle avait eu un peu mal le jour de l’incident, mais que ça allait beaucoup mieux et s’exprimait avec des gestes vigoureux. Un mois après, le 22 juin, elle s’est faite diagnostiquer à l’IRM une déchirure musculaire importante. Le chirurgien orthopédique appelé par le procureur estime que les paramètres de l’IRM sont proches de la normale et que la blessure, si elle existe, a pour cause des mouvements répétés (liés à son travail de ménage ?) et non une seule torsion, faute de quoi la douleur aurait été violente et aurait duré plusieurs jours au moins.
Alors, l’abandon des poursuites contre DSK, un odieux abus contre Nafissatou Diallo, une réhabilitation par la justice ?
Soyons clairs : le classement n’est manifestement pas abusif. Le problème n’est pas que la plaignante ait menti dans sa vie passée sur quelques points, c’est qu’elle ment en permanence, qu’elle est capable d’inventer un autre viol devant les enquêteurs avec la même véracité apparente que celui qu’elle dénonce alors que rien ne l’y oblige, et qu’aucun élément de preuve ne corrobore ses déclarations. Avec un tel dossier, penser envoyer quelqu’un en prison pour des dizaines d’années est inimaginable. Nafissatou Diallo n’a pas été maltraitée, elle a été hébergée, protégée, transportée gratuitement et indemnisée pendant une période de temps, et le procureur déclare qu’envoyer DSK au procès sans même vérifier si la plaignante est un témoin crédible aurait été « une abdication de ses obligations éthiques«
Une réhabilitation ? Légalement, on en reste à : pas de preuve ni dans un sens ni dans l’autre. A partir de là, chacun son opinion. On peut toujours considérer que mentir sur tous les sujets n’interdit pas de dire la vérité sur une occasion, et qu’après tout ce pourrait bien être un viol (et peut être même sans aucun doute). J’admet cette position philosophique, mais Mme Diallo me semble clairement moins crédible que DSK et les éléments relatifs à ses « blessures » démontreraient plutôt qu’il n’y a pas eu de violence. Surtout, je suis très fortement interpellé par la maladie de peau de DSK et la fragilité de ses mains. Voici donc quelqu’un qui a la peau tellement abîmée qu’il met du sang sur son caleçon en s’habillant et qu’il saigne au moment de son arrestation dans l’avion d’Air France. Mais si l’on suit le récit de la plaignante, il est capable de la pousser dans la chambre puis sur le lit, de la rattraper lorsqu’elle essaye de s’enfuir, de la jeter dans le couloir avec une violence suffisante pour lui déchirer les muscles de l’épaule, de lui arracher ses vêtements et déchirer ses collants, de saisir l’intérieur de son vagin avec suffisamment de force pour laisser des traces et d’attraper ses cheveux pour l’obliger à une fellation, le tout sans laisser une seule goutte de sang nulle part. Je n’y crois pas un instant.
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