Pertinence oui si vous regardez ce qui vient de se passer depuis deux jours :
- d’abord le scandale des banquiers irlandais de la Irish Anglo Bank. Si vous parlez anglais, allez sur le site de l’Irish Independent, vous y entendrez des écoutes qui datent de 2008, donc au plus fort de la crise financière qui a ruiné l’Irlande, et vous y entendrez les principaux responsables de la banque en gros organiser la faillite et le renflouement de leur banque, avec comptes maquillés, par la banque centrale irlandaise, qui est venue ensuite, dans le cadre de l’aide du FMI et de l’UE, quémander les milliards nécessaires pour que les comptes des personnes privées et des petits épargnants ne soient pas tous plombés. Mme Merkel fume, et elle n’est pas seule. Le schéma soi dit en passant est le même que celui que les Grecs ont utilisé depuis leur entre dans l’UE (1981) et dans la zone euro (2001) chaque fois sous gouvernement socialiste. On fait faillite et les autres payent.
- ensuite le scandale des écoutes de l’UE par les USA
Que dit DSK : que ce ne sont pas constructeurs automobiles qui sont responsables des morts sur la route, on ne va pas traduire Renault au tribunal parce qu’une personne ivre morte a pris le volant et tué d’autres personnes. De même, la finance, on a en besoin parce qu’elle fait tourner l’économie : vous avez un compte, un livret A, les entreprises ont des comptes, des emprunts etc. ceux qu’il faut punir en cas de dérapage, ce sont les banquiers, ceux qui jouent avec l’argent d’autrui, qui perdent, mais qui sont protégés par la structure.
Si une peine de prison et la confiscation de ses biens (comme pour tout gérant de sarl) avait été dans la liste des peines applicables au directeur du Crédit Lyonnais, il n’y aurait eu ni faillite qui nous a coûté 24 Milliards d’euros, ni affaire Tapie.
Que dit il sur le contrôle du secteur financier : il dit que pour que le gendarme - le régulateur - puisse batailler à armes égales avec les hommes qui trichent ou prennent des risques inconsidérés, il faut plusieurs choses :
- que le gendarme soit recruté au même niveau de qualification et de rémunération que les personnes qu’il doit contrôler - si on veut les meilleurs au lieu de les voir partir dans la finance, il faut les payer
- il faut que le gendarme dispose des outils techniques, mais aussi intellectuels pour pouvoir débusquer et analyser les produits que les machines créent et lancent sur le marché. D’où le rappel de la courbe gaussienne et de la probabilité que les cas extrêmes (grosse faillite dues aux subprimes, Freddy Mac, Fanny Mae et Lehman Bros) peuvent aussi arriver, et l’image du gendarme en Clio qui poursuit une Ferrari.
Que s’est-il passé en Irlande mais aussi aux USA avec les subprimes ? les régulateurs, les contrôleurs, ceux qui sont chargés de surveiller les établissements financiers - et il y a des règles strictes qui existent - ne sont intellectuellement pas à la hauteur car on les recrute faute de moyens, au fond du panier. DSK ne dit rien d’autre.
Il ne defend pas la finance et le montrer tel le suppôt de la finance qu’on nous présente ici., quand on sait que depuis 2010 il cherchait à déboulonner le dollar et était en lutte ouverte avec le Trésor Américain sur la politique financière et monétaire du Trésor, est certes un raccourci saisissant qui peut satisfaire la haine qu’on peut éprouver pour lui, mais c’est caricatural.
On peut se gausser de DSK et dire qu’il enfonçait des portes ouvertes. Il est bien plus malin en fait : sachant que l’audition serait filmée, il a fait le choix de parler dans une langage que tout le monde pouvait comprendre. Et manifestement nombreux sont ceux qui n’ont pas écouté au delà de leur aversion pour le bonhomme. Ont ils d’ailleurs vraiment écouté ?
Dernier point, les révélations sur les écoutes US concordent avec ce qu’il disait sur le fait que le monde extérieur n’est pas gentil, en concluant que l’accord bilatéral serait une catastrophe pour l’Europe. Les USA mettent des moyens colossaux dans l’espionnage tous azimuts, comme les Chinois. Relisez son dernier rapport du FMI, qui annonce le déclin des UA derrière la Chine et la zone Euro, et indique que si les Européens jouent bien leur partition, ils ont le potentiel de devenir la second puissance mondiale derrière la Chine. Mais pour ça, il faut une vision et des moyens.