Duel dans le bocage
Ce n’est pas sans un malin plaisir que Jean-Marie
Le Pen est venu ce dimanche titiller Philippe de Villiers sur ses terres
vendéennes.
Pour le président du FN, cette
promenade dans le fief du président du MPF n’était pas dénuée de signification
envers un homme qui a placé la chasse aux électeurs FN au cœur de sa stratégie.
En rendant hommage à Georges Clemenceau lors de son déplacement à Mouilleron-en-Pareds (Vendée), Jean-Marie Le Pen n’a, semble-t-il, pas fait que célébrer la mémoire du "père de la Victoire", cette grande figure républicaine qui sut, en son temps, incarner un certain consensus national autour de la défense du pays.
Pour Jean-Marie Le Pen, l’âge auquel le sénateur radical fut appelé aux responsabilités (77 ans) était sans doute aussi un élément à rappeler à ceux qui critiquent l’âge avancé (79 ans) qu’il aura en 2007. Face à un Philippe de Villiers qui se présente comme l’homme du renouveau de la droite nationale, le message était clair, et en évoquant le parcours du Tigre, le natif de la Trinité-sur-Mer n’a d’ailleurs pas pu s’empêcher de reprendre une formule gaullienne déjà célèbre : "Qui pouvait sérieusement croire pourtant qu’à 79 ans, il allait entamer une carrière de dictateur ?". Elément de modération, son âge ne sera donc pas un handicap mais un atout pour rassurer dans la course à l’Elysée...
Présent à quelques kilomètres pour
une visite dans une entreprise en construction, Philippe
de Villiers a quant à lui répliqué sur le sujet en expliquant que le leader
du FN avait rendu là "un hommage subliminal à l’homme qu’il aurait rêvé
d’être" - sous-entendu qu’il n’a pas été -, à la fois "homme de
protestation et homme d’action". Et au sujet de la visite de son homologue du FN
sur ses terres, le vicomte a ajouté, non sans malice : "Ce sont généralement les
petits candidats qui viennent chatouiller les grands chez eux. Eh bien nous
sommes là dans un statut prémonitoire..."
A noter que ce déplacement de Jean-Marie
Le Pen sur une terre symbole de la contre-révolution aurait pu passer pour une
volonté de donner le change, après sa balade sur le haut-lieu révolutionnaire de
Valmy.
Après son hommage très "républicain" aux combattants de la Révolution, le
président du Front national aurait pu en effet chercher là à équilibrer un
discours historique qui avait quelque peu choqué dans les rangs du FN.
Or, il a évité soigneusement de
se rendre sur les lieux commémoratifs des guerres de Vendée, s’inscrivant par
là dans la démarche de
respectabilité républicaine impulsée par sa fille Marine. S’il est venu provoquer
Philippe de Villiers sur ses terres, Jean-Marie Le Pen ne cherchait donc pas à s’enfermer
dans ce créneau idéologique si caractéristique du député vendéen.
Pour en savoir plus :
Laurent BARTHELEMY
- Le
Pen et de Villiers s’affrontent dans le bocage vendéen (Métro - 22 octobre
2006)
Francois KRAUS - Le Pen dans le vent des moulins républicains (Election-presidentielle.fr - 21 septembre 2006)
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