E-médias citoyens et élections européennes 2009 : un rendez-vous démocratique historique ?
Et si les élections européennes de juin 2009 constituaient un moment historique privilégié pour l’affirmation des e-médias citoyens comme principaux organes de presse démocratique de ce début de XXIe siècle ?
C’est en tout cas la question dont débattront le 6 juin prochain, à 19 h 30, aux Salons de l’Aveyron (17, rue de l’Aubrac, 75012), une belle brochette de responsables de e-médias citoyens français, à l’initiative de Newropeans-Magazine, et avec la participation notamment de Carlo Revelli ou de Iannis Pledel pour AgoraVox.
La question est importante car il est certain que les médias traditionnels (TV et presse écrite en particulier) vont comme d’habitude étouffer la campagne des prochaines élections européennes pour en faire un remake, version court métrage, de la dernière et/ou de la prochaine campagne électorale nationale.
Et, pour cause, les médias traditionnels ne sont plus, en tout cas en France, que le reflet de la classe politique nationale, ou plus exactement parisienne : liaisons incestueuses (mariages entre politiques et journalistes), financement incestueux (sans l’aide de l’Etat, la presse écrite française disparaîtrait presque intégralement ; et les patrons de presse sont désormais également les principaux sponsors des politiques nationaux, Nicolas Sarkozy en premier chef) et débats incestueux (c’est un petit monde très parisien qui s’ébat entre soi au lieu de débattre avec les Français).
Or, comme les partis nationaux se moquent complètement de la future campagne pour les élections européennes (et souhaitent même la rendre invisible), nul doute que les médias traditionnels sauront une fois encore exaucer leurs vœux.
Le résultat en sera donc une nouvelle baisse de la participation aux élections européennes, incluant un nombre important d’électeurs qui auront cru voter pour une élection nationale ; et, parallèlement, parmi les votants, une hausse significative des scores des partis extrémistes.
Ce phénomène est une catastrophe pour l’Union européenne et pour la démocratie. D’une part, il érode toujours un peu plus la base démocratique de l’UE en s’aliénant désormais une majorité d’électeurs qui ne participent même plus au seul grand rendez-vous démocratique régulier entre les 500 millions d’Européens et leurs institutions communes ; et, d’autre part, il affaiblit structurellement la démocratie au niveau européen et au niveau national, puisqu’il empêche l’éducation civique des 500 millions d’Européens sur les questions-clés de l’avenir de l’UE, qui affectent pourtant tous les jours la politique nationale.
L’actuelle crise des pêcheurs (routiers ou autres ambulanciers) est une parfaite illustration de ce dernier point : un gouvernement national est désormais presque totalement impuissant pour agir à court terme face à une crise socio-économique comme celle induite par la hausse des coûts de l’énergie ; or, l’année 2009 va voir une multiplication de ce type de situations sur fond de grave crise économique mondiale.
Le tandem presse traditionnelle/partis politiques nationaux va ainsi encore accentuer en 2009 l’évolution à la fois vers une illégitimité démocratique européenne croissante et vers une impuissance politique nationale croissante.
Mais revenons à 2008 et à ce qu’il est possible de faire pour éviter que le couple Europe/Démocratie ne se déchire un peu plus lors des prochaines élections européennes. Car, cette fois-ci, il semblerait qu’on puisse faire quelque chose !
A mon sens, en France, comme dans tous les pays de l’UE, un espoir existe en effet du côté des médias. Il est représenté par l’émergence rapide de ces nouveaux acteurs que sont les e-médias citoyens. Ils n’appartiennent pas au couple infernal presse traditionnelle/partis politiques nationaux. Ils sont connectés directement aux citoyens au lieu de l’être aux composantes dominantes de nos systèmes nationaux (bureaucrates, oligarques ou églises). Et ils représentent une dynamique qui est toujours en train de chercher sa place exacte dans le débat politique.
Or, il y a une attente publique de débat politique sur l’Europe. Plus personne ne peut mettre cela en doute depuis la remarquable effervescence qui a précédé le référendum sur le projet de Constitution européenne. Et c’est peut-être la nouveauté majeure de cette élection européenne de 2009. Elle intervient après ce référendum de 2005 qui a montré que la thématique européenne pouvait intéresser massivement les Français. La question n’est donc plus désormais : comment parvenir à intéresser les citoyens au débat politique européen ? Mais elle devient : comment parvenir pour les élections européennes de 2009 à susciter un intérêt similaire à celui du référendum de 2005 ?
On se souvient d’ailleurs que l’Internet avait joué un rôle-clé dans le débat du Printemps 2005. C’est par ce canal essentiellement que le débat s’était imposé sur le non-débat programmé par le tandem média traditionnel/partis politiques nationaux.
Il est donc relativement probable que toute tentative de créer un vrai débat démocratique avant les élections européennes passera à nouveau par internet. Comme il est probable qu’au sein d’internet les e-médias citoyens constituent le vecteur naturel d’un tel débat. Si une telle configuration se mettait en place, ces mêmes e-médias se positionneraient ainsi au cœur du débat politique des prochaines années puisqu’une seule chose est certaine en la matière : chaque jour qui passe voit un peu plus d’enjeux passer du niveau national au niveau européen.
Bien entendu, encore faut-il que ces nouveaux médias veuillent tenir ce rôle, sachent comment le faire et s’y préparent. Et c’est bien là l’autre intérêt du débat du 6 juin 2009. Car, s’il y a bien un rendez-vous démocratique historique entre les e-médias citoyens et les élections européennes de 2009, encore ne faut-il pas le rater !
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