Édouard Philippe prêt à décoller
« Trop de partis, trop d’hommes et de femmes politiques choisissent aujourd’hui de cliver, d’opposer les Français les uns aux autres, de fracturer notre pays, au moment où il a tant besoin d’unité. Nous, nous n'avons aucun adversaire dans le bloc central ; nous pouvons exprimer des désaccords mais nous n’avons aucun adversaire dans le bloc central. » (Édouard Philippe, le 15 septembre 2023 à Angers).
À l'occasion des journées parlementaires du parti Horizons (ainsi que de l'assemblée des maires de ce parti) réunies à Angers, ville dont le ministre Christophe Béchu a été le maire, l'ancien Premier Ministre Édouard Philippe a prononcé, ce vendredi 15 septembre 2023, un discours politique important.
Cela fait trois ans qu'il a quitté Matignon et il s'est passé beaucoup de choses depuis ce temps-là, la fin de la crise du covid-19, l'inflation, les prix de l'énergie, la guerre en Ukraine, etc. Il n'a échappé à personne qu'Édouard Philippe n'avait pas beaucoup participé à la campagne présidentielle de 2022 pour la réélection du Président Emmanuel Macron.
Parce qu'il n'est plus au pouvoir, Édouard Philippe jouit d'une extraordinaire popularité, mais le bon politique qu'il est sait bien que cette popularité n'est rien qu'une baudruche quand il faudra cueillir les voix lors d'une véritable campagne : les exemples sont nombreux, en particulier Raymond Barre, Alain Juppé, François Bayrou qui ont montré des hommes populaires sans avoir été capables de traduire cette aura dans les urnes. Il en est de même pour ceux qui, au pouvoir, ont joui d'une étonnante popularité qui ne leur a pas servis, comme Michel Rocard, Édouard Balladur et Lionel Jospin, pour les trois principaux.
Ne rien faire et ne rien dire est le meilleur moyen d'obtenir l'indulgence des futurs électeurs, mais les responsables d'État doivent aussi trancher, proposer, guider, et donc, par nécessité, prendre des risques, ceux de déplaire, choquer, heurter.
Édouard Philippe subit aussi, en deux ou trois ans, une rapide évolution... physique. Il le sait et il a toujours communiqué sur cet aspect finalement bien dérisoire mais pas invisible de sa personnalité, son look ! On pourrait dire que le pouvoir à Matignon (trois ans) l'a complètement ...défiguré, mais c'est aussi la maladie (sans conséquence heureusement) qui lui a fait changer de look. Le poil blanc, il était devenu encore il y a deux ans de ces hommes politiques du début de la Troisième République avec une barbe blanche. Finalement, le look sera sans poil ni sur le menton (ou presque) ni sur le crâne et grosses lunettes pour cacher la calvitie des sourcils (qui le défigure principalement). En d'autres termes, bien que longiligne, Édouard Philippe a maintenant des allures d'un autre chef du gouvernement fort en thème... Edgar Faure !
Mais la comparaison se limite au look (on imagine mal d'ailleurs un match Édouard Philippe vs Bernard Cazeneuve auquel il a succédé !), car sur le plan du positionnement sur l'échiquier politique, il serait plutôt une sorte de François Bayrou, c'est-à-dire un autonomiste loyaliste.
En effet, depuis presque deux ans, le maire du Havre préside son parti Horizons, qui jouit d'un groupe à l'Assemblée Nationale depuis 2022. Un parti politique de la majorité présidentielle avec ses ministres mais aussi sa singularité, et qui voudrait "capitaliser" (je n'aime pas trop ce verbe dans ce sens) aux élections européennes. Comme le MoDem, Horizons est un parti ouvertement favorable à la construction européenne, et c'est rassurant de voir qu'il en existe encore quelques-uns : « Une France souveraine et prospère sans une Europe forte, c’est une vue de l’esprit. Une Europe stable et puissante sans une France solide, c’est une chimère absolue. Être pro-européen, aujourd’hui et plus que jamais, c’est être patriote. Aimer la France, c’est vouloir l’inscrire dans une Europe qui tient la marée dans le monde où se confrontent de plus en plus les États continents que sont les États-Unis, la Chine, l’Inde et la Russie. (…) N’en déplaise aux souverainistes nostalgiques des lignes Maginot, aucun des grands défis contemporains ne respecte les frontières. Tous sont des vertiges d’envergure continentale. Les urgences climatique et sanitaire, les pressions migratoires, le numérique, la sécurité, la démographie appellent des réponses européennes. ».
Horizons était en principe un réceptacle dans anciens de LR, mais beaucoup d'anciens LR venus vers la majorité présidentielle sont carrément passés à Renaissance (ex-LREM) et d'autres sont chez Agir de Franck Riester qui n'a pas voulu fusionner avec Horizons. Quant aux autres LR, ils restent LR, principalement les députés LR actuels qui, souvent, ont été élus contre un candidat de la majorité présidentielle.
Énumérant toutes les personnalités de la majorité venues à ces journées Horizons, notamment Gabriel Attal et Sarah El Hairy, l'édile du Havre a salué Élisabeth Borne en ces termes : « Et puis il y a Élisabeth. Notre Première Ministre. Qui tient. En souriant, même lorsqu’il faut serrer les dents. En essayant d’apporter un peu du rationnel de l’ingénieur au monde politique qui en manque parfois cruellement. Élisabeth, personne dans cette salle ne sait mieux que moi combien ce que tu fais et ce que tu vis est excitant et passionnant et difficile et vertigineux et redoutable. Et tout le monde sait que tu le fais dans des conditions politiques qui sont à ce point particulières qu’elles imposent un supplément d’audace et de rigueur. À Matignon, comme je te l’ai dit dès le début, plus ça dure, moins c’est dur. Il faut s’en convaincre. Tu as tout notre soutien. ».
Sans doute qu'Horizons, qui repose principalement sur de nombreux maires anciennement Les Républicains (comme Christian Estrosi, maire de Nice), a le vice d'un parti issu de grands élus, sorte de confrérie pour ne pas dire de syndic de grands élus, sans base, sans base militante. Une ambition présidentielle doit se reposer sur un parti de masse, avec des militants acharnés, déterminés, désintéressés, convaincus. Ce travers, qui fut le travers de l'UDF il y a une trentaine d'années, risque d'être un réel handicap au moment de démarrer une campagne nationale, quelle soit présidentielle (en 2027)... ou même européennes (en 2024) si ce parti juge pertinent d'y aller tout seul (ce qui est peu probable).
Car c'est un double piège : celui d'être un syndic de grands élus (déjà écrit) mais aussi celui de n'être qu'une écurie présidentielle pour Édouard Philippe. Certes, son existence politique rassure la majorité présidentielle pour 2027 car de candidats potentiels, s'il y en a beaucoup (Gérald Darmanin, Bruno Le Maire, Gabriel Attal, Élisabeth Borne, etc.), il y en a peu qui sont de véritables "animaux politiques" avec une histoire personnelle qui se confond avec la nation, et Édouard Philippe en fait (timidement) partie.
Intellectuel, Édouard Philippe l'a bien compris et doit donc proposer des thèmes politiques et des propositions politiques. Sa marge de manœuvre est assez étroite puisqu'il faut être original mais ne pas gêner le Président de la République.
Dans un premier temps, l'ancien Premier Ministre a émis un diagnostic sur les inquiétudes des Français, qui ont bien raison d'être inquiets : « Ils ont raison d’être inquiets. Et nous le sommes avec eux : aucune démocratie ne me paraît pouvoir résister durablement à un appauvrissement de la classe moyenne, ou même à une absence de perspectives de la classe moyenne. Lorsque les plus nombreux sont coincés, qu’ils s’écrasent contre les murs de la société, ils finissent toujours par les faire tomber. (…) Rien de plus dangereux qu’une impasse. Rien de plus dangereux que l’absence d’espoir. Rien de plus dangereux que l’idée qu’on ne pourrait plus avoir de prise sur notre avenir et que ce que nous avons en commun est en train de s’effondrer. ».
Et de poursuivre : « Ils ont le sentiment d’être dans un étau. Un étau maléfique qui leur interdit d’espérer, et dont ils doutent que nous puissions les libérer. Ils ont raison. Nous sommes dans un étau. Un étau de pouvoirs impuissants. Un étau de contraintes budgétaires dont les mâchoires vont se serrer de plus en plus. Un étau de contraintes juridiques, de procédures pointilleuses, toujours imaginées pour répondre à un problème, toujours conçues pour encadrer par la norme les appréciations, les décisions, les prises de risque. Un étau de confort intellectuel, qui permet à la gauche extrême, à la gauche morale, de dénoncer le système ultra libéral et le capitalisme effréné dans lequel nous serions vautrés, là où nous sommes le pays dont les écarts de revenus après impôts sont les plus limités et le pays où les prélèvements obligatoires sont les plus élevés : tu parles d’un ultralibéralisme ! ».
Le président d'Horizons a analysé le raison de cet étau : « Je développe cette idée de la sédimentation progressive de notre système politique sous l’effet des normes, des contre-pouvoirs, des jurisprudences, des contraintes de toutes natures que nous avons, pour l’essentiel, acceptées une par une. Cette sédimentation a rigidifié le cadre dans lequel nous vivons, rapetissé l’espace des possibles, et rend bien plus difficile de prendre des décisions de l’ampleur de celles dont nos concitoyens estiment qu’elles seraient nécessaires. La conjugaison du sentiment d’impasse personnelle et du constat d’une impuissance publique produit un mélange explosif. Instable et explosif. Lorsqu'on manipule un mélange de cette nature, on peut aisément être tenté de ne rien faire. De ne pas bouger. De laisser la société française tranquille pour jouer l’apaisement. De ne pas faire grand-chose pour qu’il ne se passe pas grand-chose. La tentation de l’immobilité a toujours été vive dans les périodes de trouble. ».
Donc, il faut bouger pour transformer un système qui prend les gens en étau : « Il y a une "question sociale" dans la France de 2023 comme il y avait une "question sociale" dans celle du XIXe. Celle du XIXe était liée aux ravages d’une industrialisation accélérée, qui créait un nouveau "paupérisme" dans la classe ouvrière. Celle que nous vivons est la conséquence d’un phénomène inverse de désindustrialisation, et aux soubresauts d’une mondialisation dérégulée. Cette nouvelle question sociale touche les classes moyennes et populaires. C’est-à-dire la grande majorité des Françaises et des Français. De plus en plus d’entre eux sont tentés par le vote de rupture. ».
Néanmoins, il y a des raisons d'espérer, selon Édouard Philippe : « Tout n’est pas bloqué, heureusement, parce qu’il demeure, en France, des entrepreneurs imaginatifs et combatifs, des artistes créatifs et exigeants, des responsables d’association lumineux d’initiatives et d’engagement. Parcourir la France comme je le fais, sans caméra, sans tambour ni trompettes, c’est souvent entendre les difficultés et les angoisses, je l’ai dit, mais c’est aussi bien souvent être impressionné par la ressource et l’enthousiasme de nos concitoyens. Je pourrais vous faire une très longue liste des expériences extraordinaires et des réussites trop souvent ignorées qu’il m’a été donné de découvrir. ».
Réaffirmer l'importance du rôle du maire et des élus locaux dans la renaissance de la démocratie est une idée majeure d'Horizons : « Une partie de la solution pour échapper à l’étau qui nous menace tient au rôle que nous souhaitons confier aux collectivités locales. (…) Je pense sincèrement qu’une façon d’échapper à l’étau consiste à donner la possibilité aux maires, et aux autres élus locaux bien sûr, de faire des choses qui leur sont interdites aujourd’hui. Pourquoi ne pas autoriser une période d’expérimentation ambitieuse, où des collectivités seraient autorisées à expérimenter un dispositif impossible aujourd’hui ? (…) Appel à manifestation d’intérêt, définition de l’expérimentation, loi autorisant, évaluation collective ensuite. Pourquoi ne pas considérer que l’accord entre un maire et un préfet pourrait constituer un motif de légalité suffisant dans bien des situations ? Nous pourrions autoriser le préfet et le maire à déroger à des dispositions législatives lorsque les circonstances locales le justifient. Accord motivé bien sûr, pour expliquer que leur décision est conforme aux objectifs et à l’esprit de la loi. ».
L'ancien Premier Ministre a également proposé de revenir sur la loi contre le cumul des mandats « qui n’a pas amélioré le fonctionnement de notre vie démocratique ». Au contraire, elle exclut les maires et chefs d'exécutifs locaux du Parlement, ce qui fait des parlementaires hors sol : « Si ça marchait et que le débat public s’était amélioré, que la perception par nos concitoyens de leurs représentants s’était améliorée, que le sentiment de rupture entre Paris et le reste du pays s’était estompé, je n’en parlerais pas. Mais qui peut dire que cette interdiction du cumul a eu un effet bénéfique ? ».
Édouard Philippe veut en outre combattre tous les extrémismes : « Chez Horizons, nous n’aurons jamais aucune complaisance face aux discours qui attisent la haine de l’étranger, la haine de l’autre religion, la haine du mérite, la haine de la liberté, la haine du succès, la haine du riche ou celle du pauvre. Vous vous souvenez peut-être de ce roman exceptionnel écrit par George Orwell, "1984". Il existe, dans ce pays merveilleux, un Ministère de la Vérité qui organise chaque jour "les Deux minutes de la Haine". Pendant "les Deux minutes de la Haine", quand défilent les visages de ceux qu’il faut haïr, chacun surveille attentivement son voisin pour vérifier qu’il crie assez fort, qu’il hait assez fort. Bien sûr, notre pays n’a rien à voir avec le monde de Big Brother. Quoique certaines images de l’Assemblée Nationale, certaines déflagrations de violence sur les réseaux sociaux pourraient faire penser aux deux minutes réglementaires de la haine que cherchent à imposer tous les partis totalitaires. (…) Nous combattrons toujours l’extrême droite parce qu’elle veut faire de la France un pays moralement rabougri. Nous combattrons toujours l’extrême gauche parce qu’elle veut faire de la France un pays économiquement rabougri. La France doit rester un pays qui insuffle de la grandeur, pas de la haine ; elle doit rayonner, pas rapetisser. ».
Il a ensuite esquissé trois combats à mener "en même temps" : combat pour la démocratie, combat pour la France et combat pour la planète. Et cela passe par une Europe puissance : « Il va falloir que nous arrêtions de nous excuser de constituer un ensemble de plus de 500 millions d’Européens attachés à leur genre de vie, à leurs intérêts et à leur avenir. Nous sommes puissants, et pourtant l’Europe est timide. Forte avec les États européens mais souvent timide avec tous les autres. L’idée d’autonomie stratégique portée par le Président de la République était encore taboue il y a cinq ans. Aujourd’hui, elle est en train de s’imposer car nous prenons conscience de la vulnérabilité dans laquelle nous ont placés nos dépendances : dépendance à la Chine pour les médicaments, à la Russie pour l’énergie, aux États-Unis pour notre sécurité… Nous avons vécu dans l’illusion qu’aucune de ces dépendances ne nous fragiliserait jamais. Aujourd’hui, l’Europe se réveille avec de meilleurs réflexes : elle a su réagir sur les vaccins pendant le covid, elle a su accompagner l’Ukraine depuis le début de la guerre… Mais elle sait aussi qu’il lui reste du chemin à parcourir. Aujourd’hui, maîtriser et diversifier notre approvisionnement en énergie et en matières premières critiques, consolider notre industrie de défense, protéger notre recherche et notre technologie ne sont plus des marottes françaises, comme nos partenaires l’ont cru trop longtemps. Ce sont d’impérieuses nécessités. ».
Son combat pour l'Europe est donc celui pour la France : « Je ne suis ni euro-satisfait, ni euro-béat mais euroexigeant. Nous devons être puissants pour être entendus et pour peser. Une bonne partie de notre influence en Europe tiendra à notre capacité à régler, chez nous, nos problèmes. ».
Ainsi, il faut réformer la politique européenne de la concurrence : « Nous l’avons trop tournée vers les consommateurs, avec l’idée simple, voire simpliste, que moins ils payaient cher, mieux ils se portaient. Ce faisant, nous avons négligé nos intérêts industriels, nos emplois et notre souveraineté. On hésite aujourd’hui encore à subventionner des secteurs stratégiques, au nom du dogme de la concurrence, sans voir qu’ailleurs dans le monde, ni les États-Unis, ni la Chine n’ont nos pudeurs de gazelles. Ils y vont à fond ! Et nous on se fait des nœuds dans le cerveau pour se demander si c’est vraiment poli et bien élevé de penser au moins autant à notre industrie qu’à nos consommateurs ! ».
De même pour le combat pour la planète : « Là encore, l’Europe a commencé par des normes. Elle doit maintenant investir, massivement. Ma conviction est qu’en la matière, on obtiendra de meilleurs résultats en incitant plutôt qu’en interdisant, en investissant plutôt qu’en régulant, en faisant confiance à l’immense inventivité du continent plutôt qu’en contraignant un espace aussi vaste et aussi divers. ».
L'Europe doit être aussi le garant de la souveraineté nationale : « Notre Europe doit savoir parler frontières, protection, Nation. Notre Europe est souveraine. Elle ne va pas chercher à Washington ses cadres, mais elle ne va pas non plus chercher à Moscou ses ordres. Elle est l’exacte opposée de ce que fantasme Marine Le Pen, ce rêve triste et mortifère d’une Europe sous influence et soumise, sans quille, aux tempêtes qui se profilent à ses frontières. ».
À l'évidence, Édouard Philippe a la stature intellectuelle et politique ainsi que l'expérience pour présenter un projet présidentiel dans quelques années. L'enjeu est que si c'est nécessaire, ce n'est pas suffisant. Il l'a d'ailleurs reconnu quand il a rendu hommage à Gérald Darmanin qui voudrait s'adresser aux classes populaires : « Gérald a su trouver les mots justes pour décrire ce que les Français vivent et éprouvent au quotidien. Et il a raison de craindre et donc de lutter contre la segmentation politique qui conduirait à ce que la majorité ne parle plus aux classes populaires, ou pire, à ce qu’elle continue à parler sans être entendue. ». L'enjeu de l'élection présidentielle de 2027 sera évidemment bien là : le candidat qui sera le meilleur porte-voix des classes populaires aura un avantage concurrentiel décisif dans la compétition qui s'engage...
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (16 septembre 2023)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Édouard Philippe prêt à décoller.
De nouveaux Horizons.
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