Élection chez les jeunes UMP : inquiétude et vote électronique
La présidence des jeunes U.M.P. va être renouvelée au moyen d’un vote électronique du 22 au 24 août alors que la direction de ce parti a fortement poussé à la fusion les deux principales listes de Jeunes PoPulaires (au bénéfice de Benjamin Lancar, « candidat considéré comme "officiel" »).
note : [1]
Le coordinateur de la liste contrainte à s’effacer dénonce des « simulacres d’élections ». « Comme c’est un vote électronique, Benjamin Lancar sera plébiscité. On ne pourra plus dire que le mouvement des Jeunes U.M.P. est démocratique. », affirme-t-il.
Ces déclarations sans nuance, qui stigmatisent des « simulacres d’élections », ouvrent la porte à plusieurs interprétations. Qu’est-il mis en cause : les conditions mouvementées de cette fusion, ou bien l’absence de réelle bataille de projets qui en résulte, ou encore l’utilisation du vote électronique ? Ce dernier suscite-t-il un « malaise psychologique » (terminologie définie par le Conseil Constitutionnel [2]) ?
En effet, le vote électronique ne permet aucune observation directe des opérations électorales par les électeurs et les candidats. Et les jeunes de l’U.M.P. en sont conscients même si - paradoxalement - ils apprécient le coté “voting fashion” de cette technique. En conséquence, ils savent que toute contestation des résultats est virtuellement éliminée, faute d’éléments tangibles à apporter au juge de l’élection. Ce qui est un atout pour les organisateurs désireux d’obtenir un résultat rapide et matériellement incontestable, constitue également un risque de perte de légitimité de l’élu, notamment si le scrutin est serré. Il faut cependant noter que dans le cas présent, par suite de la fusion, l’issue du scrutin est devenue sans surprise, les deux autres candidatures étant considérées comme « de témoignage ».
Ce n’est pas la première fois que l’U.M.P. utilise le vote électronique pour des élections de plébiscite. En effet, depuis les primaires pour la mairie de Paris en février 2006, critiquées par des candidats malheureux [3], et les élections annulées dans certains départements la même année, l’U.M.P. n’utilise le vote électronique au niveau national que lorsque les résultats sont acquis d’avance :
pour son projet législatif, déjà validé par le Conseil National,
pour une modification de ses statuts qui ne faisait pas débat,
ainsi que pour l’investiture de Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle.
La section jeunesse de l’U.D.F. s’était en son temps essayée au vote électronique, puis y avait renoncé après quelques déboires.
Nul doute que cette élection se conclura par l’expression rituelle “tout a bien marché”, alors même que, du fait de la dématérialisation du vote, la plupart des dysfonctionnements ou erreurs seront indécelables.
Notes :
[1] Le JDD s’en est fait l’écho : “Embrouilles chez les Jeunes UMP”(7 août 2008), ainsi que l’AFP : “Présidence des jeunes UMP : les principaux prétendants font liste commune” (6 août 2008).
[2] Dans son bilan du second tour de l’élection présidentielle. Résumé dans Marianne : “Le malaise « psychologique » du Conseil constitutionnel”.
[3] Profession Politique : “UMP Paris : machine à gagner... ou à perdre ?”. Voir aussi le Canard Enchaîné durant cette campagne électorale.
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