Vincent Peillon, qui n’est d’ailleurs pas pour rien dans cette déculottée prise par le parti socialiste, a très bien résumé la situation en déclarant : « C’est une forme de 21 avril 2002 pour les européennes ». La défaite est lourde pour le parti de Martine Aubry qui n’aura pas su monter au créneau pour dénoncer la politique libérale défendue par Sarkozy comme la principale cause de la crise financière.
L’histoire leur avait pourtant offert l’opportunité de racheter leur soutien en faveur de la ratification du Traité européen. Mais hormis de ridicules batailles internes, il ne se sera rien passé. Le PS a laissé la lutte des idées aux autres partis, préférant sans doute devenir une succursale de l’UMP où Nicolas Sarkozy fait son marché pour élaborer un gouvernement prétendument « d’ouverture » et détruire toute identité socialiste.
Pierre Moscovici a appelé Martine Aubry à prendre des « initiatives fortes pour redevenir une force d’alternance ». « Très bien, Pierre, mais que proposes-tu ? », pourrait-on rétorquer à ce socialiste qui a attendu la défaite pour cracher sa colère. La lutte des classes a été abandonnée au parti d’Olivier Besancenot, l’écologie à Cohn-Bendit et la politique internationale à Bernard Kouchner… « Il faut tout bousculer », a surenchéri Moscovici visiblement très en colère devant les apparatchiks du PS qui se sont endormis sur leurs beaux salaires.
Sarkozy écrit l’histoire, en manipulant Jaurès, et en dévoyant une opposition qui ne demande que cela. Il a le vent en poupe pour aborder la prochaine présidentielle et fort de cette première victoire, même relative au regard du taux d’abstention de 59,5%, Nicolas Sarkozy peut commencer à bâtir sa campagne autour d’une image de leader, mais cette fois européen. Il n’en demandait pas tant !