Elections 2012 : Après les médecins et les pharmaciens, Big Pharma avance un pion vers François Hollande
Les médecins ont été plutôt excédés cette année du monstrueux Capharmaüm (désolé pour ce mauvais jeu de mot) perpétré par Xavier Bertrand dans le monde pharmaceutique et médical. Un sondage de l'institut CTPM-FR de Celtipharm publié dans Impact Médecine n°384 (12 au 18 janvier) place maintenant Nicolas Sarkozy en 3° position dans les intentions de vote au premier tour des médecins et des pharmaciens.

Sous prétexte de Mediator et autres PIP, l'interventionisme à outrance de "Chouchou" sous l'oeil des caméras dans l'acte de prescription médicale a provoqué un "effet-rebond" vers le centre et la gauche de ces leaders d'opinion du quotidien. Il y a des limites à la démagogie qu'il convient de ne pas franchir...
Mais à force de gesticuler, le ministre s'est également mis à dos les firmes pharmaceutiques, qui n'ont pas apprécié de se retrouver embarquées bien malgré elles dans une refonte unilatérale de la politique du médicament.
A la côte de popularité de Nicolas Sarkozy en berne, la perte de confiance des marchés financiers et les mesures coercitives prises à leur encontre, les représentants américains de Big Pharma ont décidé d'agir avant le temps des promesses électorales.
Le 22 décembre 2011, est parue une nouvelle en apparence si anodine qu'elle est passé presque inaperçue à la veille de la trève des confiseurs : Emmanuelle Quilès, la fille de l'ancien ministre socialiste Paul Quilès, Présidente de Pfizer France a été reconduite à la présidence du lobby pharmaceutique américain l’AGIPHARM.
Dans la pharmacie, il y a lobby et lobby. Il y a tout d'abord Les Entreprises du Médicament (LEEM). La face la plus visible de Big Pharma. C'est le lobby qui s'affiche en permanence sur les plateaux de télévision, dans les JT, et qui commente systématiquement toutes les décisions de santé en France. Il est représenté par Christian Lajoux (Sanofi). Tous les labos y ont leur représentant.
Du LEEM sont nées deux branches : le G5, présidé par Marc de Garidel (Ipsen) qui rassemble les firmes françaises et le LIR (Laboratoires Internationaux de Recherche) qui rassemble les "non-français". Le LIR est présidé par Hervé Gisserot (GlaxoSmithKline)
Les interventions du G5 ne sont pas monnaie courante. Tout au plus un communiqué par ci par là en cas de déremboursement d'un médicament.
Celles du LIR sont encore plus discrètes.
Et enfin, nous avons le club très fermé des lobbyistes américains : l'Agipharm (l'Association des Groupes Internationaux pour la Pharmacie de Recherche) qui comme son nom l'indique si bien ne se contente pas de parler mais d'agir !
Ce lobby rassemble les firmes suivantes : Abbott, Amgen, Baxter, Biogen Idec, Bristol-Myers Squibb, Cephalon, Celgene, CSL Behring, Gilead, Janssen, Lilly, MSD France, Mundipharma, Pfizer, et Warner Chilcott.
"A l'occasion de sa prise de fonction comme Présidente de l'AGIPHARM, Emmanuelle Quilès a affirmé sa volonté de poursuivre le travail réalisé par ses prédécesseurs. Elle entend en particulier renforcer le rôle des entreprises membres comme acteur majeur du progrès thérapeutique auprès des décideurs et oeuvrer pour une juste reconnaissance et valorisation de l'innovation. (...) Grâce à sa maîtrise des enjeux du secteur pharmaceutique, elle a l'ambition de positionner l'AGIPHARM comme force de proposition et partenaire privilégié des autorités publiques et sanitaires." (Source)
En misant sur Emmanuelle Quilès, les firmes américaines jouent avant tout la carte du parti socialiste via son père, une grand figure du PS.
Lors du congrès de Valence en octobre 81, l'ancien directeur de campagne de François Miterrand qui deviendra plus tard ministre de la défense déclencha la polémique en déclarant à propos des journalistes jugés favorables à l'ancienne majorité, qu'« il faut faire tomber des têtes, le faire rapidement et dire lesquelles ».
Comme le résumait si élégamment le Parisien : "La directrice de Pfizer, Emmanuelle Quilès, a fait sa carrière toute seule dans l'industrie pharmaceutique. Mais les réseaux de son père, l'ancien ministre de la Défense PS Paul Quilès, ne lui ont pas nui."
Elle a par exemple pu en bénéficier pour se faire embaucher chez Pierre Fabre pour mener des actions de lobbying alors que son père était député du Tarn.
C'est le même Pfizer qui bénéficie des conseils éclairés du Dr Jérôme Cahuzac, député du Lot-et-Garonne mais surtout Président de la Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire à l'Assemblée Nationale.
Et enfin, pour ne prendre aucun risque, l'Agipharm a eu le plaisir d'inviter à plusieurs reprises le député socialiste de Paris Jean-Marie Le Guen aux Etats-Unis.
Plus d'information sur ce sujet dans un prochain article.
En tout cas, bonne pioche pour les firmes pharmaceutiques américaines si François Hollande passe...
3 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON