Élections municipales : Baylet, Moissac et la Dépêche
A Moissac (Tarn-et-Garonne), la majorité municipale PS-PRG vient de voler en éclats à l’initiative des radicaux, en vue de reconquérir la ville sous cette seule étiquette. Propriétaire de la Dépêche du Midi et Président du Conseil Général, Jean-Michel Baylet, également patron des Radicaux de Gauche, fait feu de tout bois contre le maire sortant.

Moissac, ville d’Art et d’Histoire, Grand Site de Midi-Pyrénées, son abbatiale et son cloître, son chasselas et ses fruits, son port de plaisance sur le Canal du Midi, est une grande petite ville. Mais à l’approche des élections municipales, l’ambiance commence à sentir le pourri. Son maire socialiste depuis 30 ans, Jean-Paul Nunzi, doit faire face à ses alliés d’hier les élus radicaux de gauche, menés par deux d’entre eux, également conseillers généraux, Pierre Guillamat et Guy-Michel Empociello, respectivement 2ème et 4ème adjoints. Le premier aux finances, le second à l’intercommunalité et au développement du tissu commercial et industriel. Ces deux élus ont jeté aux orties la solidarité municipale il y a quelques mois, mais sans renoncer à leur statut d’adjoint ni à l’indemnité qui va avec. La hache de guéguerre a été déterrée ouvertement en début d’année sous le prétexte d’un désaccord à propos des travaux de réaménagement d’un espace herbeux (dit le patus) derrière le cloître. Quelques semaines plus tard, les élus radicaux se sont opposés au renouvellement du contrat du responsable de la communication municipale.
Mais qu’y a-t-il donc derrière ce soudain revirement ?
Il y a le P.R.G. dirigé par Jean-Michel Baylet. Président du conseil général. Celui-ci ne supporte pas l’idée que cette vieille terre radicale puisse lui échapper une fois de plus et multiplie les attaques contre le maire sortant, non seulement via la page « Moissac » de la Dépêche du Midi, dont il est le patron, mais aussi par ce qu’il est convenu d’appeler des « petites phrases », lors de ses déplacements. Flèches de langage dont son journal organise le développement médiatique, procédant à de pseudo-enquêtes et délayant de fausses informations au point de se couvrir de ridicule. Un exemple tout récent, parmi d’autres, lors du cinquantenaire d’une association humanitaire locale, J.M. Baylet a feint de s’étonner lors de son discours devant le préfet de la présence dans les environs de sans-abri. Sa feuille de chou a largement repris cette « indignation » en fustigeant le maire « qui n’a, écrit-elle, jamais sollicité les services de l’état ». Or, il s’avère que Moissac, station fruitière, accueille chaque année des centaines de travailleurs saisonniers tous avec des papiers parfaitement en règle, mais dont l’intense activité les empêche de chercher et a fortiori, de trouver des logements décents, qui d’ailleurs n’existent pas (http://www.ladepeche.fr/article/2013/09/11/1705873-a-moissac-des-saisonniers-dorment-dehors.html). Depuis plusieurs années, la commune s’est préoccupée de contacter les services sociaux, le conseil général, les associations d’aide pour rétablir un peu d’humanité dans ces situations, sans succès. N’empêche, le mal est fait et le maire, privé de réponse dans les colonnes de la Dépêche, doit publier sa défense dans un journal local de droite « le Petit Journal ». Ce dernier n’est pas fâché de pouvoir tailler des croupières au journal de Baylet, son concurrent, et se fait un plaisir de publier les communiqués du maire socialiste. L’enjeu est si important pour le président des radicaux de gauche qu’un journaliste proche de lui a été parachuté sur Moissac afin d’encadrer et d’assujettir davantage la ligne éditoriale locale. Depuis, on assiste dans ces colonnes à une mise au pilori quasi quotidienne du maire sortant et une mise en valeur, à la même fréquence, des deux conseillers généraux. Piqué au vif, Nunzi qui n’envisageait pas forcément de se représenter, pourrait sortir un lapin de son chapeau.
Et la droite dans tout ça ?
A Moissac, elle se contente d’observer avec amusement l’explosion de la majorité municipale et de compter les points. Si quelques rares personnalités de droite ont quelque légitimité à faire entendre leur voix, leur petit nombre et leur manque de structuration les vouent à un rôle de figuration pour les élections municipales. Cependant, le Front National est en embuscade, qui pourrait créer une mauvaise surprise au premier tour, même sans figure locale emblématique.
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