Élisabeth Borne abuse du 49.3 : Un coup dur pour la démocratie
Élisabeth Borne, la Première ministre, semble s'être prise d'une étrange affection pour l'article 49.3 de la Constitution. En effet, elle vient de l'utiliser pour la treizième fois depuis son arrivée à Matignon, et ce, en moins d'un mois après son précédent recours. Cette fois, c'est pour faire passer la loi de programmation des finances publiques (LPFP) et la première partie du projet de budget 2024 sans même soumettre le vote à l'Assemblée nationale.
Il est important de noter que Mme Borne n'a toujours pas réussi à obtenir une majorité absolue au Parlement. Cependant, au lieu de chercher le consensus et le débat démocratique, elle a choisi d'engager la responsabilité de son gouvernement. La justification ? "Aucun groupe d'opposition n'est prêt à voter ce projet de loi. Or, notre pays a besoin de ce budget", a-t-elle plaidé. Il est difficile de ne pas voir dans cette démarche une tentative de contourner les procédures démocratiques au lieu de les respecter.
Le fait que plus de 5 000 amendements déposés ne seront même pas examinés en séance plénière est un mépris flagrant envers le processus législatif. Les citoyens élisent leurs représentants pour débattre et voter sur des lois, et non pour qu'un gouvernement puisse simplement décider de les ignorer.
La Première ministre tente de justifier son recours à l'article 49.3 en présentant ce texte comme "responsable" avec des économies de 16 milliards d'euros et des investissements pour "accélérer la transition écologique". Cependant, il est difficile de ne pas être sceptique quant à ces déclarations, d'autant plus que l'absence de débat parlementaire limite la possibilité de faire des ajustements nécessaires.
Élisabeth Borne ne peut pas ignorer les conséquences de ses actions. Elle s'expose désormais à des motions de censure émanant de LFI et du RN, au moins deux en tout. Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l'Assemblée, a clairement indiqué leur intention de "censurer le gouvernement" en réponse à cette "censure des débats et des votes". Le RN dénonce également une "absence totale de respect pour le débat" au Parlement.
Cependant, pour que ces motions de censure aient une chance de succès, il faudrait que les députés LR s'y associent. Malheureusement, l'histoire montre que ces motions ont très peu de chance d'aboutir. L'année dernière, Élisabeth Borne avait laissé les débats se tenir pendant une semaine, mais cette fois, le 49.3 a mis fin aux discussions avant même l'examen de l'article liminaire.
En fin de compte, le recours fréquent à l'article 49.3 par Élisabeth Borne semble être une stratégie pour éviter le débat démocratique et imposer des mesures sans véritable consensus. Cette approche est préoccupante pour la santé de la démocratie en France, car elle sape le rôle du Parlement et limite la possibilité pour les citoyens d'influencer les décisions gouvernementales.
35 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON