Élysée 2022 (33) : Emmanuel Macron à 30% ?
« Si je me suis porté candidat, c’est pour une raison simple : j’ai la conviction que je peux être utile dans les cinq ans à venir. (…) Ce qui se joue avec cette élection présidentielle n’est pas la victoire d’un camp ou d’un parti. C’est le destin d’un pays qui, dans ces temps troubles, doit continuer de renforcer son indépendance et d’agir pour bâtir une Europe-puissance, capable de peser sur le cours du monde. C’est l’avenir de nos enfants et de nos petits-enfants et c’est pour cela que nous donnerons la priorité à l’éducation. » (Emmanuel Macron, le 4 mars 2022).
Les sondages d’intentions de vote vont et viennent et il est vrai que ce ne sont que des photographies, des instantanés de la situation des rapports de force entre les différents candidats. Le premier tour de l’élection présidentielle a lieu dans moins de 35 jours. Les "opinions" commencent à se cristalliser. À ce début de campagne officielle (le 6 mars 2022 devrait être publiée la liste définitive des parrainages et par conséquent, la liste des candidats qui sera officiellement annoncée le lendemain ou surlendemain par le Conseil Constitutionnel), il était tentant de faire un état des lieux de ces rapports de force, en sachant bien sûr qu’une campagne sert justement à faire bouger les lignes. Ce qui a caractérisé cette précampagne qui s’achève (septembre 2021 à mars 2022), c’est que les lignes ont peu bougé, c’était plus une "guerre" de position qu’une "guerre" de mouvement. Y aura-t-il en mars 2022 des changements majeurs ?
Beaucoup d’instituts de sondage proposent ainsi des études pour saisir cette situation. La plus récente avant le début de la campagne officielle est celle d’Ipsos pour le Cevipof, la Fondation Jean-Jaurès et le journal "Le Monde", publiée le 5 mars 2022. C’est la sixième vague de cet institut, basée sur une enquête réalisée du 24 au 27 février 2022 auprès d’un très grand échantillon, 13 651 répondants, ce qui correspond au début de la guerre en Ukraine. Toutefois, cette étude a été complétée par une étude plus rapide sur un échantillon de 3 599 personnes interrogées du 2 mars 2022 à 20h30 (après l’allocution télévisée du Président Emmanuel Macron sur la guerre en Ukraine) au 3 mars 2022 à 20h30 (avant la déclaration de candidature d’Emmanuel Macron). On peut lire le dossier complet à ce lien.
Insistons que ce n’est qu’un sondage, avec son caractère volatil et sa marge d’erreur, ce qu’Ipsos indique très clairement pour les intentions de vote (au même niveau que les résultats eux-mêmes). Ce sondage est important car, à ma connaissance, c’est le premier sondage qui place Emmanuel Macron au-delà du seuil symbolique des 30% d’intentions de vote (30,5% exactement). Dans son rolling, l’IFOP enregistre également une montée du Président sortant, à 29%, au 4 mars 2022, et peut être en retard en raison du principe du rolling (seulement un tiers de l’échantillon se prononce chaque jour et le week-end est sans enquête).
Quand on compare avec d’autres instituts de sondage, on s’aperçoit que Yannick Jadot est aussi en position plus élevée (7,5% alors que généralement il tourne autour de 5%), mais c’est l’ordre des premiers candidats qui reste plongé dans une grande incertitude. Cette hausse du Président sortant, si elle est exceptionnelle hors contexte à un mois du premier tour de l’élection présidentielle, était prévisible lorsqu’un événement aussi majeur que la guerre en Ukraine vient percuter la campagne et qu’une menace de déflagration nucléaire vient angoisser la plupart des Français (90% des sondés) et des Européens. Ce cauchemar a pour effet mécanique de rassembler les Français derrière le chef de l’État, phénomène qu’on avait vu déjà lors des attentats.
Ce mouvement de légitimisme se fait donc en faveur d’Emmanuel Macron, le Président de la République en exercice, au détriment des autres candidats, en particulier de Valérie Pécresse qui dévisse complètement. J’avais déjà remarqué dans le rolling de l’IFOP ce phénomène très marquant pour les intentions de vote au second tour. L’étude d’Ipsos confirme ce décrochage dès le premier tour.
La montée d’Emmanuel Macron peut s’interpréter de diverses manières. Certes, il y a ce mouvement d’unité nationale, mais aussi un effet mécanique de l’abandon de Christiane Taubira : ses électeurs potentiels (assez faibles, même pas 2% d’intentions de vote) ne semblent pas s’être reportés sur Anne Hidalgo mais plutôt sur Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon qui, lui, garde une base solide.
En effet, si Marine Le Pen et Éric Zemmour chutent à respectivement 14,5% (1 point en moins) et 13% (2 points en moins) d’intentions de vote, Jean-Luc Mélenchon est en très légère ascension à 12% d’intentions de vote. Et même, il "double" Valérie Pécresse qui s’est effondrée à 11,5% (une baisse de 1 point). Cette donnée montre que le scrutin est encore largement ouvert et la possibilité de qualification au second tour du leader de la France insoumise n’est pas non plus dénuée de toute probabilité. Quand on regarde l’historique depuis octobre 2021 de ces vagues Ipsos, on constate que Jean-Luc Mélenchon était à l’origine à 8% d’intentions de vote, en dessous de Yannick Jadot à 9,5%, et qu’il a constamment progressé.
Les autres candidats n’enregistrent aucune variation, y compris Anne Hidalgo qui, désespérément, reste dans l’étiage, très largement en dessous de 5% (2,5% d’intentions de vote), au point qu’il faudrait vraiment organiser un Hidalgothon.
La question reste de savoir si ces mouvements notables depuis la guerre en Ukraine vont se poursuivre ou au contraire s’arrêter et revenir à la situation précédente, une fois l’actualité, plus distante de l’Ukraine, sera plus préoccupée par la campagne présidentielle.
Premier fait notable : le décrochage de Valérie Pécresse
Le principal enseignement n’est peut-être pas celui qu’on voit en premier, à savoir les 30% d’Emmanuel Macron. Pour moi, le fait le plus notable, c’est le dévissage de Valérie Pécresse, et mes analyses à son sujet depuis le début du mois de décembre 2021 s’en trouvent validées. Je reprochais à Valérie Pécresse de faire une campagne beaucoup trop marquée par l’ultradroite, d’une part, montrant sa faiblesse à résister aux pressions de cette aile ultradroitière, d’autre part, confirmant que sa stratégie de campagne va dans la mauvaise direction.
Effectivement, toute la surenchère droitière de Valérie Pécresse avait pour but d’attirer des électeurs, issus ou pas de LR, attirés par Éric Zemmour, et j’estimais qu’en agissant ainsi, elle repoussait tous les électeurs traditionnels du centre droit qui iraient chez Emmanuel Macron. L’analyse fine de l’enquête d’Ipsos confirme cette idée.
Quand on regarde par exemple les transferts des votes de 2017 sur les intentions de 2022, il est clairement visible que les électeurs de François Fillon, qui sont 38% à choisir encore Valérie Pécresse, sont 32% à rejoindre le camp d’Emmanuel Macron et seulement 21% celui d’Éric Zemmour (et 5% celui de Marine Le Pen qui n’a pas du tout le même électorat). En courant après les 21% (l’ordre de grandeur) des électeurs LR attirés par Éric Zemmour, elle a perdu les 32% des électeurs du même électorat passés chez Emmanuel Macron principalement par rejet de sa campagne ultradroitière.
D’un point de vue plus dynamique, lorsqu’on regarde cette répartition dans le temps depuis sa désignation comme candidate LR, au début du mois de décembre 2021, c’est encore plus flagrant : à l’origine, 52% des électeurs de François Fillon se portaient sur Valérie Pécresse, 24% sur Emmanuel Macron et 17% sur Éric Zemmour. En trois mois, elle n’a pas convaincu un seul électeur de François Fillon zemmourcompatible (au contraire, 4% sont encore partis) et elle a perdu 8% des macroncompatibles. Résultat, elle est passée de 52% à 38% d’électeurs de François Fillon convaincus.
Les intentions de vote au second tour sont encore plus cruelles pour Valérie Pécresse alors qu’elle en avait fait son principal argument de campagne. Elle n’est pas la mieux placée pour battre Emmanuel Macron (c’est Marine Le Pen la mieux placée), et un éventuel duel la donnerait largement perdante avec seulement 36% contre 64% à Emmanuel Macron. C’est pire que dans le rolling de l’IFOP qui a trouvé le 3 mars 2022 quand même 39% contre 61% au Président sortant. Dans l’enquête d’Ipsos, on lit même que 6% des sondés qui choisissent Valérie Pécresse au premier tour iraient chez Emmanuel Macron au second tour ! En janvier 2022, le rapport de force était très différents, 46% pour Valérie Pécresse et 54% pour Emmanuel Macron.
Bref, cette campagne LR est une véritable bérézina et c’est triste à dire, mais prévisible. En voulant cibler les électeurs d’extrême droite, Valérie Pécresse a perdu tout son socle du centre droit, et on se demande pourquoi des partis centristes comme l’UDI et Les Centristes restent dans cette étrange alliance ultradroitière. Que font-ils dans cette galère à part une quête d’investitures aux élections législatives suivantes ?
Second fait notable : la solidité de l’adhésion à Emmanuel Macron
Pour mieux comprendre les intentions de vote pour Emmanuel Macron, il faut analyser plus finement les motivations des sondés, et l’enquête d’Ipsos le permet. Ainsi, une question a été posée sur la motivation du choix selon l’intention de vote au premier tour. L’institut propose trois motivations : les idées (candidat le plus proche de leurs idées), la personnalité (confiance au candidat) ; et la troisième motivation est du calcul : "pour barrer la route à un autre candidat (pour empêcher un autre candidat d’être qualifié au second tour)".
Et ce qui est très significatif, seuls les électeurs potentiels d’Emmanuel Macron choisissent à une grande majorité (55%) la personnalité d’Emmanuel Macron et pas ses idées, en somme, sa manière de gouverner, d’agir, et pas son idéologie, car il n’en a pas. Les trois candidats de droite ou d’extrême droite se retrouvent à peu près dans les mêmes motivations de leurs électeurs potentiels, principalement les idées (autour de 55-60%) et la personnalité ne vient que pour 25-30% (en somme, le choix est politique avec une réticence sur la personnalité). Pour les candidats de gauche, c’est principalement la motivation de la proximité des idées (de 70 à 85%) alors que la personnalité semble plutôt un handicap (c’est très palpable avec Anne Hidalgo ou Yannick Jadot).
Autre facteur de solidité, la sûreté du choix au premier tour, Emmanuel Macron, Marine Le Pen et Éric Zemmour ont les bases les plus solides puisque respectivement 72%, 70% et 67% de leurs électeurs potentiels sont sûrs de leur choix, ce qui n’est pas le cas de Valérie Pécresse (seulement 48%) et des candidats de gauche. Là aussi cela confirme la grande faiblesse de Valérie Pécresse dont la moitié de son électorat potentiel pourrait fuir d’ici à la fin de la campagne.
Si on reprend le tableau sur le transfert des votes 2017-2022, on voit aussi qu’Emmanuel Macron est le candidat qui a subi le moins d’érosion électorale en cinq ans, ce qui est une performance d’autant plus remarquable qu’il a été élu et donc soumis aux critiques inhérentes aux mille et une décisions de ses gouvernements.
Enfin, je termine mon analyse sur le second choix des électeurs hésitants : ils hésitent entre qui et qui ? Et là aussi, c’est très instructif, avec toujours la prudence de rappeler que c’est un sondage et que cela peut évoluer.
Les électeurs potentiels hésitants de Valérie Pécresse hésitent principalement entre elle et… Emmanuel Macron ! Pourquoi donc fait-elle de la surenchère zemmourienne alors qu’elle devrait chasser dans les zones macronniennes ? 40% des hésitants pour Valérie Pécresse placent en effet Emmanuel Macron comme second choix. Alors qu’ils ne sont que 14% à placer Marine Le Pen et 15% Éric Zemmour comme second choix. Si l’on tient en compte les 15% qui hésitent entre elle et l’abstention (ou le vote nul), ce sont bien 55% qui rejettent a priori la tournure ultradroitière de la campagne de Valérie Pécresse.
Et réciproquement, les électeurs hésitants d’Emmanuel Macron hésitent principalement (pour 35% d’entre eux) avec Valérie Pécresse (ils ne sont que 20% des électeurs hésitants de Marine Le Pen et 15% des électeurs hésitants d’Éric Zemmour). Bref, Valérie Pécresse aurait dû faire une campagne de centre droit, qui d’ailleurs aurait été en harmonie avec sa propre histoire que de faire une campagne artificielle sur des positions auxquelles elle n’adhère pas (et ça se voit).
Quand on regarde le reste du tableau, on comprend que des électeurs indécis hésitent entre Jean-Luc Mélenchon et Fabien Roussel, entre Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot, entre Yannick Jadot et Emmanuel Macron, entre Anne Hidalgo et Yannick Jadot, bref, les électeurs de gauche hésitent beaucoup sur le bon "cheval" parce qu’aucun ne leur convient. Quant aux deux candidats d’extrême droite, il y a une certaine réciprocité d’hésitation entre les deux.
Pour résumer les enseignements de cette enquête Ipsos, il en a trois : 1/ le décrochage de Valérie Pécresse en raison de l’orientation de sa campagne beaucoup trop vers l’extrême droite ; 2/ la solidité des intentions de vote pour Emmanuel Macron en cours de cristallisation, tant au premier tour qu’au second tour ; 3/ l’incertitude sur l’identité du candidat qui serait qualifié au second tour face à Emmanuel Macron, entre quatre candidats et plus entre trois candidats, entre Marine Le Pen, Éric Zemmour, Jean-Luc Mélenchon et Valérie Pécresse.
Mais ces tendances peuvent évoluer voire être balayées au cours de la campagne officielle, soit en raison d’un événement extérieur, soit en raison d’une erreur de l’un ou l’autre des "grands" candidats (c’est-à-dire ceux qui ont plus de 10% d’intention de vote).
Faire campagne pour préparer le prochain mandat
L’erreur d’Emmanuel Macron, ce serait de ne pas faire campagne. Il le dit d’ailleurs à ses partisans : « Le contexte international, marqué par la guerre en Europe, ne me permettra pas hélas, de faire campagne comme je l’aurais souhaité. ». Eh bien, si, il a intérêt à faire campagne, à s’adresser aux Français dans leurs yeux, à présenter ce qu’il compte faire dans les cinq années à venir, car même s’il est réélu, c’est l’exercice de son second mandat qui dépendra de cette mise en lumière de ces perspectives. Le pire serait de faire un second mandat comme celui de François Mitterrand, rester pour rester, ne rien faire, prôner la politique du ni-ni et se payer en plus le luxe de ne pas bénéficier d’une majorité absolue à l’Assemblée Nationale.
Fort de sa base électorale, Emmanuel Macron peut au contraire marquer de son empreinte la campagne, parler des thèmes les plus importants, l’éducation, la réindustrialisation, l’innovation, la transition écologique, la souveraineté de la France et de l’Europe. Il faut qu’il impose ses thèmes de campagne sans quoi, l’élection lui échappera, peut-être pas dans les urnes tant la situation lui semble favorable (mais rien n’est sûr), mais certainement dans la rue quelques mois plus tard.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (05 mars 2022)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Élysée 2022 (33) : Emmanuel Macron à 30% ?
Sondage Ipsos publié le 5 mars 2022 à télécharger.
François Bayrou, le parrain de Marine Le Pen.
Situation des parrainages pour les candidats de la présidentielle de 2022 (mise à jour régulièrement).
Le serpent de mer des parrainages pour la présidentielle.
Faut-il craindre un second tour Éric Zemmour vs Marine Le Pen ?
Marine Le Pen et l’effet majoritaire.
Élysée 2022 (32) : Emmanuel Macron candidat !
Élysée 2022 (31) : Jean-Luc Mélenchon peut-il atteindre le second tour ?
Élysée 2022 (30) : la Nouvelle Valérie Pécresse ?
Élysée 2022 (29) : Emmanuel Macron sera-t-il candidat un jour ?
Élysée 2022 (28) : Cadet Roussel place du colonel Fabien et la gauche vin viande fromage.
Élysée 2022 (27) : le sacre (éphémère ?) de Christiane Taubira.
Élysée 2022 (26) : François Hollande candidat ?
Élysée 2022 (25) : Christiane Taubira se lance !
Élysée 2022 (24) : Valérie Pécresse, entre savoir-faire et savoir-plaire.
Élysée 2022 (23) : les morts s’invitent dans la campagne présidentielle.
Élysée 2022 (22) : la santé est la première des libertés !
Élysée 2022 (21) : Christiane Taubira ira ou n’ira pas ?
Élysée 2022 (20) : Anne Hidalgo rime avec fiasco …et rigolo !
Élysée 2022 (19) : l’effet Valérie Pécresse.
Élysée 2022 (18) : Valérie Pécresse, naissance d’une leader.
Élysée 2022 (17) : Éric Zemmour, l’adolescent retardé.
Élysée 2022 (16) : ce sera le duel Ciotti-Pécresse.
Élysée 2022 (15) : le quatrième et ultime débat des candidats LR.
Élysée 2022 (14) : L’envol d’Éric Ciotti ?
Élysée 2022 (13) : troisième débat LR, bis repetita.
Élysée 2022 (12) : Surenchères désolantes pendant le deuxième débat LR.
Élysée 2022 (11) : Michel Barnier succédera-t-il à Emmanuel Macron ?
Élysée 2022 (10) : Éric Ciotti, gagnant inattendu du premier débat LR.
Élysée 2022 (9) : Ségolène Royal, candidate de l’écologie intégrale en 2022 ?
Élysée 2022 (8) : Florian Philippot et le syndrome Bruno Mégret.
Élysée 2022 (7) : l’impossible candidature LR.
Élysée 2022 (6) : Yannick Jadot désigné de justesse candidat des écologistes.
Élysée 2022 (5) : profondes divisions chez les écologistes.
Élysée 2022 (4) : Anne Hidalgo, candidate PS, faute de mieux.
Élysée 2022 (3) : le virus Zemmour.
Élysée 2022 (2) : et Arnaud Montebourg entra dans la course !
Élysée 2022 (1) : un peuple d’ingouvernables ?
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