En Alsace l’UMP n’est pas l’UMP d’ailleurs : une originalité entre autres
L’UMP en Alsace n’est pas tout à fait la même qu’ailleurs et la tête de liste continue de porter auprès d’un électorat souvent soumis à ses édiles dirigeants, les valeurs qu’on a l’habitude de prêter au « centrisme » : tradition de modération, de tolérance( Marcel Rudloff), valeurs réelles de la démocratie chrétienne sans intégrisme dans une cohabitation séculaire des trois monothéismes, modèle socio-économique rhénan, connoté d’un rassurant et parfois contesté paternalisme… Or, en Alsace, le parti majoritaire est polymorphe et la liste qu’il a composée, a encore étendu ce qu’il est convenue d’appeler « l’ouverture » au Nouveau Centre, à la Gauche Moderne, aux non-étiquetés( ?). Bonne ou mauvaise stratégie ? On verra.
Difficile de s’y retrouver même pour le meilleur des comptables. Les supputations des politologues même locaux ( géographe ou sociologue) sont suspectes. Il faudrait remonter trop loin pour comprendre et expliquer cette particularité alsacienne originelle qui, dans un premier temps du moins, se serait peut-être bien passée de ce patchwork indéchiffrable pour de nombreux observateurs.
L’UMP n’est sans doute pas, ici, l’invention la plus géniale de Chirac, si ce n’est que l’usage qu’en a fait son successeur en ait, à un moment, montré l’efficacité.
Mais restons au plus près de cette histoire mouvementée et spéciale.
L’UMP est le dernier avatar du centrisme alsacien dont les tenants, en grande partie, ont abandonné l’UDF pour cette nouvelle formation, UDF dont le précédent président de Région était issu (UDF-Force Démocrate).
Pour exemple, prenons le scrutin du 15 mars 1998, il y a douze ans à peine, qui accordait au RPR 6,52% des voix et 26,4% à l’UDF. Six ans plus tard l’UDF-UMP (alliance) atteignait 34,6% au premier tout puis 43,48% au second. Analysez et commentez ! Responsables hiérarchiques et électorat ? Qu’en dites vous, citoyens ?
A la mairie de Strasbourg, désormais à Gauche avec Roland Ries ( maire PS) qui a accordé la présidence de la Communauté Urbaine à Jacques Bigot (PS), l’UMP (+) devance d’un point son rival, ne devrait–on pas être étonné et surtout incité à une grande prudence en considérant le score du sénateur UMP Richert.
Si, libres comme cela est souvent le cas dans cet électorat, les voix d’Europe- Ecologie ne sont peut-être pas aussi arithmétiquement additionnables à celles du PS que qu’on le voudrait : prudence accrue !
Les Alsaciens seraient-ils particulièrement inconstants ? Surtout à Strasbourg ?
Et qu’on aille pas imaginer que c’est là un mimétisme empreint de germanité, comme on a pu l’entendre . Les voisins d’Outre-Rhin votent souvent très différemment avec des Institutions bien différentes, il faut le reconnaître.
Alors demain ?
La question du GCO ( grand contournement ouest) divise les Alsaciens concernés directement et tout le « Ländel » : 24 kilomètres d’une autoroute nouvelle doivent permettre au flux constant des poids lourds d’éviter la périphérie immédiate de la ville en reliant par ce « pontage » la A 35 venant du sud (Colmar) à l’A4 ( Paris à l’ouest) et à sa propre continuation vers Karlsruhe ( au nord). Magnifique projet qui vient d’obtenir la déclaration d’utilité publique (DUP) par le Conseil d’Etat qui a rejeté les recours formulés par des communes et des associations. Exécrable projet pour Jacques Bigot qui, pour cet avocat brillant, priverait le Kochersberg, vous savez, ce coin extraordinaire de lœs ultra-fertile, une des terres les plus fécondes du monde, de 300 hectares de cultures à rendement extraordinaire. Un terrain de foot-ball (1ha environ), une salle polyvalente (?) requièrent bien davantage sur le tracé, mais, cela, çà relève de l’intérêt collectif au tout premier petit degré. (Le plus petit village dispose en général des deux équipements et bien davantage … et c’est tant mieux).
A part çà, la venue de Fillon et d’autres, n’était sans doute pas nécessaire et peut-être contre-productive, compte tenu de la spécificité alsacienne, vue sous un autre angle, si ce n’est au plan d’une médiatisation nationale dans la seule région « résistante » à l’ ambition imprudemment et vaniteusement affichée d’un « grand- chlem’ ». L’expression rappelle évidemment ici, plus judicieusement la partie de rugby que celle de bridge. Les présages de la vie politique française ne sont pas réjouissants !
Ainsi, on a vu à Strasbourg, à de multiples reprises d’attendrissantes embrassades entre Sarkozy et Fabienne Keller (maire à l’origine UDF qui n’avait pas ostensiblement démérité) puis, curieusement, aux municipales, Roland Ries (PS), largement élu( 58 contre 42%). Etrange ?
En Alsace en tout cas, quoi qu’il advienne, le débat aura été propre, le comportement des deux « favoris » UMP et PS, comme celui du représentant du FN (M. Binder) ayant été exemplaires de respect et de courtoisie. Quel que soit le résultat, dans cette région tant éprouvée par une Histoire politique subie, le scepticisme peut produire des résultats qui, dans le fond, pourraient signifier, presque la même chose. Au vrai ! Pour les uns et les autres c’est déjà une victoire.
Antoine Spohr
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