Enjeu : classe moyenne !
L’un des enjeux de la prochaine échéance présidentielle tournera autour du sort réservé à ce qu’il est convenu d’appeler « la classe moyenne » prise dans son acceptation la plus large : ceux qui travaillent et peuvent encore vivre de ce travail à peu prêt correctement mais de plus en plus difficilement et avec une angoisse d'avenir, pas un désir.
L’UMP mettant à exécution son envie impérieuse de rééquilibrer rapidement les coups de lucarne du PS, risque de communiquer sur rien ou pas grand chose, finalement de ne pas intéresser quand ses portes parole n’ont rien à dire.
A l'occasion du dernier « Mots Croisés » il fallait véritablement avoir envie de s'informer pour continuer à regarder une émission ringarde ou les participants, mis à part Madame Chantal Jouanno, n’avait strictement rien à dire de déterminant. Ils ne pouvaient que répéter « projet contre projet » sans aller plus loin puisque le projet de l’UMP est encore dans les limbes. Hurlant comme des scalpés à propos du mois et demi médiatique socialiste, ils ne trouvent pas mieux à la TV et hier à la convention du parti de ne parler que de Hollande et des socialistes ! On passera sur le marmitton Morin, à la recherche d'une différence. Complètement en dehors des clous, il ne trouve que l'Europe, avec du "encore plus" !
Laurent Wauquiez, pour le compte de l’UMP, a bien montré le bout du nez sur une stratégie pour demain. Le parti du président ferait bien de se méfier des plateaux télévisés itératifs pour combler le retard ; ils sont porteurs de dangers. Des divergences risquent d'éclater et la difficulté à proposer du neuf et du rêve justement pour ces classes moyennes qui cauchemardent, va devenir préoccupant pour tous les acteurs politiques.
Les responsables actuels sont sous l'emprise totalitaire des agences de notation. Pourtant tous, Mélenchon compris, (gauche comme droite, sauf Séguin et Chevènement) ont fait voter OUI au Maastricht de François Mitterrand et Jacques Chirac. Les classes moyennes les ont largement suivi au nom de "l'intelligence" contre "le crétinisme supposé des autres". Ces responsables politiques se sont ensuite assis sur le traité qu'ils venaient de faire voter, ne respectant pas les clauses en matière de déficit et aujourd'hui vont se voir privés de leur sacro-saint AAA. Ils vont ainsi payer doublement la dette qu'ils ont accumulée sans frein et au mépris des traités votés, par démagogie socialo-euro-libérale-démocrate.
Les bégaiements ne font que commencer et il est évident que les classes moyennes demeureront au centre des intérêts à la fois du PS et du parti présidentiel. Parce que cette catégorie très disparate, mais à l'écoute et souvent engagée, est sans doute celle qui souffre actuellement le plus de la crise. Elle est désenchantée et ses espoirs de progrès sont brisés, ses désirs d’ascension rompus au profit de l’angoisse d'une régression pour elle et ses enfants. Son crédo d’un travail donnant la possibilité d’améliorer sa condition se heurte à la réalité du succès de ceux qui gagnent sans produire, des champions de l’économie virtuelle sans véritable fondement.
Sur le plan politique cette foule est complètement « disponible » ; elle peut migrer d’un bout à l’autre de l’échiquier et très facilement rejoindre les extrêmes, à gauche comme à droite. A ce titre François Hollande peut avoir des craintes aussi bien que Nicolas Sarkozy. Certes, celui qui se prétend « normal » peut rencontrer un certain écho après l’échec du « travailler plus pour gagner plus », encore faudrait-il qu'il trouve autre chose que "C'est le rêve français que je veux réenchanter".
Le "travailler plus pour gagner plus" s'adressait déjà à ces catégories et la crise en a fait un boomerang redoutable. "Réenchanter le rêve" devient difficile ; les classes moyennes ont été terriblement échaudées et elles seront tout particulièrement réticentes à toutes les promesses inconsidérées. La justice dans le partage de la pénurie ne peut être qu'une nécessité, pas un rêve positif et mobilisateur. De nombreux ressortissants de ces catégories sont prêts à rejoindre par dépit les « antisystèmes globaux et radicaux » desquels ils étaient jusqu’à présents fort éloignés. Le désarroi est là et les urnes pourraient bien en être le révélateur.
En effet, sous un ciel clément, devant un horizon perceptible, cette grande famille hétéroclite restait relativement bon enfant. Elle acceptait les solidarités avec les plus faibles, ne se braquait pas viscéralement contre l'étranger, s'ouvrait relativement facilement à l'autre. Elle pourrait se raidir sur des lignes défensives désespérées, remettant en cause sa participation au soutien des exclus, son approbation à l'accueil des autres, son ouverture sur le monde. L'élection du printemps 2012 est l'élection de tous les dangers.
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