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La Fondation Terra Nova, proche du PS, a même ouvert aujourd’hui une pétition en faveur d’une « primaire populaire » pour désigner le candidat de gauche à la prochaine présidentielle.
De prime abord, l’idée paraît sympathique, mais au fond, je n’y crois pas vraiment. Cette volonté de contourner les appareils politiques me semble vaine.
Le leadership, c’est au sein des formations politiques qu’il se conquiert, non au moyen d’un « plébiscite » dont on ne sait ni comment il va être organisé, ni qui va pouvoir réellement y participer. Rien n’est plus évanescent qu’un « sympathisant », qu’il soit de droite ou de gauche. La sympathie, ce n’est rien d’autre qu’un sentiment instinctif d’attraction. Ca n’a pas la même force qu’une adhésion. Comment donc la quantifier ? Peut-on seulement imaginer en définir des critères plus ou moins objectifs ?
Bref, c’est toujours la même chose : on lance l’idée avant même d’avoir réfléchi aux modalités pratiques.
Pourtant, depuis 2005, ce qui s’est passé au sein du PS aurait pu donner matière à réflexion. Que ce soit lors de la campagne sur la constitution européenne, que ce soit pendant la campagne présidentielle de 2007, ou lors Congrès de Reims et de la désignation du Premier secrétaire, les militants socialistes avaient tracé une ligne politique qui n’a pas été respectée par la plupart de ceux qui était censée en tenir compte.
En a-t-on tiré les leçons politiques ? Non. Dès lors, rien ne garantit que des primaires ouvertes – si ouvertes d’ailleurs qu’on n’en connaît pas les limites – puissent départager des candidats.
Tout ceci à vrai dire paraît bien abstrait et théorique.
En 1971, lorsque la gauche était exsangue, défaite, éparpillée en d’innombrables chapelles ou clubs, et surtout incapable de profiter électoralement du souffle des événements de mai 68, François Mitterrand avait bien compris la nécessité de structurer une force politique et une base militante dans le but d’accéder un jour au pouvoir. Cela a pris dix ans, une défaite en 1974, et quelques batailles rangées, notamment contre les anciens du PSU (Rocard notamment).
Depuis l’instauration de l’élection du président de la République au suffrage universel, la recette est connue. Les partis politiques, qui le souhaitent, présentent des candidats au premier tour et comptent leurs forces. Au second tour, ils tentent de fédérer autour de leurs candidats le plus large rassemblement possible. L’enjeu est simple : obtenir plus de 50% des suffrages.
Au lieu d’organiser des primaires, il me paraîtrait à la rigueur plus pragmatique de jeter les bases d’un parti de gauche élargi. La droite y est bien parvenue.
Pourquoi la gauche ne le pourrait-elle pas ?
En conclusion, on se souviendra de toutes ces critiques outrées émanant d’intellectuels et politiques de gauche lorsque Patrick le Lay, ancien PDG de TF1, affirmait qu’il était là pour créer du « temps de cerveau disponible afin de vendre du Coca-Cola ».
Quand on voit aujourd’hui que ces mêmes intellectuels et politiques pensent sérieusement pouvoir faire émerger le futur leader de la gauche par le biais d’un procédé digne de la télé réalité, on ne peut alors que constater leur grande disponibilité cérébrale.
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