Éric Bougaud : « La légalisation du mariage homosexuel s’imposera ! »
Éric Bougaud, délégué de Debout la République, s’exprime sur la légalisation du mariage homosexuel. Il en profite pour aborder la question du mariage en général, auquel il est « personnellement opposé » et qu’il juge archaïque.
Le Conseil constitutionnel a confirmé l'illégalité du mariage homosexuel et a renvoyé au législateur la responsabilité de légiférer sur l'égalité de tous les citoyens*. Est-ce une avancée capitale vers la légalisation du mariage homosexuel ou regrettez-vous que le Conseil constitutionnel n'ait pas été plus ferme contre le mariage homosexuel ?
Il n’entre pas dans les attributions du Conseil constitutionnel de prendre des positions « en faveur » ou « contre ». Le Conseil constitutionnel se doit de respecter une neutralité absolue quant au fond des questions. Concernant la question qui lui était posée quant à une éventuelle non-conformité constitutionnelle de la législation en vigueur sur le mariage, il n’avait pas d’autre possibilité de réponse.
Êtes-vous favorable ou opposé à la légalisation du mariage homosexuel ?
Je suis personnellement opposé au mariage sous toutes ses formes. Vais-je pour autant demander l’interdiction du mariage pour tous au prétexte que je n’en veux pas pour moi ? Concernant les mariages religieux, c’est aux religions de décider ce qu’elles acceptent ou pas. De nombreuses congrégations pratiquent déjà sous le manteau des unions homosexuelles. Concernant le mariage civil, je ne vois pas au nom de quoi nous pourrions continuer à l’interdire. Les homosexuels participent au financement de la vie de la nation, leurs impôts et cotisations sociales sont acceptés pour financer les crèches, les allocations familiales, les écoles, les salles de mariage : s’ils ont les mêmes devoirs, ils doivent avoir les mêmes droits. Le droit français ne peut plus s’appuyer sur les bases d’une morale judéo-chrétienne vieille de 3 000 ans. C’est à chacun de décider s’il souhaite se marier ou pas, et avec qui il veut, libre de toutes contraintes dictées par des « pères La Pudeur ».
La légalisation du mariage homosexuel doit-elle être un impératif du prochain président ?
Il y a d’autres urgences. La légalisation du mariage homosexuel s’imposera d’elle-même le moment opportun. Ce n’est pas un combat vital dans l’immédiat.
À force de se focaliser sur le mariage homosexuel, peut-être oublions-nous les autres qui ne peuvent pas se marier alors qu'ils sont bien des êtres humains (transgenres, etc.). Le grand combat, le vrai combat, la réforme nécessaire, n'est-ce pas de permettre à tous les citoyens, sans distinction de genre, de se marier ?
« Sans distinction de genre », c’est sûr, mais certaines unions devront toujours être prohibées, telles des unions incestueuses, il n’est pas possible d’accepter des mariages entre pères ou mères et fils ou filles, entre membres d’une même fratrie.
En France, l'État interdit la polyandrie et la polygamie. Pourtant, à écouter la majorité des politiques, le mariage doit être basé sur l'amour. Or, celui-ci est un sentiment qui ne se contrôle pas. Ne faut-il donc pas réformer le mariage afin de permettre une union à plusieurs, une union libre et multiple qui ne contraindrait plus les citoyens à une relation impossible basée sur la jalousie, une relation, bien sûr, qui ne relèverait pas de la polyandrie ni de la polygamie, ces deux genres de relation étant aussi des contraintes ?
En France, le mariage est un archaïsme qui a toujours été considéré comme un outil patrimonial. Il permettait d’agrandir les surfaces personnelles, d’augmenter l’enrichissement. L’amour était réservé aux amants et amantes. Les mariages d’amour ne sont qu’une invention récente et une vision moderne du mariage. Je ne pense pas que nos sociétés occidentales soient prêtes pour un retour à des normes de vie tribales. L’être humain est génétiquement programmé pour se reproduire, et avec le plus de partenaires différents possibles afin d’améliorer la diversité de l’espèce. La polygamie ou la polyandrie ne règleront pas le problème de la fidélité. Quant à la jalousie, il s’agit d’un sentiment bestial et primaire lié aux règles de la propriété qui ne peut se résoudre que par l’instruction, l’érudition et une énorme évolution intellectuelle de l’humain.
*Avant-dernier paragraphe du communiqué de presse.
Propos recueillis par Richard Patrosso
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