François Fillon engrange les soutiens à droite à un rythme effréné. En trois jours, l'ex premier ministre a récolté les soutiens de ses anciens ministres Xavier Bertrand et Benoist Apparu, de l'ancien président de l'assemblée nationale Bernard Accoyer mais aussi dimanche soir du député classé très à droite, Jacques Myard. Des soutiens de la part de l'aile dure du parti qui en étonnent plus d'un, tant Jean-François Copé a fait de la droite décomplexée et de la surenchère à droite le thème principal de sa campagne.
L'entourage de François Fillon savait que la campagne se jouerait à droite. Anticipant la dureté du débat avec le camp Copé et de possibles attaques sur la ligne modérée de leur candidat, l'équipe Fillon s'était choisi un directeur de campagne symbole de cette droite dure en la personne du député Eric Ciotti.
Professionnel de la politique élu en 2007 après une longue carrière dans l'ombre de Christian Estrosi à Nice, membre du collectif parlementaire la "droite populaire" et initiateur ou relais des mesures les plus dures du quinquennat de Nicolas Sarkozy, le député des Alpes-Maritimes avait par exemple fait de la chasse aux misérables fraudeurs du RSA son cheval de bataille. Dès lors, peu l'imaginaient rejoindre François Fillon à la veille de la bataille pour l'UMP.
Tenant d'une ligne ultra-répressive, Eric Ciotti après son ralliement en début d'été a pourtant été rapidement mis au second plan de la campagne pour une raison simple. Jean-François Copé repoussait autant qu'il rassemblait les militants avec ses déclarations expéditives sur les pains au chocolat ou le racisme anti-blanc, le clan Fillon n'a plus eu besoin de sa "caution droitière", lui laissant la place des seconds couteaux et la sommant de ne pas donner dans le dérapage verbal.
Cantonnés au silence, les ralliements des droitiers de Fillon parmi lesquels on retrouve aux côtés d'Eric Ciotti, Claude Guéant, Gérard Longuet et maintenant Jacques Myard interloquent du côté Copé. On espérait en effet que les bombes lâchées dans l'opinion par leur mentor amèneraient quelques soutiens des ultra-droitiers du parti. Finalement, l'appel des sondages a été trop fort et ils sont nombreux à avoir préféré rejoindre le favori afin de ne pas hypothéquer l'avenir, quitte à ronger leur frein pendant encore quelques semaines.