Et ça continue, encore et encore, c’est que le début...
C’est par cette phrase, sortie de son contexte, extraite d’une chanson de Francis Cabrel, que l’on pourrait résumer la vie politique de notre pays. C’est en effet un véritable déluge de scandales qui déferle depuis quelques temps sur le gouvernement de Nicolas Sarkozy. A tel point qu’il pourrait être envisagé la création d’une base de données répertoriant les faits d’actualité politique, peu glorieux, il faut le dire, pour l’image que devrait représenter la France, aussi bien auprès des populations issues de l’immigration, que des français de souche eux-même ou l’ensemble des peuples du monde (même si, il faut bien l’avouer, beaucoup de gouvernements - pour ne pas dire tous - traînent des casseroles). Toutefois il est bon de rappeler que la corruption, dans son sens le plus large, ne date pas d’hier, qu’il s’agisse des gouvernements de notre époque, jusqu’à des temps reculés.
J’attribuerai cela à un hasard pur et simple, mais il est "drôle" de noter que le 5 septembre 1661 un autre Nicolas s’était illustré dans des affaires de malversations. Nicolas Fouquet, alors surintendant des finances de Louis XIV, fut arrêté pour avoir détourné des deniers publics. Selon les historiens, le roi se serait particulièrement intéressé à son cas, notamment du fait de la relation privilégiée qu’entretenait Fouquet avec Mlle de La Vallière, l’une des maîtresses de Louis XIV. Le roi aura probablement voulu l’évincer de son gouvernement pour avoir fricoté avec l’une de ses favorites, même s’il aurait pu tenter une action en justice bien avant, puisque le train de vie outrancier que menait le ministre était connu de tous et le rendait particulièrement suspect. Officiellement il est dit que Fouquet promit au roi de mieux gérer les finances de l’Etat et s’engagea à ne pas en tirer profit outre mesure, engagement qu’il ne tint pas. Confondu au terme d’un procès de trois ans, Fouquet fut condamné à perpétuité, et mourut à Pignerol, en Italie, le 3 avril 1680.
Autre fait du hasard, sans doute, qu’il sera possible à loisir de moquer, c’est l’étrange corrélation entre le nom du ministre de Louis XIV, et celui d’un fameux restaurant bien connu de notre actuel Président de la République, rendu populaire suite à l’élection de ce dernier, en 2007 : le Fouquet’s. Doit-on y voir un symbole, une espèce de reprise de flambeau, un message codé nous signifiant que la corruption serait au coeur du gouvernement Sarkozy ? Un rapprochement qu’on ne peut manquer de faire, même s’il semble un peu tiré par les cheveux... Nicolas Fouquet, Nicolas Sarkozy, repas au Fouquet’s médiatisé lors des dernières élections présidentielles, corruption, vous ne voyez pas le symbole ? Soyons fiers d’être français, ce peuple tant attaché à son histoire et prompt à l’évoquer en toute occasion.
Sous Louis XIV d’autres événements sont venus perturber le plus long règne de l’histoire française (54 ans). Citons par exemple l’affaire des poisons, en 1675, impliquant la marquise de Brinvilliers, une autre femme, surnommée la Voisin - qui fournissait des poisons à des proches du roi - , ou encore la marquise de Montespan, l’une des favorites de Louis XIV. Cette dernière fut innocentée avec l’appui du roi, mais perdit ses faveurs. La mort du mystérieux "Homme au Masque de Fer" qui, dit-on, aurait été son fils illégitime ou son frère jumeau, emprisonné de 1698 à 1703, successivement dans les prisons de Pignerol, Sainte-Marguerite et la Bastille, à Paris, secoua également le gouvernement de l’époque. D’après certaines sources, il apparaîtrait qu’en réalité le masque de fer aurait été un proche de Louis XIV, et aurait été emprisonné pour avoir manqué de discrétion à propos du roi.
Autant de faits historiques qui pourraient faire passer les actuels événements de cigares, et autres logements illicites, pour de simples erreurs de parcours, certes condamnables, mais anodins. Le jugement est moins sévère aussi : une ou deux démissions, une chaude larme versée, et la République est sauve ! Peine d’argent n’est pas mortelle dit-on, et il est vrai que le peuple français est riche, alors pourquoi ne pas user de cette manne providentielle pour assurer le confort d’une minorité d’entre-nous ? C’est tout de même moins grave que des histoires de complots et de meurtres, que diable !
Du Premier Empire à la cinquième République
Le 21 mars 1804, Napoléon Bonaparte, ordonne l’assassinat du duc d’Enghien (Louis Antoine de Bourbon-Condé), descendant de la maison Condé, branche de la dynastie des Bourbons. Le futur empereur craint en effet le retour de la monarchie et souhaite écarter le danger d’un retour possible à ce mode de gouvernance. Il semble avéré que le duc d’Enghien traite avec les Anglais et ourdit des complots visant son assassinat. Le procès est expédié et son exécution à lieu le jour même, au mépris du droit international. Ceci vaudra à Bonaparte les foudres des grands penseurs européens de l’époque.
Un assassinat Sire ? Qu’on le pende haut-et-court ! Eh bien non, fusillé fut-il. Si un tel scandale éclatait aujourd’hui, le président serait probablement traduit devant la justice et condamné à perpétuité. Ah non, j’oubliais, le président de la république jouit d’une immunité quasi totale.
Sous la Troisième République, le président Jules Grevy est éclaboussé par l’affaire des décorations. Le scandale est venu d’un certain Daniel Wilson, ce qui contraindra finalement le "premier représentant du peuple" à démissionner. Les faits : le 7 octobre 1887 la presse révèle une histoire politico-financière mettant en cause Daniel Wilson, gendre du président de la république et député d’Indre-et-Loire. Il fut établit que celui-ci proposait à des hommes d’affaires influents des décorations - la légion d’honneur en particulier - en échange de menues monnaies.
Il est amusant de constater que, de nos jours, cette décoration est décernée sans contrepartie (à vérifier tout de même - un début d’enquête, peut-être ?) à des gens du spectacle, tel Johnny Hallyday ou, plus récemment, à Marion Cotillard et Tim Burton.. Finalement une "p’tite déco" c’est pas si important, même si les ardents défenseurs de la république argueront qu’il s’agit de préserver les valeurs du pays et son identité, laquelle est sans cesse bafouée, comme par exemple avec une photo choc présentant une personne s’essuyant le fessier avec le drapeau français.
Oh, des événements "abracadabrantesques", il serait possible d’en énumérer encore, si on prenait la peine d’éplucher l’histoire. Ceux que j’ai présentés ne sont là que pour étayer la thèse à laquelle j’apporterai une conclusion plus loin, mais sachez que bien d’autres scandales ont écrit les livres. Quand bien même ils ne sont pas rapportés à nos enfants, car l’éducation nationale, sachez-le, a le souci et la volonté d’éduquer les petites têtes blondes dans le respect des traditions et ne veut en aucun cas qu’ils soient les détenteurs futurs de pensées malsaines. Si vous voulez en savoir plus sur les scandales politiques de l’histoire, je ne peux que vous inviter, à contre-coeur, à effectuer des recherches sur ce média méprisable et dangereux qu’est internet.
Au lieu de ça je vais abréger le réquisitoire en évoquant, en vrac, des affaires "post-5ème" :
- L’affaire Dreyfus, en 1898
- L’exécution de Mata Hari en 1917
- Le suicide présumé de Stavisky en 1934
Les recherches que j’ai effectué sur le sujet m’ont permis de découvrir de multiples affaires toutes plus révélatrices les unes que les autres. Ce n’est donc pas, loin s’en faut, une liste exhaustive, mais elle est déjà bien représentative et illustrative des méfaits commis aux plus hauts sommets de l’Etat et des abus de confiance envers le peuple. A vous d’en juger.
La Cinquième République
Il serait tout à fait possible de poursuivre ce débat en prenant pour base l’institution de notre actuelle constitution, mais je ne ferai que relayer des informations maintes fois évoquées dans les grands et petits médias.
Avant de conclure, il convient de rappeler un fait : sous la cinquième république, le pouvoir n’a été confié qu’à des personnes arborant l’étiquette "droite" ou "gauche", un concept qui me semble dépassé depuis longtemps, comme si le peuple français ne pouvait être catégorisé que sur ces deux seules approches de la politique. Il y a des voix discordantes, de plus en plus nombreuses, qui refusent ces étiquettes, ce qui devrait pour le moins inciter à la réflexion et à une éventuelle réforme de nos institutions. Bien entendu les pouvoirs dominants refusent cette idée, mais ne l’ignorent pas et savent en jouer pour maintenir leur électorat. Il serait donc probablement temps qu’un ensemble de citoyens, qui ont pris le parti de l’abstentionnisme (ou du vote "blanc"), se fassent violence lors d’élections importantes, et prennent une position qui, même si elle ne correspond pas fondamentalement à leurs valeurs, permettrait de renverser des pouvoirs que nous savons corrompus. En d’autres termes je lance un appel citoyen pour que ceux qui ne votent plus fassent un choix, peut-être irréfléchi, pour un candidat qui n’a jamais obtenu une majorité de voix, simplement pour faire obstacle à ceux qui profitent depuis trop longtemps du peuple, et parce qu’il semble difficile de faire pire que ceux qui étaient censés nous représenter depuis des décennies.
Allez, un dernier rappel :
- L’affaire des diamants de Bokassa
- L’affaire du Rainbow Warrior
- L’affaire Pechynet-Triangle
- Les écoutes téléphoniques
- L’affaire du sang contaminé
- L’affaire Elf
- L’affaire Urba
- L’affaire des Frégates de Taïwan
- Les affaires Clearstream 1 et Clearstream 2
- L’affaire Karachi
- L’affaire Woerth/Bettencourt
Je vais conclure, enfin, sur une note pessimiste, car aujourd’hui rien ne me permet d’envisager l’avenir avec un semblant d’espoir. J’aurais aimé que cet article puisse aboutir à une approche plus sereine des temps à venir, mais si on observe l’histoire et les événements récents, on ne peut s’empêcher de faire des parallèles. Et quel constat pouvons-nous en tirer au premier abord ? Rien ne semble avoir évolué depuis des siècles, si ce n’est l’instauration de lois de plus en plus en désaccord avec la notion de souveraineté populaire, prétendument instituée et gravée dans le marbre par cette doctrine mensongère : liberté, égalité, fraternité. Plus grave encore, cette notion semble n’avoir jamais existé, si ce n’est dans le but de faire croire aux citoyens qu’ils étaient détenteurs d’un pouvoir quelconque. Il n’en a jamais rien été. Je ne peux que craindre qu’il en sera de même dans le futur et que l’humanité n’apprendra jamais de ses erreurs. Un espoir subsiste malgré tout : je peux me tromper...
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