Et nous regardons ailleurs

La disparition récente d’un président de la République, amateur de têtes de veaux, caresseur de « cul des vaches », et amateur de bon mots, a provoqué de logiques réactions populaires quasi toutes positives, pour ceux qui, finalement, avaient décidé de considérer l’homme plutôt que le chef de l’état... pourquoi pas ?
Au-delà de l’unanimité quasi historique des politologues qui ont décidé que Jacques Chirac était l’image même du français type, fort en gueule, bon vivant, proche du peuple, cachant une culture surprenante, sans en faire pour autant l’étalage, il n’est pas inintéressant d’en chercher les côtés obscurs et moins flatteurs.
On en viendrait à se demander si, finalement, il n’était pas une sorte de chaman, délivrant des messages subliminaux, lorsque, par exemple, il évoquait « la fracture sociale », sans pour autant en tirer les conséquences, tout comme lorsqu’il déclarait « notre maison brûle et nous regardons ailleurs »... sans pour autant tenir compte du message qu’il venait de délivrer, et hélas sans prendre les mesures qui s’imposaient ?
En effet, il faut croire qu’il n’avait pas réellement tiré les conséquences de ses fulgurances car il ne prenait pas vraiment de décisions qui, à l’époque, auraient été bénéfiques pour notre survie sur cette belle planète.
Aujourd’hui, on le voit bien, les dirigeants des grandes puissances mondiales, Macron en tête, ne font pas grand-chose, sinon rien, à part de lancer des débats, voire de contester le changement climatique, et au lieu de prendre au sérieux les colères de Greta Thurnberg, une fois de plus, ils ne réalisent pas le danger réel que nous courrons...repoussant toujours à plus tard les décisions essentielles.
L’occasion de comprendre qui sont les réels détracteurs de la jeune militante suédoise.
C’est grâce à un document interne de Heartland que nous découvrons que derrière la campagne menée contre elle on trouve les 3 plus importants partis européens d’extrême droite, le RN (ex FN) de Marine le Pen, le AFD allemand, et l’UKIP britannique, avec en arrière-plan le EIKE (Institut Européen pour le Climat et l’énergie) et le CFACT-Europe (comité pour un Lendemain Créatif) organismes ayant comme socle la négation du changement climatique, ainsi que le décrit par le détail le journal « le grand soir ». lien
Mais revenons à Chirac.
Une certitude, l’homme était authentique, même si, comme beaucoup d’autres, il pratiquait le sport de la girouette, allant de la gauche communiste, lorsqu’il vendait l’Humanité, à la droite lorsqu’il portait aux nues Pompidou, en passant par les valeurs gaullistes dont il aimait se revendiquer.
Bon, l’affaire est entendue, l’homme était une bête politique... comme tant d’autres, mais on ne peut lui enlever qu’il était un « homme proche des français », ne pratiquant pas trop « la com », comme notre président actuel... et comme des présidents passés.
Pourtant le poète a toujours raison...
Comme le chantait Georges Brassens, dans son titre « le temps passé », « les morts sont tous des braves types ». lien
« Il est toujours joli, le temps passé, une fois qu’ils ont cassé leur pipe, on pardonne toujours à ceux qui nous ont offensé ».
En effet, Chirac était aussi « super-menteur », trahissant à tour de bras ceux qu’il portait auparavant aux nues... avant de les combattre... un certain Balladur en avait fait les frais.
L’homme qu’il avait qualifié « son ami de 30 ans » allait mordre la poussière dans la lutte fratricide qui l’opposa à Chirac. lien
Mais Balladur n’est pas le seul à avoir eu maille à partir avec Chirac... on peut ajouter dans la liste Chaban-Delmas, Valéry Giscard, et quelques autres.
On peut noter au passage le peu d’acuité politique de Marie-France Garaud, celle qui avec Pierre Juillet, avait permis la victoire de Chirac, lorsqu’elle avait déclaré : « je pensais que Chirac était du marbre dont on fait les statues, il est en fait de la faïence dont on fait les bidets ». lien
Et puis, au-delà de ses goûts pour la tête de veau et pour la bière, il était aussi un infatigable coureur de jupons, faisant porter de belles cornes à Bernadette qui alla jusqu’à confirmer dans son livre « conversation », (éditions Pocket). « Bel homme, et puis très enjôleur, très gai, alors les filles, ça galopait ».
Ses appétits sentimentaux l’avaient emmené au bord de la rupture, lorsqu’il avait fait une rencontre quasi fusionnelle avec la journaliste Jacqueline Chabridon, histoire qui s’était nouée autour de la fameuse tête de veau. lien
Celui que l’on avait affublé du sobriquet « 5 minutes, douche comprise », a accumulé les succès féminins tout au long de sa longue carrière.
Bernadette avait même songé à divorcer devant les frasques de son époux, et c’est seulement à cause de la religion que la catholique pratiquante qu’elle était, y avait définitivement renoncé.
C’est non sans humour que le président aujourd’hui disparu avait déclaré : « nous autres, les hommes, nous sommes les Cro-Magnon de la préhistoire. Toujours à chasser et à courir la gueuse... ». lien
S’il faut en croire Brigitte Bardot : « il m’appelait sa petite biche, me faisait un peu la cour et me déclarait que j’étais toute mignonne », avait-elle déclaré. lien
Au-delà de ses conquêtes féminines, sa plus belle victoire fut, peut-être, lorsqu’il mena le combat, en 2002, contre Jean-Marie Le Pen... victoire qui fut aussi une défaite, car il manqua singulièrement de sens politique en ne profitant pas de cette situation : il aurait pu réaliser une union nationale qui aurait été historique...
C’est à René Dosière qu’il faut prêter cette clairvoyance, lorsqu’il a déclaré récemment : « derrière la bonhomie du personnage, le revers de la médaille est qu’il n’avait pas politiquement une stature extraordinaire et qu’il changeait souvent d’avis. Il a été tantôt un gaulliste partisan de l’intervention de l’état, tantôt libéral tendance Thatcher. Il a beaucoup varié. Il a surtout raté la chance de 2002 lorsqu’il l’emporte contre Jean-Marie Le Pen à la présidentielle. Il aurait dû faire un gouvernement d’union nationale. Il est dommage qu’il ait reculé ».
Et Dosière d’enfoncer le clou en rappelant : « il restera le 1er maire de Paris, sans avoir vraiment transformé Paris...et il fut aussi le premier Président de la République à être condamné pour détournement d’argent public ». lien
On pourrait aussi regretter que le fervent protecteur des arts premiers que l’ex-président était, à l’origine du Musée du Quai Branly, encore appelé Musée des Arts Premiers, ne soit pas allé plus loin dans la défense du continent africain, car même si la France a finalement donné une relative liberté à nombre de ces ex-colonies, Chirac a paradoxalement entretenu des rapports d’amitiés avec certains dictateurs africains comme par exemple Omar Bongo, ou Gnassingbé Eyadéma, lesquels se sont maintenus au pouvoir plusieurs dizaines d’années, grâce au soutien du gouvernement français, comme l’écrit Francis Kpatindé dans les colonnes du journal « le Monde » : « Jacques Chirac protégeait les présidents africains les moins recommandables ». lien
Et qui a oublié sa scandaleuse sortie sur « le bruit et l’odeur » ?
Il s’en prenait aux familles d’immigrés, qui grâce « à ses 3 ou 4 épouses, et sa vingtaine de gosses qui touchaient 50 000 francs de prestations sociales sans, naturellement, travailler » lien
Ironie de l’histoire, Jacques Chirac, « l’homme à la tête de veau », comme le déclarait Jacky Durand, sur l’antenne de France culture (lien) a été enterré pas très loin d’un certain Serge Gainsbourg, « l’homme à la tête de choux », puisque c’est ainsi qu’il se décrivait. lien
Ce sont quand même les internautes qui auront le dernier mot, puisque l’un d’entre eux propose, en hommage à l’ex-président disparu de dissoudre l’assemblée nationale.
Pas sûr que Macron soit tenté.
Comme dit mon vieil ami africain : « les louanges amènent le chat à se prendre pour un lion ».
L’image illustrant l’article vient de tipux.com
Merci aux internautes pour leur aide précieuse
Olivier Cabanel
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