Alors que l’on parle beaucoup des Antilles ces derniers jours, quelques rappels salutaires sur l’outre-mer français, rédigés il y a quelques années, avec quelques commentaires d’actualité.
La France et le monde
Vaste programme… En fait, je veux vous parler de la France dans le monde, partout dans le monde grâce à ses derniers morceaux d’empire, expression qui fera bondir certains, ou bien, soyons sereins, à ses îles et autres territoires d’outre-mer.
Je n’ai pas la chance d’avoir visité chacun des départements, territoires et pays d’outre-mer ou autres collectivités territoriales ultramarines, mais, au fil du temps, je commence à en connaître un certain nombre. D’ailleurs, il est vraisemblable que je ne connaisse pas non plus chacun des départements de métropole.
Avant-propos : savoir que des crabes français batifolent dans les 400.000 km² de la zone économique exclusive française autour de Clipperton, atoll perdu dans le Pacifique, à quelques centaines de milles nautiques du Mexique, me comble de joie.
Plus sérieusement, l’existence de petits bouts de France sur presque chaque plaque tectonique de l’écorce terrestre constitue un atout majeur de notre pays s’il veut bien s’en servir. J’entends ou lis trop souvent que nos « DOMTOMPOM » sont d’abominables pompes à fric, boulets et repaires de concitoyens ingrats. Pour plusieurs raisons diamétralement différentes, un certain nombre de Français, métropolitains ou ultramarins, pensent que la France doit abandonner ces dernières scories d’un empire qui nous a causé bien des soucis. Ces raisons sont d’ordre racial, idéologique ou budgétaire et me semblent toutes infondées et dangereuses. A ceux qui viendront m’en exposer, je répondrai de façon circonstanciée avec plaisir, ne voulant pas ici clore un débat que je cherche justement à ouvrir.
Voici les raisons pour lesquelles notre outremer me semble constituer une bénédiction :
- il est beau !
- il est stratégiquement très bénéfique (ex. Kourou) ;
- il est riche ou potentiellement riche et offrirait à notre pays une palette complète de productions agricoles et minières si la France ne renonçait pas à protéger quelque peu ses capacités des assauts de la mondialisation (je pense par exemple à la banane antillaise) ;
- il est une vitrine de notre pays qui, malgré ses carences, contraste singulièrement avec les pays environnants, en Amérique ou dans l’océan indien en particulier ;
- il nous assure que, malgré son triste recentrage euro-méditerranéen, la France continue vaille que vaille à s’intéresser à toutes les régions du monde (pas toujours bien, mais ça peut changer) ; en d’autres termes, l’outre-mer est la garantie que la France reste, même à son corps défendant, une puissance mondiale qui compte ;
- il est aussi la preuve quotidienne que les Français ne sont pas racistes : mes compatriotes noirs, mélanésiens, amérindiens, indiens ou chinois sont aussi français que moi qui suis blanc : ils disposent des mêmes droits et peuvent venir s’installer en métropole comme je peux aller m’installer dans n’importe lequel des « DOMTOMPOM ». Leur attitude à l’égard de l’immigration (surinamienne, brésilienne ou haïtienne en Guyane ou comorienne à Mayotte entre autres exemples) est une source d’enseignements pour nous : eux ne faiblissent pas et l’on expulse au moins deux fois plus de clandestins outre mer qu’en métropole !
Au total, gardons-nous des réactions d’humeur à l’égard de l’outre-mer, lesquelles sont fort mal vécues par nos compatriotes éloignés. Pressons le gouvernement d’envisager la gestion de ces territoires sans paternalisme et sans complaisance et d’éviter les facteurs de division tel que le gel du corps électoral en Nouvelle-Calédonie, qui est une violation flagrante de l’égalité des citoyens. Remettons à leur juste place, somme toute assez marginale, les poussées de fièvre indépendantistes dans tel ou tel morceau du territoire français, ultramarin ou métropolitain, et valorisons la terre qui est la nôtre avec audace, intelligence et humanité.
Commentaires :
L’instrumentalisation des propos malheureux d’un vieux Béké de la Martinique par quelques médias (en particulier le Monde) est irresponsable et constitue un véritable appel à la haine raciale.
L’économie des Antilles, comme celle de la plupart des collectivités d’outre-mer ne pourra fleurir qu’au moyen d’une certaine dose de protectionnisme, parfaitement légitime pour assurer la cohésion nationale.
Il n’y a aucune stratégie gouvernementale pour l’outre-mer et le sarkozysme, dans ce domaine comme dans tant d’autres, est un vide sidéral.