Et si c’était Manuel Valls ?
Manuel Valls pourrait être le candidat de la gauche à la présidentielle de 2012. Son parcours plaide en sa faveur.
Le Parti Socialiste doit élaborer son programme, à moins de deux ans de la présidentielle, dans tous les domaines de l’exécutif, du législatif et du judiciaire.
En matière de sécurité, François Rebsamen va présider une commission qui doit plancher d’octobre à février 2011. Pour les retraites des idées directrices ont été élaborées.
Un programme, un projet.
Le projet socialiste devra être celui du P.S. mais aussi servir de base programmatique à toute la gauche qui devra se grouper autour du premier parti de l’opposition. Il faudra trouver des solutions fédératrices pour entrainer des électeurs du P.C., du Parti de Gauche, du N.P.A.,de Lutte Ouvrière, d’Europe Ecologie, des Verts,soit au premier tour, soit au second.
L’antisarkozisme ambiant ne pourra à lui seul servir de politique.Les deux mots"république "et "progrès"ne suffiront pas. Il faudra trancher sur une ligne claire et opérationnelle.
Gérard Collomb, maire de Lyon, ancien soutien de Ségolène Royal, a bien mis l’accent sur les deux lignes qui se font jour au P.S., l’une qui nie les déficits, qui parle d’augmenter la dette publique, qui a la volonté de mener des politiques de relance, l’autre qui prend en compte les déficits, qui veut une politique européenne forte.
Sur la politique étrangère, il reste aussi beaucoup à faire, si on se réfère aux réactions à la déclaration du Président de la République, devant les ambassadeurs, sur le maintien des troupes françaises en Afghanistan. Pour Ségolène Royal il faut"un calendrier de retrait", pour François Hollande "une redéfinition du rôle de la France".
Une fois ce programme élaboré, il faudra un ou une leader pour le porter. Aujourd’hui choisir le candidat ou la candidate à l’élection présidentielle n’est pas d’actualité.Le P.S. attend l’organisation des primaires fin 2011, primaires dans lesquelles les militants, les sympathisants devront choisir démocratiquement.
Tout un chacun voit bien qu’il y a des candidats de première ligne (Martine Aubry, Ségolène Royal, Dominique Strauss-Kahn) et des candidats de deuxième ligne(François Hollande, Pierre Moscovici, Manuel Valls).
Le candidat socialiste quel qu’il soit devra afficher sa compétence, son attachement aux valeurs socialistes, son charisme (les présidents passés ont tous été peu ou prou charismatiques, que ce soit Charles De Gaulle, François Mitterrand, Jacques Chirac ou Nicolas Sarkozy).
En 1981 François Mitterrand s’était inscrit dans la tradition socialiste avec un P.S. rénové mais ancré dans la rupture avec le capitalisme. Ses interventions mobilisaient les foules et son incompétence en matière d’économie ne lui avait pas nui : le dernier quart du 20ème siècle n’était pas encore marqué par l’économisme indispensable. Sa stature avait imposé à tous un programme commun auquel avait adhéré même le parti communiste.
A Lionel Jospin en 2002 avait manqué non la compétence et l’ancrage dans le parti dont il avait été le premier secrétaire,mais son bilan déficitaire en matière de réformes en période de croissance propice, en matière de sécurité et...son absence de charisme.
Les prétendants.
- Martine Aubry première secrétaire du P.S. a été aux commandes en tant que ministre de l’emploi et de la solidarité dans le gouvernement de cohabitation de Lionel Jospin.
- Ségolène Royal a mené la campagne de 2007 avec 47% des électeurs votant pour elle au deuxième tour.
- Dominique Strauss-Kahn directeur du Fonds Monétaire International affiche sa compétence économique indubitable.
- François Hollande, onze ans à la tête du P.S. a gagné toutes les élections sauf les présidentielles.
Ces quatre candidats ont un handicap : ils font partie du carré des éléphants anciennement dénoncés.
Deux candidats ne font pas à tort ou à raison partie de ce sérail : Pierre Moscovici mais il s’est affiché strauss-kahnien et il sera candidat à la candidature si son mentor n’est pas lui-même sur les rangs ; et... Manuel Valls.
Sa biographie fait apparaitre divers points qui jouent en sa faveur. 48 ans,naturalisé français d’origine espagnole ; maire d’Evry où il n’a cessé de lutter depuis 2001 contre la ghettoïsation des populations émigrées, réélu avec 70% des voix ; député de l’Essonne depuis 2002, réélu avec 60% des voix.
Un grand-père républicain espagnol, des parents artistes renommés.
Partisan dans les années 80 de Michel Rocard et de la deuxième gauche qui s’opposait à François Mitterrand il fut conseiller du même Michel Rocard pour les problèmes étudiants.
Elu à 24 ans au Conseil Régional d’Ile de France, il en sera vice-président. Il fut chargé de la communication au cabinet du premier ministre Lionel Jospin.
Sans tabou
Il s’est plusieurs fois déclaré "blairiste" ( du nom du premier ministre anglais Tony Blair), voire "clintonien" (du nom du président américain démocrate Bill Clinton).
Il met au coeur de ses préoccupations la refondation du socialisme en France, en insistant sur la responsabilité individuelle et le refus de l’assistanat. Dans le débat actuel sur les retraites, l’allongement inéluctable du nombre d’années de côtisation ne lui fait pas peur (si l’on veut bien prendre en compte la pénibilité du travail). Partisan d’un idéal laïque au sein de la société, les quotas d’immigration ne sont pas un tabou pour lui et les opposants aux O.G.M. et au nucléaire ne lui semblent pas apporter de vraies solutions. La légalisation encadrée du cannabis, proposée par son "camarade" Daniel Vaillant, ex ministre de l’intérieur, lui a semblé incongrue.
En 2007 il a été un des lieutenants de Ségolène Royal avant de se démarquer, tout en demandant, après le congrès de Reims, que les tribunaux jugent les fraudes électorales au sein du P.S.
En juin 2009 il a annoncé son intention d’être candidat aux primaires pour la présidentielle de 2012 ; et il a créé un club "à gauche, besoin d’optimisme" qui donne aussi son titre à son blog qui doit populariser ses idées. Il sera d’ailleurs vertement tancé par Martine Aubry.
3 ouvrages, parmi d’autres publiés par lui, donnent une juste idée de son engagement, de son cheminement et de ses propositions : "les habits neufs de la gauche", "pour en finir avec le vieux socialisme", et le plus récent, en 2010 "pouvoir".
Conscient que le sectarisme n’est pas porteur d’avenir, que l’anti-sarkozisme ne peut constituer une politique, alors que les sondages sont dubitatifs sur les solutions que pourrait apporter le P.S., il se méfie de tout bonapartisme : en s’exprimant sur Europe1 il a considéré que c’était une idée absurde de croire que les 59% portés au crédit de D.S.K. au deuxième tour de la présidentielle étaient d’ores et déjà un gage de succès (qu’on se rappelle Edouard Balladur, donné vainqueur, quelques mois avant les élections qui ont vu le succès de Jacques Chirac). Les primaires doivent faire apparaitre les projets des uns et des autres.
Manuel Valls s’intitule lui-même "un outsider déterminé", ayant envie d’agir.
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