Et si François Hollande était l’homme de paille du PS
Le Parti socialiste installera-t-il un régime de Directoire ?

Voici quelques jours, François Hollande avait présenté à la presse son équipe de campagne et à l’arrivée nous avons eu quelques surprises qui n’ont rien de bien positif pour voter allègrement socialiste les 22 avril et 6 mai 2012.
Alors dès maintenant, analysons la situation.
Pierre Moscovici très proche de Dominique Strauss-Kahn avant l’arrestation de ce dernier, a vite rallié François Hollande bien différent de DSK à tous points de vue politique. Pourquoi ? Une grande ambition personnelle qui le place aujourd’hui directeur de campagne pour la présidentielle, et certainement Premier Ministre si l’ancien secrétaire du PS est élu. Mais l’appétit de Monsieur Moscovici ne s’arrête pas uniquement à Matignon : coordinateur de la campagne des primaires de François Hollande, porteur d’une équipe de campagne dite de « rassemblement de toutes les sensibilités » de la famille socialiste, le député du Doubs compte bien avoir la direction des affaires et jouer dans les coulisses le rôle de Chef d’Etat.
Bien entendu, François Hollande s’est entouré de quelques-uns de ses propres, tels que Jean-Marc Ayrault, Président du groupe PS à l’Assemblée Nationale, Michel Sapin, Claude Bartolone ou encore Julien Dray, l’un de ses discrets fidèles. Mais dans la réalité, comment la situation va évoluer ?
Monsieur Hollande pense disposer autour de lui d’une garde rapprochée : en apparence, on pourrait l’imaginer, mais concrètement tout est bien différent avec la lourde présence de Martine Aubry toujours patronne du PS qui en temps opportun, saura mettre en porte-à-faux son ancien adversaire comme elle voulut le faire à maintes reprises lors des débats télévisés de la primaire.
Quant aux autres participants autour du candidat aux présidentielles, ils sont assez insignifiants ou tout au moins sans grande envergure : Jean-Yves Le Drian pour la défense nationale, André Vallini pour la justice, François Rebsamen pour la sécurité, Kader Arif pour la coopération, Alain Rousset pour la production, autant d’hommes qui ne feront pas grand poids s’ils parviennent à décrocher un jour leur portefeuille de ministre. Un petit bonus toutefois pour Marisol Touraine chargée du social, Jérôme Cahuzac délégué au budget, mais aussi pour Vincent Peillon responsable de l'éducation et de recherche.
Et puis il y a aussi ceux qui s’imposent à François Hollande dès aujourd’hui et qui exerceront par la suite une forte pression sur le député corrézien s’il est élu à la fonction suprême : Il s’agit notamment de Manuels Valls bien décidé à dicter ses propres idées, et de Jean-Michel Baylet issu du tout petit parti des radicaux de gauche, mais déterminé à se faire une place dans le PS malgré ses maigres résultats aux primaires socialistes.
Enfin, il y a les « vieux de la vieille », les anciens poids lourds de l’époque mitterrandienne qui se feraient presque oublier afin de ne pas gêner l’arrivée de la gauche au pouvoir, mais qui restent toutefois bien présents et qui reparaîtront au moment de la distribution des cartes.
Sans aucun doute, la plus surprenante des surprises se situe dans l’absence de Ségolène Royal et surtout d’Arnaud Montebourg dans la campagne électorale. Pour quels motifs ? Seul François Hollande pourrait sans doute nous le préciser et nous en donner les bonnes raisons.
En tout cas, l’erreur est grande et risque de le gêner dans son accession au pouvoir.
En résumé, le cas « Hollande » reste particulier et très sincèrement jusqu’à ce jour, nous n’avons pas encore eu l’impression que François Hollande était de l’homme de la situation, l’homme qui dirige véritablement une équipe pour accéder au pouvoir contrairement à ce que nous avons connu avec François Mitterrand, Jacques Chirac et dernièrement Nicolas Sarkozy.
Dans une période de crise et de grandes difficultés où plus que jamais le Pays doit être conduit par un Chef d’Etat charismatique, puissant et volontaire, François Hollande fait figure d’un homme hésitant et timoré. Non pas qu’il ne possède pas de qualités sérieuses pour ses idées et ses souhaits pour changer la France ; mais certainement il n’aura pas la force d’imposer un projet politique qui lui échappe face à une opposition virulente certes, mais aussi face à son propre camp dont les thèmes de réformes sont bien différents des siens.
François Hollande, homme de paille du Parti Socialiste ? Nous pouvons le craindre quand nous connaissons parfaitement les divergences qui existent au sein du PS, mais surtout quand nous découvrons les immenses ambitions qui animent les nouveaux loups du Parti.
En conclusion, si la gauche gagne et en particulier l’équipe socialiste, une première politique pourrait avoir lieu en France : l’arrivée à la présidence de la République d’une poignée d’hommes du Parti Socialiste dirigeant la France avec leur porte-parole officiel en la personne de François Hollande.
Les décisions seraient prises dans une sorte de Directoire pouvant s’identifier à celui de la Première République, ce qui finalement pourrait être le meilleur pouvoir politique républicain que l’on n’ait jamais eu depuis.
Pierre-Alain Reynaud
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