Et si François Hollande osait faire les « vraies » réformes ?
Suicidaire et quasi-certitude de perdre toute chance de se faire réélire en 2017 ?
Et si c’était, a contrario, la meilleure stratégie pour obtenir un deuxième mandat de cinq ans.
Aujourd’hui, la gauche est divisée et écartelée entre ses différentes chapelles présentant un virulent front de refus à la politique de François Hollande. De Jean-Luc Mélenchon à Cécile Duflot, englobant les restes d’un parti communiste moribond et, plus préoccupant, un noyau dur grandissant de frondeurs, ces factions créent une cacophonie qui brouille le message présidentiel et complique sa stratégie de reconquête de l’électorat.
La droite n’est pas mieux lotie, déchirée entre libéraux mondialistes et étatistes colbertistes, cette veille droite quelque peu archaïque semble bien plus intéressée par l’accession personnelle au pouvoir que par l’élaboration d’un programme de modernisation cohérent.
Il y a beaucoup trop de chefs à droite, de Nicolas Sarkozy à Alain Juppé en passant par François Fillon, Bruno Lemaire ou Xavier Bertrand, tous parlent de l’union nécessaire mais ne pensent qu’à leur propre destinée.
Droite et gauche nous offrent un spectacle désolant et un affligeant déficit de vision et de vrai programme de modernisation, c’est le sempiternel drame français qui malheureusement aujourd’hui ouvre un boulevard à la montée des extrémismes.
Alors, quand tout est dévasté, la gauche, la droite, la crédibilité du système politique dans son ensemble, le risque « d’oser »n’est peut-être pas aussi grand qu’il y parait.
L’habileté désormais n’est plus dans les réformettes et autres demi-mesures ni dans les continuelles reculades des timides avancées de changement : taxe sur les transactions financières, réforme territoriale, taxe poids lourd, arrêt de la centrale de Fessenheim, modification des concessions autoroutières, la liste est malencontreusement longue !
Il n’est plus temps de jouer les illusionnistes et de continuer à gouverner au fil de l’eau en attendant de pouvoir s’attribuer les mérites d’une situation favorable due à des facteurs exogènes (baisses de l’euro, du pétrole et des taux d’intérêt) et pour laquelle on n’y est pas pour grand-chose.
Les français ont atteint aujourd’hui le point de rupture et ce ras le bol, toutes classes sociales confondues, limite fortement les marges de manœuvre pour la deuxième partie du quinquennat et ce d’autant plus que 75% des Français ne font plus confiance à François Hollande.
Quitte à être impopulaire, en butte aux virulentes critiques de sa majorité et rejeté par les citoyens qui l’ont élu, autant que ce ne soit pas pour rien ! Ce ne serait certainement pas pire s’il réformait « vraiment ».
Le toujours plus de dépense publique est l’un des fondamentaux du dogme socialiste mais quand elle représente 57% du produit intérieur brut de la France et continue à produire du déficit et de la dette sans réussir à réduire le chômage ni améliorer le niveau de vie de nos concitoyens, le bon sens se rebiffe et aspire à la réduction impérative et courageuse de ces dépenses.
Et électoralement cette politique peut être gagnante pour celui qui la décide car le clivage aujourd’hui n'est plus vraiment entre gauche ou droite mais entre conservateurs et réformateurs.
Vu les railleries, persiflages et vilipendes de tous bords, si François Hollande réformait vraiment il n’aurait vraisemblablement guère plus d’ennuis et les effets positifs de « vraies » réformes pourraient encore se faire sentir avant 2017, lui en attribuant tout le mérite.
De plus, l’ironie perverse d’une telle stratégie serait de faire émerger une gauche moderne de gouvernement démontrant sa capacité à exécuter avec succès les nécessaires réformes que la droite a été incapable de mettre elle-même en place lorsqu’elle était au pouvoir et, de la sorte, François Hollande ringardiserait la vieille gauche dogmatique d’un autre siècle et asphyxierait une droite républicaine qui se verrait privée de ses principaux éléments de programme pour sa reconquête du pouvoir.
Il convient juste de ne pas oublier que, contrairement à d’autre pays conscients des effets dévastateurs que pouvait avoir la mondialisation faute de réformes massives, la France a un grave penchant naturel pour le conservatisme, le corporatisme, le tout état et le refus à se voir enlever toute once d’avantage acquis. Ajoutez à cela une administration toute puissance paralysant par sa bureaucratie toute décision gouvernementale qui lui déplait et vous obtenez un cocktail explosif requérant résolution, opiniâtreté et conviction politique à celui qui veut réformer en profondeur.
Et si François Hollande osait faire les « vraies » réformes, il devra alors l’expliquer aux Français encore et encore en montrant que la France n’est plus gouvernée par un habile politicien mais par un homme d’Etat visionnaire soucieux de donner un avenir meilleur à ses concitoyens.
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