Et si la République démocratique du Congo (RDC) redevenait le Zaïre ?
L’ex-Zaïre, actuel République démocratique du Congo (RDC) est le plus vaste Etat d’Afrique (2 345 409 km2 ) avec une population estimée à 54 millions d’habitants, soit une densité de 22,4 hab/km2 . Fait majeur, ce pays est traversé par deux fuseaux horaires, ce qui lui confère la particularité de disposer de deux heures différentes, ce qui a des conséquences fortes, intéressantes sur le plan économique.
Véritable scandale géologique, le sous-sol de ce pays renferme des minerais rares (uranium, diamant, manganèse et bien d’autres) ; mais par les querrelles des politiciens, il est, aujourd’hui, un mastodonte au pied d’argile.
Au commencement : ancienne propriété du roi Léopold II de Belgique, la RDC accède à l’indépendance en 1960. Très vite, la nébuleuse impérialiste jette son dévolu sur ce jeune pays aux potentialités économiques hors pair... Le tout jeune Premier ministre, Émeri Patrice Lumumba, est assassiné par Joseph Désiré Mobutu après un scénario monté et planifié par la CIA. Durant près de trente ans, ce dernier, qui est devenu Mobutu Seseko Wakabamba, règne en monarque absolu, avec le soutien actif des Américains qui le considèrent comme un bouclier face à la menace d’une percée soviétique présente à leurs yeux en Angola. La toute-puissance zaïroise s’affirme en Afrique : on le voit au Tchad,, au début des années 1980, faire face aux troupes du colonel Kadhafi ; menacer la Belgique de représailles économiques, si elle ne la considère pas à sa juste valeur. A plusieurs reprises, les relations belgo-zaïroises sont au bord de la rupture, du fait des ingérences répétées de l’ancienne puissance colonisatrice dans les affaires de ce pays.
Menaces. Ce régime fait face à trois tentatives d’invasion armée : la première en 1978, par les ex-gendarmes katangais fidèles à Patrice Lumumba qui envahissent le Sud du pays ; il a fallu l’intervention des Marocains et des parachutistes français pour mettre fin à cette rébellion.
La seconde, au début des années 1985 est très vite maîtrisée par les troupes du maréchal-président.
Affaibli par la maladie et abandonné par les Américains au début des années 1990, au moment de la fin de la Guerre froide, qui a vu disparaître la menace soviétique, Mobutu ne résiste guère à l’assaut des troupes de Désiré Kabila, soutenu par l’Ouganda et le Rwanda qui marchent sur Kinshassa en 1999, sonnant le glas de la fin de ce desposte. On assiste alors à une éphémère transition qui, contre toute attente, brade l’unité nationale, avec ses Banamoulingués soutenus par l’Ouganda et le Rwanda dont les troupes occupent le sud du pays ; un autre leader, Jean Pierre Mbemba, s’autoproclame souverain à Badolité, ville historique et natale de Moubutu, où jadis il se livrait à ses frasques de suzerain nègre...
La communauté internationale sous l’égide de l’ONU, malgré les résolutions et les sanctions, n’arrive pas à faire de ce pays ce qu’il était jadis. A la mort de Désiré Kabila, victime d’une révolution de palais, son fils, Joseph Kabila, contre toute attente, est coopté pour le remplacer. C’est le statu quo, malgré les efforts de l’ONU qui, après moult atermoiements, arrive à faire accepter aux uns et aux autres l’idée de la constitution d’un gouvernement d’union nationale auquel plusieurs chefs de guerre participent. La communauté internationale a réussi à fédérer autour du pouvoir central congolais les différentes forces militaro-politiques du pays, à arrêter un calendrier pour les différentes élections, qui d’ailleurs viennent d’être repoussées en raison du refus d’y participer de certains leaders historiques, tel Etienne Tsitshekedi, inquiet de l’absence de garantie de transparence nécessaire à la régularité de la procédure.
Les inquiétudes. La disparition de Mobutu a laissé planer sur ce pays un phénomène jadis inconnu : le repli nationaliste... En effet, les combattants de l’armée de Désiré Kabila étaient constitués des Ougandais et des Rwandais... Ce sont ces derniers qui se retournent contre lui, sitôt la victoire contre Mobutu assurée. Pour beaucoup d’observateurs, les promesses non tenues sont à l’origine de ce revirement ; du coup, des Congolais, nés au Rwanda ou en Ouganda, revenus au pays après la chute de l’ancien régime, sont considérés comme des étrangers. C’est un des casse-tête des futures élections, surtout de la présidentielle : on dénie à certains leur "congolité"... Le syndrome ivoirien a peut-être fait tache d’huile ?
Du coup, on se rend compte que Mobutu, malgré ses extravagances, sa dictature hors normes, avait eu le mérite de réaliser la construction nationale et de préserver l’intégralité territoriale. Dans les années 1980, on imaginait mal l’Ouganda ou le Rwanda faire face à la puissance de feu des troupes de Mobutu, notamment de sa fameuse Division spéciale présidentielle ! Ce qui aujourd’hui est le sport préféré de ces deux pays, qui au gré de leurs humeurs occupent le sud du Congo à leur guise, méprisant régulièrement l’un des principes fondamentaux de la charte de l’ONU qui recommande "le respect de l’intégrité territoriale de chaque nation". C’est la reconstruction nationale, l’unification du pays que cherchent les autorités politiques congolaises . Le Congo actuel voudrait, au moins dans ce domaine, redevenir le Zaïre.
Même si le bilan du régime autocratique de Mobutu est à condamner sans ménagements, à cause de sa politique répressive, de la négation de toute forme de liberté, du pillage systématique de l’économie congolaise, il n’en demeure pas moins vrai que ce pays, vaste comme un continent, avait toujours conservé son intégrité...
Qui ne se souvient pas de la très puissante DSP, troupe d’élite de l’armée zaïroise, garante de la toute-puissance de ce pays ? De la voix du Zaïre dont les ondes inondaient toute l’Afrique, et le monde entier, à l’exemple de RFI ou de la voix de l’Amérique ?
De la monnaie zaïroise dont le taux de change au tout début attirait de l’admiration ?
La RDC voudrait redevenir le Zaïre à l’epoque de sa toute-puissance...
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