Et si Nicolas Sarkozy, en cas de réélection, n’obtenait pas de majorité parlementaire ?
Alors que je travaillais sur un article à venir pour dire tout le bien que je pense de la proposition de réforme constitutionnelle par voie référendaire proposée par Bayrou, j'ai réalisé que Nicolas Sarkozy risquait en cas de réélection de ne pas avoir de majorité parlementaire.
Si Nicolas Sarkozy est réélu, ce serait pour de mauvaises raisons. Comme Georges Bush, on garde le capitaine dans la tempête. Il serait élu par défaut et non par adhésion. Alors, comment obtenir une majorité parlementaire ? En effet, il existe deux règles électorales.
Règle n°1 : On vote pour ceux qui ont déjà un mandat électif.
On parle toujours du cumul horizontal, c'est-à-dire plusieurs mandats à un temps donné mais jamais du cumul vertical, c'est-à-dire l’enchaînement des mandats les uns à la suite des autres et devenir un professionnel de la politique. C'est ridicule et cela empêche le renouvellement démocratique mais c'est un fait (expérimenté à mes dépens sur une liste régionale). Il suffit de lire le CV des nouveaux députés de 2007, ils ont presque tous un mandat. Étant donné que le Sénat est passé à gauche du fait de leur nombre d’élus, les socialistes ont un vivier de jeunes élus et peuvent respecter la parité. L'UMP, en 2007, a préféré payer l'amende.
Règle n°2 : Pour une réélection, l'impasse sur le bilan est impossible.
Le président ne serait pas réélu sur son bilan mais quel député aura le pouvoir de persuasion, de conviction dans les vérités multiples de Nicolas Sarkozy.
Ces députés ont voté comme un seul homme des lois retoqué par le Conseil constitutionnel. Il suffit de taper dans Google « lois retoquées conseil constitutionnel » et l'on trouve : négation du génocide arménien, 13 dispositions sur la sécurité intérieure (loppsi 2), 30 articles sur 65 (loi Fourcade) et un article de Marianne2 qui date (2 août 2010) et pourtant, n'a pas perdu de son acuité : http://www.marianne2.fr/Sarkozy-president-le-plus-retoque_a195984.html avec une conclusion implacable : « Un autre aurait fini par ne plus s'y risquer. Pas Nicolas Sarkozy qui, au contraire, a choisi d'aller plus loin en proposant une loi ouvertement en contradiction avec la Constitution. Une preuve de plus que le président est un homme de moment, de gesticulation, de verbiage. Mais pas d'action. » On ne saurait mieux dire. Il vient encore de le démontrer à la mort de Mohamed Merah où au lieu de s'exprimer en président, il s'est exprimé en candidat en ne proposant seulement que trois nouvelles lois.
Quels sont les députés qui ont réagi aux tests ADN à l'automne 2009 et ont dû encaisser le désaveu de leur président deux après : « tout le monde sait que les tests ADN ne servent à rien » ? Ils n'ont pas davantage réagi aux discours suivants :
« Le drame de l'Afrique, c'est que l'Homme africain n'est pas assez entré dans l'Histoire. »(Dakar)
« Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur. » (Latran)
« Enfin, il faut le reconnaître, je me dois de le dire, nous subissons les conséquences de 50 années d'immigration insuffisamment régulée qui ont abouti à un échec de l'intégration. Il a marché. Il ne marche plus. Je ne me suis jamais laissé intimider par la pensée unique. Il est quand même invraisemblable que des jeunes gens de la deuxième, voire de la troisième génération, se sentent moins Français que leurs parents ou leurs grands-parents. Tous ici vous pourriez en porter témoignage. Tous. Tous vous avez des exemples. Pourquoi ne le dit-on pas ? On a peur ? Moi ce n'est pas de faire le constat qui me fait peur, c'est la réalité. Nous n'avons pas le droit à la complaisance en la matière. » (Grenoble)
À ma connaissance, deux députés ont quitté l'UMP au cours de la législature et ont rejoint les rangs des non-inscrits. René Cuanau est député maire de Saint-Malo et il soutient le candidat UMP dissident. Daniel Garregue, député et conseiller général de Bergerac, soutient François Bayrou pour cette élection.
Petits arrangements avec ses administrés
Voici trois exemples tirés de régions que je connais où le député UMP essaie de garder une conviction personnelle face au rouleau compresseur idéologique partisane.
Michel Piron (Maine et Loire) a mené la fronde pour la disparition du bouclier fiscal mais cela s'est fait par la modification de l'ISF. Il s'agissait de compenser la perte financière des assujettis.
La grande idée de l'UMP est de privatiser une route nationale (RCEA : Route Centre-Europe Atlantique) sans itinéraire alternatif qui traverse la Saône et Loire et l’Allier. La réaction du sénateur-maire Courtois (Mâcon) et du député-maire Nesme (Paray) est pitoyable. Ils essaient de faire croire que la gratuité serait possible pour les résidents du département. Seul Gérard Voisin (député de Mâcon) a eu une proposition intéressante de redéployer la taxe carbone sur les poids lourds pour la mise en 2x2 voies de la RCEA, excellente idée reprise par Montebourg et le Conseil Général 71 mais reçue avec dédain par Nathalie Kosciusko-Morizet.
Marc Le Fur est le seul député UMP des Côtes d'Armor. Il s'est fait connaître pour son combat contre l'ouverture des commerces le dimanche. Si les catholiques pratiquants vont voter à 70% pour Sarkozy (mariage homosexuel, quotient familial, âge des catholiques pratiquants...), il faut différencier avec ceux de culture catholique. Le grand Ouest est de culture centriste (pas forcément UDF MoDem mais droite et gauche modérées). Les extrêmes y sont bannis, le Front National sans pouvoir de nuisance. Il faut reconnaître que le taux d'immigration y est faible aussi. Le Fur s'est opposé à l'ouverture au nom de la préservation familiale et non pour des raisons économiques. Sarkozy, à la mi février voulait davantage de déréglementations, avant de faire volte-face à la mi mars. Malgré ce combat, Marc Le Fur a peu de chance d'être réélu car il a face à lui le maire de Lamballe, ville de plein emploi (chômage inférieur à 5%).
En guise de conclusion provisoire
Nicolas Sarkozy en empêchant ses parlementaires d'exister, en utilisant le Parlement comme outil, a laminé ses soutiens. Plusieurs fois, des lois ne sont pas passées directement pour cause d'absentéisme et les socialistes étaient très fiers de leur coup médiatique. Je cite des exemples de Bretagne, Bourgogne, Pays-de-la-Loire mais je suis sûr qu'au quotidien, vous pouvez constater le rétropédalage, la dichotomie des discours de vos élus et leur vote à l'Assemblée Nationale.
Beaucoup de personnes refusent de voter François Bayrou car il n'aurait pas de majorité, je pense que cet argument est fallacieux car celui qui n'aura pas de majorité est Nicolas Sarkozy.
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