Être Jeune et Gaulliste en 2010 : Vincent Minville (4/8)
Il est clair que l’on ne se lève pas un matin en s’affirmant gaulliste parce que ça sonne bien !
Pour ma part, c’est le résultat d’un long cheminement idéologique personnel que j’ai entamé très jeune, vers 11 ou 12 ans, lorsque mon grand-père, qui voyait que je me passionnais à la fois pour l’Histoire et pour l’actualité, m’a fait un cadeau que je garde encore précieusement aujourd’hui : les quatre volumes, qui me paraissaient alors gigantesques, d’un immense ouvrage, L’Homme du Destin, de Michel Droit, en ajoutant seulement, "ça, c’était un grand homme !".
Ces quatre grands blocs de papier à la couverture de cuir m’ont alors intrigué et j’ai fini par les dévorer en très peu de temps et, moi aussi, j’ai pu dire "oui, c’était un grand homme !", un rebelle, un visionnaire, un esprit libre qui a fait tant de choses pour son pays.
Puis j’ai lu les Mémoires d’Espoir du Général, et des dizaines et des dizaines de livres à son sujet.
Pour moi, c’était évident, il fallait continuer son action, retrouver son bon sens, ce service permanent de l’intérêt général, que tant d’hommes politiques avaient oublié ; alors oui, c’était décidé, j’étais gaulliste !
Et quand enfin j’ai été en âge de voter, je ne me suis pas gêné pour l’affirmer haut et fort !
Ce n’est pas une attaque de ma part, mais certains l’affirment. Par méchanceté ou après réflexion, je ne sais pas. Tout dépend de la personne qui le dit, peut-être. En tout cas, il y a de fortes chances pour que les lecteurs d’AgoraVox aient entendu ce genre de propos, je vous pose donc la question : le gaullisme n’appartient-il pas à l’Histoire, au passé ? Le gaullisme n’est-il pas mort avec le Général de Gaulle ?
Si les idées devaient disparaître à chaque fois que leurs créateurs meurent, on en serait encore à l’âge de pierre !
Oui, une part du gaullisme appartient bien évidemment à l’Histoire, on l’a encore vu récemment lors des commémorations de l’Appel du 18 juin 1940, les Français sont encore attachés à cette grande figure.
Mais le Général De Gaulle ne se limite pas à ce personnage lointain que la pensée unique tente d’ériger en mythe depuis quelques années, pour mieux le faire disparaître tout simplement parce que bon nombre de ses idées dérangent encore !
Qu’en est-il de cette volonté permanente de rassemblement face à la montée des communautarismes aujourd’hui ; de la défense de l’Indépendance, de la grandeur de la France ; où en est-on avec le système de Participation que voulait mettre en place le Général ?
Rien que ces trois exemples nous démontrent que bien des idées du Général De Gaulle ont été bafouées, voire volontairement oubliées.
Et il y en a tant d’autres !
Tout en les adaptant à notre époque, il est de notre devoir de mettre ces questions au centre du débat politique.
Et puis, on ne peut pas dire que le libéralisme qui date du XVIIIème siècle et le socialisme du XIXème soient des idées plus modernes que le gaullisme !
Qu’est-ce qu’être gaulliste aujourd’hui ?
Je crois que j’ai déjà répondu à cette interrogation à travers les questions précédentes, mais pour expliquer plus rapidement cet engagement, je peux vous citer quelques notions qui, selon moi, déterminent bien l’action d’un gaulliste aujourd’hui : la recherche de la cohésion nationale ; le service de l’intérêt général ; ce souci permanent de progrès, qui ne peut aller sans ordre ; la garantie de la liberté et de l’indépendance de la Patrie ; l’affirmation de la grandeur sociale, culturelle, industrielle de la France face à une mondialisation qui cherche à "standardiser" et effacer ces grands principes.
Voilà ma conception du gaullisme d’aujourd’hui.
Il y a des gaullistes dits de Gauche. J’en conclus qu’il y en a de Droite, bien que le gaullisme se soit toujours voulu social. Et vous ? Nicolas Dupont-Aignan a déclaré reconnaître venir de la Droite. Et vous ?
Vous allez sûrement penser que je me répète, mais l’action première d’un gaulliste, c’est de tenter de rassembler les Français parce qu’à chaque fois qu’ils ont pu le faire, ils sont parvenus à se dépasser et à faire de notre pays un grand pays.
Alors oui, il est vrai, et c’est logique dans notre système politique, que les citoyens sont plus ou moins influencés par un courant de pensée particulier ; en ce qui me concerne, je serais effectivement plutôt à droite, mais face aux grands défis qui nous attendent, il ne faut pas s’attarder sur ces clivages, et rien qu’à Debout la République, beaucoup l’ont compris et nous rejoignent après être passé dans telle ou telle officine de Droite ou de Gauche.
Ici, l’origine politique ne compte pas, et c’est la diversité de ces idées qui fait la richesse de notre mouvement, avec tout de même toujours une valeur en commun, que le Général de Gaulle a très tôt défini : l’intérêt supérieur de la Patrie.
Le Général de Gaulle a été considéré comme le sauveur de la France parce qu’il a permis de vaincre l’Occupant, ce nazi qui gazait des gens dans des camps. Aujourd’hui, les camps ont disparu, mais des gens sont expulsés dans des pays qu’ils avaient quittés pour échapper à la mort. La France, patrie des Droits de l’Homme qui, dans ses lois, par deux fois (1981 et 2007), a aboli la peine de mort, est un État qui renvoie des gens se faire tuer. Est-ce un échec dans la victoire sur le III° Reich ? Le rôle d’un gaulliste aujourd’hui n’est-il pas de rappeler que ce n’est pas parce que le nazi est allé très loin dans la barbarie que toute politique peut être menée tant qu’elle n’égale pas le degré d’horreur et d’injustice de ce dernier ?
Dire que la France renvoie des gens se faire tuer est totalement inacceptable, à quoi vous référez-vous pour affirmer de tels propos ? Je ne crois vraiment pas que le droit d’asile soit aujourd’hui remis en question en France ; et si vous faites allusion ici à la récente polémique à propos de l’expulsion de Roms, permettez-moi de trouver votre réaction plutôt démesurée.
Croyez-vous vraiment que les 300€ alloués à chaque Rom renvoyé dans son pays serve à financer son cercueil ?
Oui, nous nous devons de rappeler le droit à la dignité de chaque homme et il est vrai que quelques familles ont été plutôt malmenées au moment de leur expulsion et cela aussi, c’est inacceptable ; mais comparer tout cela au génocide commis par le III° Reich est purement anachronique et exagéré.
Le vrai problème soulevé par ces évènements a été, une fois de plus, la politique d’esbroufe du Gouvernement qui n’hésite pas à renvoyer des gens en situation irrégulière, qu’elle encourage à revenir dans sa non volonté de remise en cause de l’espace Schengen qu’elle s’évertue à défendre malgré tout.
Le Général de Gaulle était marié à une femme très catholique. Yvonne était très conservatrice. Et vous ? Votre gaullisme est-il débarrassé de toutes ces pensées qui sont qualifiées par certains d’arriérées ?
Comme je l’ai déjà dit, chacun peut être naturellement influencé par tel ou tel courant de pensée et il ne faut pas rejeter ces différents apports personnels ; c’est eux qui ont toujours fait la richesse de notre Nation.
Pour ma part, je ne confonds pas religion et politique ; nous sommes dans une République laïque et je pense que c’est l’un des meilleurs moyens que nos aînés aient trouvé afin de garantir la cohésion entre citoyens.
Je ne peux pas ne pas vous parler de Mai 68. Quelles revendications de ce mouvement-là reprenez-vous à votre compte ?
Pour être un poil provocateur et un peu gaulliste orthodoxe sur les bords, je pourrais vous répondre "la réforme oui, la chienlit non" ; mais plus sérieusement, si ce mouvement a effectivement contribué à une certaine "décrispation" de notre société, on a pu constater qu’il y a eu quelques dérives que les "soixante-huitards" eux-mêmes ont pu rejeter, en se complaisant aujourd’hui dans leur petite vie "pantouflarde" qu’ils décriaient tant hier...
Vous vous réclamez du Général de Gaulle. Un homme qui a dû fuir son pays pour échapper à une condamnation à mort avant d’échapper à un attentat lorsqu’il était le chef de l’État. Faire de la politique, c’est dangereux. Vous y pensez souvent ? Vous avez eu le malheur de le vérifier par vous-même ?
Je pense que l’époque a changé, s’il y a bien des dangers que nous devons affronter, ils diffèrent largement de ceux du Général (quoi qu’il a pu les connaître vers la fin de son mandat), parce qu’ils sont plus insidieux, parce qu’ils ne cherchent plus à tuer physiquement mais moralement : je pense aux attaques personnelles, aux lynchages médiatiques que nous pouvons un jour subir, aux atteintes à la vie privée, aux menaces sur la vie professionnelle.
Pour l’instant, je n’ai pas eu l’occasion de réellement connaître ce genre de pressions, et je ne me le souhaite pas !
Mais je sais que certains compagnons ont pu les expérimenter et que cela a été très difficile.
Vous êtes un militant de Debout la République et non de l’UMP. Ce dernier parti n’a rien de gaulliste ? Vraiment ? Quand ses adhérents se réclament du Général de Gaulle, ce sont des menteurs ? Quelle est votre différence avec l’UMP ?
L’UMP n’a absolument plus rien de gaulliste, ce n’est plus qu’un amas un peu difforme ; une sorte de soupe un peu indigeste avec un zeste de Droite sociale effectivement, mais aussi de libéralisme, de démocratie-chrétienne, sans âme, sans débats, sans idées ; c’est surtout la machine politique personnelle de Nicolas Sarkozy.
Je ne pense pas que ses adhérents se réclamant du Général soient des menteurs, je pense plutôt que ce sont des gens un peu déroutés par la disparition du RPR et qui, par défaut, ont choisi de rester à l’UMP, faute de mieux ; et c’est justement à nous de leur prouver qu’une alternative crédible existe, que les idées, que les valeurs qu’ils défendaient ne sont pas mortes, bien au contraire...
Pourquoi avez-vous choisi Debout la République ?
Si j’ai choisi DLR, c’est surtout pour Nicolas Dupont-Aignan, pour cet homme courageux qui n’a pas hésité à sortir du confort parlementaire dans lequel il aurait pu s’installer afin d’aller au devant des Français, pour leur proposer une autre vision, des solutions différentes, un nouvel espoir.
Au début, c’est vrai, nous n’étions pas nombreux, mais beaucoup de compagnons nous rejoignent désormais.
Nous avons confiance en lui, il a le charisme d’un homme d’État ; et j’ai hâte que les Français le découvrent mieux lors des prochaines élections présidentielles de 2012.
Et vos proches, que pensent-ils du gaullisme ? Comment vivent-ils votre engagement ?
Je ne suis pas issu d’une famille vraiment politisée ; certes ils ont leurs idées, mais à part quelques exceptions, ils ne sont pas encartés.
Mes proches me soutiennent bien sûr, mais à vrai dire, je pense qu’ils continuent à trouver ça étrange que je m’investisse autant pour défendre des idées.
Mais je crois qu’ils sont fiers.
Propos recueillis par Richard Patrosso
*Vincent Minville est aussi coordinateur régional DLJ Aquitaine et délégué DLJ Gironde. Il est âgé de 22 ans.
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