Fadela Amara : un coup de Kärcher et ça repart
Il est des naufrages qui n’en finissent pas. En atteste celui de Fadela Amara qui prend des allures de radeau de la méduse. Pour maintenir la tête hors de l’eau et tenter de sauver coûte que coûte son strapontin au gouvernement, la secrétaire d’Etat à la ville tente de regagner les faveurs du Chef de l’Etat en reprenant les mots clés de sa logorrhée. Ce lundi, dans un entretien au Progrès de Lyon , Fadela Amara, déclare notamment, qu’il faut “nettoyer au Kärcher cette violence qui tue nos enfants dans les cités.“
L’auvergnate, collègue et compatriote de Brice Hortefeux, a décidé de rebondir. Handicapée par un très mauvais bilan, Fadela Amara met celui-ci entre parenthèses pour reprendre à son compte les vieilles ficelles du sarkozysme : récupération de faits divers tragiques et sémantique adaptée. Le fait divers c’est, en fin d’année à Lyon, la mort du petit Amar lors d’une fusillade en pleine rue, à la suite d’une altercation entre jeunes de quartiers.
“Il faut agir et je suis scandalisée quand j’entends que la sécurité est un discours de droite : l’ordre républicain est émancipateur”,”Il existe une vraie insécurité dans certains quartiers populaires, avec des voyous qui prennent en otages les habitants“, a déclaré au quotidien lyonnais la ministre pour qui “le droit à la sécurité n’est pas réservé aux bourgeois” mais “existe d’abord pour les plus pauvres“. Sa préconisation prend des aspects d’évidence : nettoyer au Kärcher.
L’épisode résume bien à lui tout seul cette femme atypique devenue membre du gouvernement sur les recommandations de Julien Dray : un franc-parler qui cache une stérilité dans l’action. Exit la promesse de plan Marshall des banlieues. Passé à la moulinette gouvernementale, il s’est réduit à un modeste plan Espoir banlieues, caricature d’un grand plan antiglandouille .
Fadela Amara n’était pas dupe puisqu’il y a un an elle attribuait à son plan la modeste note de 11/20. Depuis, l’enlisement s’est confirmé. Officiellement, 12 000 jeunes devraient bénéficier cette année des écoles de la 2ème chance et, 250 partenariats entre établissements d’enseignement supérieur et lycées de quartiers prioritaires sont annoncés pour fin 2010.
Cœur du dispositif toujours mis en avant, les contrats d’autonomie sont en fait un total fiasco. Censés révolutionner la politique de l’insertion, ils sont surtout accusés de remplir les caisses des entreprises du secteur.
Ces contrats proposent un coaching d’un an à des jeunes entre 16 et 25 ans pour leur apprendre les fondamentaux de la recherche d’emploi et de la vie en entreprise avec un objectif officiel louable : leur trouver un job ou une formation professionnalisante en six mois. Dans le droit fil de l’état d’esprit gouvernemental peu favorable aux services publics, la secrétaire d’Etat a choisi d’écarter les missions locales pour confier le travail sur appel d’offres aux sociétés privées d’insertion. Dans les faits, les contrats d’autonomie auraient déjà coûté plus de 30 millions pour moins de 1 000 emplois ou formations. La formation professionnelle a décidément des odeurs de soufre pour l’entourage de Fadela Amara notamment son très décrié conseiller spécial Mohamed Abdi .
A quoi sert donc Fadela Amara à part pour faire ce qu’elle déclare adorer, faire le tour de France des repas de quartier ? Pas le moins du monde troublée par le débat sur l’identité nationale, elle estime que celui-ci est “nécessaire pour créer les conditions du vivre ensemble” et va jusqu’à avancer le concept hasardeux de République métissée emprunté à la campagne présidentielle de Ségolène Royal.
A la lecture de son entretien avec Francis Brochet pour Le Progrès, on s’aperçoit que Fadela Amara est devenue comme la plupart des membres du gouvernement, adepte de la méthode Coué, estimant qu’en terme économique pour les quartiers, “le pire est derrière nous“, que “les quartiers ne sont pas malades, (qu’) ils ont juste besoin d’une mobilisation de tous les acteurs, de l’Etat et des collectivités locales“.
Fuyant un bilan objectif de son action Fadela Amara en revient immanquablement à son fonds de commerce : le blabla. “Moi, j’ai un contrat de confiance avec les habitants des quartiers, ce sont les seuls qui sont capables de me juger, de dire : Fadela, ça va ou ça ne va pas… C’est pour cela que je vais deux à trois fois par semaine sur le terrain. Je déteste le misérabilisme. Nous sommes un pays vieillissant, et pour que notre économie reste forte, il nous faut aller chercher la jeunesse, qui habite en majorité dans les quartiers. Arrêtons le gâchis, mobilisons toutes ces compétences. Moi, je ne crois pas au déterminisme social.“
Encore quelques déclarations comme celles-là et Fadela arrivera peut-être à conserver dans le prochain gouvernement son Secrétariat d’état aux repas de quartier. Un coup de Kärcher et ça repart.
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