Après la polémique issue de la possible élection de Jean Sarkozy au poste de président de l’EPAD, voici que le premier fils du Président de la République commence à défrayer la chronique. Petit rappel des faits : Pierre Sarkozy, producteur de Rap, s’est vu refuser une subvention de 10 000 € par la Société Civile des Producteurs de Phonographiques (SCPP). Un conseiller de l’Elysée aurait contacté Marc Guez, directeur général de la SCPP suite à ce refus.
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Matraquage et acharnement des médias ? Voici une nouvelle affaire qui risque de provoquer quelques remous dans le domaine politico-médiatique. Il y a quelques semaines à peine, Jean Sarkozy, conseiller général des Hauts-de-Seine, annonçait à la télévision qu’il renonçait à sa candidature à la présidence de l’EPAD afin qu’elle ne soit pas tachée de favoritisme.
C’est désormais l’autre fils du Président de la République, Pierre Sarkozy, qui fait parler de lui. Producteur de Rap, il a notamment produit le dernier album de Doc Gynéco ainsi que le making of du DVD "100% Debouzze". Ayant un nouveau projet, c’est tout naturellement qu’il recherche des financements, notamment auprès de la SCPP. Cette dernière refuse de lui octroyer un financement (il faut savoir que la SCPP n’accorde pas des aides financières à des non-membres, ce qui est le cas de Minds Corporations dont Pierre Sarkozy est actionnaire).
L’affaire aurait pu s’arrêter là mais c’est un article du site
Electron Libre, réputé très fiable, qui relate que le directeur de la SCPP, Marc Guez, a été contacté par Eric Garandeau, conseiller culture et communication de Nicolas Sarkozy, pour avoir des explications sur ce refus. Il est donc tout à fait légitime de s’interroger sur un éventuel soupçon de favoritisme.
Marc Guez a confirmé qu’il a bien été contacté par un conseiller de l’Elysée sans avoir reçu de pressions pour faire en sorte que cette aide soit accordée à Pierre Sarkozy. Eric Garandeau se défend d’avoir cité le nom de Pierre Sarkozy et dit n’avoir demandé aucun traitement de faveur et dit avoir demandé uniquement des explications sur ce refus.
Il convient donc à ce stade d’éclaircir certains points également : Pierre Sarkozy a tenté de contacter lui-même la SCPP pour avoir des explications suite à ce refus, ce qui est tout à fait légitime. Il n’a pas eu de réponse, la personne en charge des dossiers étant surchargée de travail. Jusqu’ici tout est normal et cela peut même paraître louable que le fils du Président de la République ne sollicite pas de fonds auprès de sa famille et veuille passer par les canaux traditionnels.
Mais quelques points restent à éclaircir :
1) Pierre Sarkozy a déjà une expérience de la production et est lui même actionnaire d’une société de production : Minds Corporations. Ayant monté un dossier pour percevoir une aide de la SCPP, n’aurait-il pas dû savoir lors de la constitution de ce dossier (avec donc recherche d’informations) que cette dernière n’octroie pas d’aides à ses non-membres ?
2) Le conseiller culture et communication, Monsieur Eric Garandeau, affirme qu’il est sollicité en permanence par des producteurs dont les demandes ont été refusées. Que devient le rôle du Ministère de la Culture si tout passe par un conseiller du Président ?
3) Est-ce vraiment le rôle d’un conseiller à la présidence de se renseigner sur le refus d’un dossier passé en commission ?
4) Là où l’affaire pourrait prendre de l’ampleur c’est pourquoi contacter en personne le directeur général de la SCPP pour qu’il se renseigne auprès de la commission attribuant les aides (sachant qu’il n’a aucun pouvoir sur la dite commission) ? Surtout si d’après le site
Electron libre : "
Ainsi, dernièrement, la direction générale de la SCPP contactée par le château s’empressa d’apporter toutes les garanties, que lors de la prochaine commission, l’affaire serait réglée dans le sens qu’il convient".
Reste donc à savoir si Pierre Sarkozy aurait effectivement demandé "un coup de pouce" de l’Elysée.
Anti-Sarkozysme primaire et acharnement médiatique ? C’est un secret de polichinelle : le "piston" est une pratique répandue en politique à droite comme à gauche depuis toujours. Et actuellement Nicolas Sarkozy fait face à 3 problèmes :
1) "En jouant avec le feu, on finit par se brûler". La surmédiatisation dont il a joué avant et pendant sa campagne présidentielle. En médiatisant sa vie professionnelle et privée, c’est l’effet boomerang en ne s’étant fixé aucune protection sur sa vie privée.
2) En étant élu Président de la République, les objectifs sont plus que jamais braqués sur lui. Il se trouve à un poste qui exige une transparence et une conduite exemplaire car il représente la France au niveau international. L’épisode Jean Sarkozy a été relayé jusqu’en Chine.
3) Se voulant candidat de la rupture voulant en finir avec les vieilles pratiques politiques, c’est l’inverse qui semble se produire.
Ce qui est certain, c’est que cette affaire nous renvoie à un autre débat :
Que deviennent les ministres si l’on fait appel directement aux conseillers du Président ? Un ministre du gouvernement a dit à Jean-François Copé « Si tu revenais au gouvernement, tu ne reconnaîtrais pas le job ». Le gouvernement serait-il un simple casting comme certains le pensent ?