2015. Faut-il une guerre pour sortir de notre époque morose et indécise ?
Beaucoup de gens sont affairés à l’occasion de la préparation des fêtes de Noël. Pas le moment pour s’étendre avec de longues gloses sur le sens de l’existence et la cosmologie qui s’effondre. Le ton léger s’impose et la simplicité va de pair. Cette année 2015 aura été marquée par une multitude d’événements. Certains vécus collectivement, d’autres relevant des choses personnelles. Sans être devin, on comprend que la vie a basculé pour des millions de Français. Perte d’emploi, nouveau travail, séparation ou rencontre, c’est selon. Mais s’il y a un événement qui a « imprimé » pour parler comme les journalistes politiques, c’est ce 13 novembre, massacre de 130 individus. C’est certes 30 fois moins que les morts sur la route mais les conditions de ces mises à mort de gens choisi au hasard par quelques terroristes nous interpellent. Quel signe, quel changement pour l’avenir ? Nous ne savons pas la portée historique du 13 novembre et du contexte géopolitique instable qui l’a rendu possible. Juste un retour sur quelques faits historiques suivis par des changement d’époque.
Après 410 et le sac de Rome, avènement d’un Empire romain germanique et chrétien mais avec un temps de transition long, à l’échelle d’un ou deux siècles.
Après la guerre de cent ans, achevée vers 1450, avènement d’une nouvelle ère, celle de la Renaissance, avec les cités princières, notamment en Italie. C’est aussi à la porte d’Orient la chute de Constantinople et l’avènement de l’empire ottoman. Et en Europe la Réforme, mais pas avant 1520. Les transitions historiques sont souvent longues.
Après la guerre de trente ans et la fronde en France, une nouvelle donne politique émerge en Europe avec chez nous la mise en place de la monarchie absolue qui durera quelque 140 ans.
Après la Révolution, la Terreur et les guerres de l’empire napoléonien, un nouveau monde émerge en 1815. La doctrine Monroe entre en vigueur aux Etats-Unis et durera un siècle, jusqu’à l’intervention américaine pendant la grande guerre suite aux décisions du président Wilson.
Après la guerre franco-prussienne et les massacres de la Commune de Paris, avènement de la Troisième République en voie de laïcisation sous l’impulsion des savants, professeurs et cercles maçonniques.
Après la guerre de 14, avènement du fascisme en Italie, de la démocratie de Weimar bien fragile et de l’empire soviétique promis pour un round de 70 ans.
Après la guerre de 39, avènement des sociétés démocratiques, solidaires, Etat providence, confort matériel et naissance de l’individualisme. Egalité homme femme, sécurité sociale. Modèle social.
En 2015, quelque chose semble s’achever. Les nationalismes reviennent sous une forme nouvelle. Un conflit entre mouvances islamiques et Occident a remplacé la guerre froide. Les Etats-Unis sont dans une phase incertaine. Le succès de Donald Trump est significatif de la décomposition morale et intellectuelle de la première puissance du monde. On ne sait pas quand prendra fin la guerre en Syrie ni comment l’Afrique va transiter vers une ère nouvelle. Le Moyen Orient pourrait être redécoupé. Cet épisode de terreur est-il passager, tel les années de poudre en Europe pendant les seventies ou bien durable et achevable par un conflit de plus grande intensité qui ne relève pas d’une action de police mais revêt un caractère historique comme en 14 ou en 39 ? Auquel cas, y a-t-il un modèle nouveau à inventer, en politique mais aussi pour la société ? Quelques figures éclairées de la politique plaident pour un changement mais lequel ?
J’ai évoqué quelques pistes historiques. Il ne faut pas négliger non plus la technique et l’économie. La guerre de 39 est indissociable d’un ensemble où nombre de crises s’entrelacent, surtout la crise économique de 1929. Actuellement, nous sommes dans une crise différente, qui se résorbe lentement selon un cadre systémique mais qui ronge les sociétés occidentales. C’est la crise de 2008, engendrée par ces mêmes sociétés occidentales. Et donc, la finance, les technologies, la société, le terrorisme, le repli, l’identité, les peurs et autres folies climatiques, tout cet ensemble laisse émerger la possibilité ou la nécessité d’un monde nouveau. Je suis certain d’une chose, c’est que je ne connais pas quel peut-être ce monde nouveau, bien que pour ma part j’ai quelques indices. A vous de réfléchir. Bonne fêtes.
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