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Femme debout, Ségolène Royal sans surprise

La présence de Nicolas Sarkozy jeudi dans les médias a presque réussi à faire oublier la sortie du livre de Ségolène Royal et Françoise Degois : Femme debout. Une fois encore, l’ancienne candidate à l’élection présidentielle réussit un ouvrage qui plaira à ceux qui l’apprécient et irritera les autres. Petit aperçu.

Une charge contre Nicolas Sarkozy et son gouvernement

Les « bonnes pages » soigneusement publiées dans la presse depuis quelques jours présentaient cet ouvrage comme très polémique et donnaient quelques exemples de charges violentes contre Nicolas Sarkozy. Pourtant, ce livre n’est pas à proprement parler un pamphlet politique. Ségolène Royal évoque plus d’expériences et de ressentis personnels que d’attaques politiques. Toutefois, il est vrai que le fil rouge de cet ouvrage est l’attaque en règle de Nicolas Sarkozy et de quelques membres du P.S.

Les extraits que l’on a pu lire représentent la toute fin de l’ouvrage (p.230-235) pourtant dès la centième page, elle est catégorique : « Nicolas Sarkozy a manipulé l’opinion en créant un espoir mâtiné de spiritualité, regardez le résultat. L’essence de la politique, c’est d’unir, de rassembler, d’harmoniser la vie de ses concitoyens, pas de fracturer, de casser, de diviser. Il a tout fragmenté, désossé, désuni ». Les charges ne s’arrêteront plus, elle rappelle que si le président Uribe n’a pas fait appel à Sarkozy pour la libération d’Ingrid Bétancourt c’est parce qu’il est « immaîtrisable ». Elle ajoute que son action est de l’ordre de « l’incompétence politique crasse », que le président est « fade » et « malsain ». Elle affirme que son action n’est que du « chloroforme » et de « la manipulation politique de bas étage ». Comme dans son ouvrage précédent, elle dénonce « la connivence intenable, intolérable entre le chef de l’Etat, la haute finance, les grands patrons » et regrette parfois de ne pas avoir à l’affronter dans des élections américaines où on dénoncerait l’ « amoralité » de Sarkozy notamment en matière de fraude à l’ISF.

Outre les attaques que l’on a pu lire dans la presse, Ségolène Royal va aussi savoir faire preuve de subtilité en affirmant que l’un de ses livres préférés est La Princesse de Clèves « c’est une écriture somptueuse, voilà, c’est tout. Cette histoire magnifique, déchirante. ». Rappelez-vous le candidat Sarkozy déclarait pendant sa campagne à propos d’un concours administratif qu’ « un sadique ou un imbécile avait mis dans le programme d’interroger les concurrents sur La Princesse de Clèves. Je ne sais pas si cela vous est souvent arrivé de demander à la guichetière ce qu’elle pensait de ‘La Princesse de Clèves’… Imaginez un peu le spectacle ! » Subtil. 

Règlements de compte au P.S.

Une fois encore, cet ouvrage était présenté comme très violent vis à vis du P.S. et pourtant, même si la plupart des pages ont été écrites avant le congrès du P.S. Ségolène Royal n’est pas si critique. La première charge est dédiée à Martine Aubry qui la « regarde toujours comme quand [Ségolène Royal était] sa sous-ministre. Elle le pense vraiment. » Une petite attaque contre François Hollande, Jack Lang et Michel Rocard avant de nous apprendre que certains au P.S. l’appellent « le serpent ». Pour elle ce qui est grave c’est que les éléphants « ne s’arrêteront jamais », même si elle sait que s’il n’y a pas de « cessez-le-feu » de leur part, le P.S. n’a aucune chance de gagner en 2012. Sur cette élection elle est « très claire. S’il y en a un de meilleur qu’[elle], qu’il y aille, [elle fera] même sa campagne en 2012. mais pardon, pour le moment [elle ne voit] pas. »

Françoise Dégois pense que d’une façon ou d’une autre ce parti voulait tourner la page Royal. Pour l’ancienne candidate, Martine Aubry n’est qu’un produit de l’action des éléphants qui ont trouvé une femme pour battre une autre femme et avoir la voie libre pour 2012. Pour elle, c’est la seule préoccupation des leaders du P.S., ils ne pensent jamais aux Français qui souffrent.

Lionel Jospin a été l’un des premiers à réagir aux extraits publiés du livre de Ségolène Royal, il a commencé à nouveau à s’en prendre à « celle qui était la moins capable de gagner » en 2007 comme il l’avait fait dans son ouvrage intitulé L’impasse. Pourtant dans Femme Debout, si la présidente de la région Poitou-Charente s’étonne de la violence des propos de Jospin, elle ne l’attaque guère allant même jusqu’à dire qu’il a été « un très grand premier ministre ».

Malheureusement pour certains membres du P.S., Ségolène Royal ne semble pas prête à abdiquer, elle affirme qu’elle pense déjà à 2012 et que si elle a « parfois eu le sentiment de ramper dans la cendre », elle revendique son Zénith et fait un petit clin d’œil à ceux qui n’auraient pas compris, son « personnage de roman préféré s’appelle Edmond Dantès, le comte de Monte-Cristo. Pour la persévérance. » 

Ségolène Royal comme on l’aime, ou pas !

Pourquoi avoir fait cet ouvrage ? La question on peut se la poser avant, on se la pose encore après. Ségolène Royal veut en finir avec la « cruchitude » comme écrit François Degois. Elle rappelle souvent qu’elle a fait de grandes études et qu’elle est adulée à l’étranger. C’est surement le vrai but de cet ouvrage, se présenter comme une opposition crédible à Nicolas Sarkozy et rappeler qu’elle sera là en 2012. « Une envie de m’expliquer sur tout, de tourner cette page et de prendre un nouveau départ » dira-t-elle.

Ce livre revient beaucoup sur son parcourt, son enfance, sa famille. Avec le style Ségolène Royal qui en gênera plus d’un. Dès la dédicace du livre, elle frappe fort : en citant le discours d’investiture de Nelson Mandela : « en faisant briller sa propre lumière, on permet aux autres de faire briller la leur. »

Par la suite, on a le droit à des anecdotes d’enfance qui font parfois un peu Misérables, quelques phrases baroques comme elle les aime et un soupçon de mégalomanie pour rappeler qu’elle a une stature internationale.

On peut lire que « la vie [lui a] beaucoup donné » même si « on ne [lui] a rien offert », elle nous raconte que revenue d’Afrique et des Antilles elle s’est installée dans la campagne française où « il fallait se débrouiller avec la neige qui nous arrivait jusqu’aux genoux, qu’on mettait du papier journal dans les chaussures pour ne pas avoir froid ». Et elle nous livre quelques phrases qui ne sont pas sans nous rappeler les carottes râpées de Laurent Fabius, elle nous dit qu’elle « aime bien faire des choses simples » (en l’occurrence aller au supermarché…) et qu’elle « essaie de rester en contact profond avec le pays ».

Plus surprenant dans cet ouvrage on trouve des phrases comme celle-ci : « Il y aurait un cataclysme, un tremblement de terre, tout serait détruit, je ne serais pas à la rue. Je serais leader. Je dirais aux gens : « Ça n’est pas grave, on va faire ci, on va faire ça. » Quand le soleil se coucherait, je dirais, on va sa coucher. Quand le soleil se lèverait, on irait travailler. Parfois, j’y pense. Je ne serais pas démunie s’il n’y avait plus d’électricité par exemple, plus de boutiques… ». Quelques autres surprises vous attendent comme quand elle confie qu’elle aurait « aimé être soeur Emmanuelle », qu’elle a un « besoin de sauvageonne », qu’elle vient du « XIXème siècle » et qu’elle a toujours aimé « ripailler, rire, et même les blagues graveleuses ».

Pour finir, dans le style Ségolène Royal on pourra noter un soupçon de mégalomanie, elle affirme qu’elle et le dalaï-lama étaient « mutuellement contents de se voir ». Mais surtout, et cette phrase ne manquera pas de lui être reprochée elle affirme qu’« Obama n’a rien inventé (…) la démocratie participative excusez-moi de vous le rappeler que c’était l’axe de ma campagne ». On peut dire que ça devrait raviver un débat pas si lointain, encore de l’humour ? 

Une vision dérangeante des femmes en politique

Dans son livre précédent j’avais eu l’occasion de montrer que le mot que Ségolène Royal employait le plus souvent était le mot femme. Elle lui consacrait le tiers de son ouvrage. Dans Femme debout, ces références sont nettement plus rares. Toutefois, si elle critique le machisme des uns, elle ne peut pas s’empêcher de penser « qu’une femme dirige un pays différemment ». Des idées que l’on pensait rangées au placard depuis le règne de Margaret Tatcher.

Pour Ségolène Royal, la première qualité d’une femme c’est sa « douceur ». Elle cite pourtant à nouveau Olympe de Gouge et évoque le plafond de verre, autant de points qui semblent l’inscrire dans une posture féministe.« Je crois que dans leur approche d’un problème les femmes sont plus pragmatiques, plus douces et plus intuitives que les hommes. Il faut parfois de la force douce pour délier un problème diplomatique, pas seulement de la force  ». De mon point de vue, une phrase comme celle-ci décrédibilise son combat pour dénoncer le machisme du champ politique, elle est persuadée que « le monde aurait pu avoir une autre face avec Angela, moi et Hillary dans les sommets internationaux. »

Si je finis sur ce point, ce n’est pas parce qu’il est central, c’est simplement parce que de mon point de vue, il est représentatif de cet ouvrage qui je le répète plaira à ceux qui aiment Ségolène Royal et dérangera plus ou moins les autres. Il s’agit pourtant d’un exercice de communication difficile et plutôt bien maîtrisé par l’ancienne candidate à l’élection présidentielle qui réussit à paraître dans cette ouvrage à la fois plus proche du peuple et plus crédible.


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7 réactions à cet article    


  • Bois-Guisbert 9 février 2009 15:52

    « Il y aurait un cataclysme, un tremblement de terre, tout serait détruit, je ne serais pas à la rue. Je serais leader. Je dirais aux gens : « Ça n’est pas grave, on va faire ci, on va faire ça. » Quand le soleil se coucherait, je dirais, on va sa coucher. Quand le soleil se lèverait, on irait travailler. Parfois, j’y pense. Je ne serais pas démunie s’il n’y avait plus d’électricité par exemple, plus de boutiques… »

    C’est un gag sexiste, ou c’est vraiment copié du bouquin ?


    • arretsurlesmots arretsurlesmots 9 février 2009 16:04

      c’est écrit page 40... je n’ai pas vraiment compris non plus


    • Papybom Papybom 9 février 2009 16:47

      Un soupçon de mégalomanie ? Définition : La mégalomanie consiste en la surestimation de ses capacités, elle se traduit par un désir immodéré de puissance et un amour exclusif de soi. Elle peut être le signe d’un manque affectif. En psychiatrie, la mégalomanie est classée dans la famille des psychoses délirantes chroniques. On la nomme couramment Folie des grandeurs


      • irukandji irukandji 9 février 2009 17:58

         Une femme sans honneur et insignifiante.
        http://bernardhanse.canalblog.com/


        • timiota 10 février 2009 02:15

          C’est du niveau "adolescent - gothique" si je puis appeler ainsi ce filon où l’on se voit sauvant le monde par une grande et belle action, qui vous donne droit à l’amour de celui ou celle qui ne vous a pas aimé assez ;
          (psychanalyse de bazar pour bouquin de bazar)


          • Gabriel Gabriel 10 février 2009 10:33
            Bonjour,

            Le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle ne fait pas dans la modestie la poitevine. Mégalomane certes un brin infantilisée mais à ce stade l’envie de pouvoir et la seule drogue capable d’apaiser leurs ego. Tout cela est bien triste et présage, de part l’absence d’alternative, le doublement mandataire du monarque actuel. Dieu nous en garde !

            • Lapa Lapa 10 février 2009 11:51

              Moi j’aimerai que M.Villach fasse une critique de la couverture et du titre du bouquin.

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