Dans son discours de politique générale du 24 novembre, François Fillon a annoncé la poursuite des "réformes" (entendre : de la régression sociale), principalement une réforme de la fiscalité du patrimoine et le lancement d’une "grande concertation" entre partenaires sociaux sur la protection sociale.
Surtout, il a montré le visage d’une droite d’affaires décomplexée, affichant son mépris pour les salariés. Voici ce qu’on a pu entendre :
"Ce serait laisser le terrain libre à tous ceux qui avancent des idées fausses et des fausses pistes, ces mirages désastreux que sont le partage du travail, la retraite le plus tôt possible, l’endettement sans fin, la diabolisation du capital, le protectionnisme."
Les salariés apprécieront, eux qui travaillent de plus en plus dur dans des conditions de plus en plus précaires et de plus en plus stressantes. Il semblerait donc, c’est très clairement insinué, que ce sont des paresseux aspirant à en foutre le moins possible.
Et le capital ne doit pas être diabolisé, figurez-vous !
Il ne s’agit pas de croire au diable, Monsieur Fillon, nous ne sommes pas au Moyen-Age. Mais nous sommes cependant conscients que la crise provient largement d’un grand capital prédateur, celui des Madoff et consorts Même aux Etats-Unis, ils le savent, et il parait qu’un vaste coup de filet se prépare dans les milieux financiers.
Nous savons aussi que ce grand capital nous fabrique de la dette artificiellement, avec la complicité des gouvernements. Il suffit de lancer une rumeur, d’abaisser une note et hop ! voilà les taux d’intérêts qui remontent, les titulaires d’obligations qui s’en foutent plein les poches, et les professeurs de vertu économique qui trouvent toujours le même remède : faire payer les salariés, faire payer les retraités, faire payer les petits épargnants, faire payer la classe moyenne.
L’endettement sans fin, dites vous ? Mais il est fabriqué dans un micro-milieu, comme l’analyse cet article de
La Tribune :
Cet article nous montre que ceux qui spéculent sur les CDS (titres d’assurances contre les défats de paiement des dettes) ont bien analysé les conséquences de la privatisation des profits et de la socialisation des dettes. Il souligne que certaines entreprises irlandaises empruntent moins cher que l’Etat irlandais, et pareil en Grèce, et il explique :
"Ce bouleversement a trois origines. D’abord, un effet de ciseau : pendant que les États ont dépensé sans compter pour sauver leur économie, au point qu’un risque de défaut chez certains n’est plus une hypothèse farfelue, les entreprises, échaudées par l’assèchement du crédit bancaire fin 2008, ont assaini leur bilan et allongé la maturité de leur dette. Certaines sont même devenues d’excellentes signatures.
Ensuite, la mobilité du capital face à l’immuabilité territoriale des États. Quand les entreprises se développent sur des régions en croissance, quitte à délaisser leur pays d’origine, les États ne peuvent se délocaliser, et sont contraints d’en subir les performances. La recette fiscale, elle, reste territoriale.
Enfin, si les États conservent le monopole de l’impôt, l’intense concurrence fiscale limite aujourd’hui leur liberté d’action. Trois facteurs lourds qui ont fini par rogner le privilège et partant le statut de l’État qui, selon Maurice de Boisséson, « se voit progressivement relégué au rang d’un emprunteur comme les autres.
Il y aurait pourtant des solutions, et d’abord que les Etats recouvrent la capacité d’émission de monnaie qui leur revient de droit et qui a été privatisée de façon totalement scélérate.
N’oublions pas que la monnaie se crée à partir de rien. C’est vrai pour les Etats quand ils "font marcher la planche à billets", comme le disent avec mépris nos professeurs de rigueur sans fin. mais c’est vrai aussi pour les banques, qui prêtent avec intérêts un argent qu’elles n’ont pas acheté ni produit.