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Fini les régionales ! Vive la grève !

La grève dans l’Education Nationale débutée le 1er février en Seine-Saint-Denis, et devenue nationale le 12 mars dernier ne fait l’objet que d’une couverture médiatique partielle et partiale. Le contexte à venir de la réforme des retraites sera à double tranchant pour ce mouvement. Cependant, la situation actuelle d’après crise offre une opportunité inédite au mouvement social dans son ensemble pour imposer un rapport de force sans concessions.

A ce jour, un certain nombre d’établissements du premier et du second degré de la Seine-Saint-Denis sont en grève. Cette grève a débuté au lycée Henri Wallon d’Aubervilliers le 1er février et n’a cessé de s’étendre depuis. Des manifestations ont eu lieu, tout d’abord à Aubervilliers, puis à Saint-Denis, et enfin à Paris, mobilisant à chaque fois plus de personnels. Les syndicats les plus « représentatifs » (comme le Snes) ont été obligés de suivre ce mouvement qui s’était au départ développé sans leur soutien, ce qui a conduit une intersyndicale à appeler à une journée de grève et de mobilisation nationales le vendredi 12 mars dernier. Le taux de grévistes au niveau du pays était de 13% selon le ministère et de 50% selon les syndicats, mais avec de fortes disparités selon les régions (des taux particulièrement élevés ont été constatés localement en Seine-Saint-Denis ou à Marseille et dans beaucoup d’autres régions).
Depuis ce vendredi 12 mars, des établissements un peu partout en France se sont mis en grève reconductible jusqu’au mardi 23 mars, tandis que dans certains établissements, des grèves ont éclaté pour contester les DHG (Dotations Horaires Globales), qui sont directement le fruit de la politique du gouvernement (en matière de réduction des postes par exemple). Dans certains établissements, le principe de la grève tournante et/ou de la grève marchante a été adopté (grève tournante = se mettre en grève à tour de rôle ; grève marchante = se mettre en grève et aller dans d’autres établissements pour convaincre les collègues de la nécessité de débrayer).
Depuis le début du mouvement, les médias et le gouvernement semblent travailler de concert pour brouiller les pistes et privilégier la communication du ministre. Tout d’abord, la simultanéité entre la mobilisation en Seine-Saint-Denis et l’agression d’un lycéen au lycée Adolphe-Chérioux à Vitry-sur-Seine le 2 février a permis à Luc Châtel d’opérer un contre-feu médiatique en polarisant son discours sur la sécurité dans les établissements scolaires. C’est à peine si les médias ont finalement avoué être passé à côté des revendications politiques des grévistes (article du monde du 12 mars).
Dans un deuxième temps, c’est la question des remplacements de courte durée (inférieurs à 2 semaines) qui a été mise en avant par le ministre, espérant ainsi diviser les enseignants et les parents d’élèves. C’est de bonne guerre, puisqu’on sait que la réussite d’une mobilisation dans l’Education Nationale dépend en grande partie du soutien des parents. Là encore, les médias ont joué leur rôle sans défaillir en publiant de pleines pages sur le plan du ministre, qui consiste à recruter des étudiants et des retraités (selon les besoins), alors que le nombre de remplaçants titulaires n’a cessé de décroître ces dernières années en raison des suppressions de postes. Est-il utile de s’attarder sur un article de Direct Matin (le « journal » gratuit de Vincent Bolloré) dans lequel il est écrit que la FCPE est « satisfaite » ?
Imaginons quelques instants que les revendications des grévistes aient été aussi relayées par les médias que les plans de communication du ministre. Imaginons que la presse, au lieu de s’en tenir à évoquer de manière très vague les « suppressions de postes », les mette en parallèle avec la hausse démographique prévue dans les collèges dès la prochaine rentrée. Et pourquoi pas faire le rapprochement avec la situation à Aubervilliers, où la construction d’un collège supplémentaire est aujourd’hui sujette à caution en raison de la baisse des recettes du département (baisse qui s’explique par le transfert de charge de l’Etat vers les collectivités locales, et par la suppression de la taxe professionnelle).
Imaginons quelques instants que les médias mettent en parallèle le plan de remplacement de Châtel avec la suppression de 3000 postes de remplaçants en 2009, et le fait que des classes se retrouvent (et vont à l’avenir se retrouver de plus en plus) devant des professeurs contractuels dans des situations plus ou moins précaires, des stagiaires en cours de formation, des étudiants ayant échoué au concours, des retraités (alors que le taux de chômage est au bas mot de 10 % dans notre pays)…
Imaginons quelques instants que les médias s’attardent sur la réforme de la formation des maîtres et expliquent aux citoyens comment l’Etat compte dorénavant former les professeurs qui seront demain devant des classes plus ou moins difficiles, comment il sera demandé aux stagiaires de prendre en charge des classes à plein temps, et comment les professeurs en place dans les établissements seront chargés de les accompagner sans qu’aucun aménagement de leur emploi du temps n’ait été prévu.
Imaginons que les médias expliquent comment, en donnant toujours plus d’autonomie aux établissements (réforme du lycée), en les mettant en concurrence dans les mêmes quartiers (réforme de la carte scolaire), en sabotant l’enseignement professionnel au profit de l’apprentissage et en ouvrant de plus en plus l’école aux entreprises, le gouvernement travaille dans le sens des réformes qui nous sont imposées par le Traité de Lisbonne via la commission européenne…
Aujourd’hui les régionales s’achèvent. Demain, la bataille des retraites va commencer. Les revendications des enseignants (qui ressemblent aujourd’hui plus à un cri de détresse) vont être médiatiquement noyées dans l’avalanche d’article creux, d’éditos bâclés, de débats biaisés qui va déferlé sur le petit écran et dans la presse. Mais plutôt que de voir dans cette nouvelle étape un risque d’effacement voire de disparition pour le mouvement dans l’Education Nationale, ne faudrait-il pas se réjouir de la situation dans laquelle se retrouve aujourd’hui le gouvernement : désavoué par la population, attaqué au sein de sa propre majorité, et obligé par un Sarkozy qui ne veut rien lâcher, de faire passer par la force une réforme des retraites au plus mauvais moment...
Les ficelles, qui étaient déjà bien grosses avant la crise, sont devenues énormes. Au début du quinquennat on a demandé aux français de faire des efforts au nom d’un système libéral qui devait « libérer la croissance ». Aujourd’hui, alors que ce système a montré sa nature néfaste pour l’économie, pour la croissance et pour la population, il faudrait continuer à faire des efforts, et au nom des mêmes paradigmes ?
Mais les français ont aujourd’hui compris, et les grecs avec eux, que cette politique est totalement vouée à l’échec. En obéissant à la dictature de la finance et en étranglant économiquement la population, les gouvernements condamnent la croissance, qui, de toutes les façons n’est plus au rendez-vous depuis belle lurette.
Seul un Sarkozy qui, il y a encore deux ans, était ébloui par le modèle anglo-saxon, n’a pas compris l’enjeu de ce qui se passe aujourd’hui. Dans les jours qui viennent, il est de la responsabilité de tous les travailleurs de ce pays, qu’ils soient du secteur public ou du secteur privé, d’imposer un rapport de force sans précédent contre ce gouvernement en exigeant un (vrai) Grenelle des services publics et des salaires dans ce pays, plutôt que de se faire balader jusqu’à l’automne par le gouvernement, le PS, les médias et les syndicats dit représentatifs sur cette question des retraites.
Nous devons imposer un changement de paradigme, nous devons opposer une lutte globale contre les attaques tous azimuts du gouvernement en se rassemblant au soir des manifestations du 23 février et en faisant converger nos luttes dans le but de décider la grève générale illimitée. Les conditions historiques sont réunies pour que rapidement cet objectif devienne une réalité, encore faut-il que les travailleurs l’imposent à leurs dirigeants syndicaux.
Lien : blog de grève d’Aubervilliers
 

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4 réactions à cet article    


  • DIMEZELL 22 mars 2010 18:12

    23 mars, une fois de plus je serai dans la rue pour dénoncer le manque de réformes, de vraies réformes, pas de destruction de nos écoles !


    • René Job 22 mars 2010 23:22

      Cher Calmos, quand il n’y aura plus d’école publique viable, comme les autres vous crierez à la trahison des dirigeants. Même si vous préférez l’école privée. Si les enseignants font grève depuis longtemps c’est juste qu’ils essaient depuis longtemps (aussi) d’attirer l’attention générale sur des vrais problèmes. On a dit du mal de la SNCF, RATP, EDF, GDF, LA POSTE etc et voyez où ça conduit : la privatisation et le démantèlement. ça prend juste quelques décennies pour travailler l’opinion publique afin d’y arriver mais on y arrive.

      Ensuite les privatisations et démantèlement bénéficient à quelques personnes  : cf la Russie ou le Mexique. Une oligarchie politico-financière domine grâce aux biens publics cédés pour des prunes.

      De temps en temps, il faut savoir mettre sa « haine » de côté pour voir à travers l’immédiateté des faits ce qui se passe doucement mais surement sur le long terme. Là je peux vous le dire : on a mis les Homards, les Langoustes et les Tourteaux dans une marmite qui était déjà sur le feu. La température croit lentement afin qu’on ne se rende pas compte. Mais au final tout le monde sera cuit et croqué !

      Sinon, comme une majorité, je n’aime pas les grèves catégorielles ou les corporatismes. Mais ce n’est plus ça dont il est question. L’auteur vous le dit, les syndicats ont suivi en trainant la savate.

      Un peu moins d’épidermisme. Cordialement.


      • FYI FYI 23 mars 2010 02:34

        On va peut-être cette année enfin déboucher sur une grêve générale !
        Sincèrement à quoi ça sert de travailler si on peut même pas vivre décemment ?
        Wait & See.


        • Jean-paul 23 mars 2010 03:39

          La specialite de la France connue mondialement :les greves ( strikes )

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