FN contre UE : Farce Nationale contre Union des Elites avant la tragédie républicaine ?
Les événements électoraux se sont refroidis même si ça a chauffé à l’UMP. Le Front National a récupéré un quart des suffrages exprimés lors du scrutin européen ce qui en fait le gagnant de ces élections mais pas le premier parti de France, contrairement à ce que d’aucuns tentent de faire croire, pour dramatiser et décréter, comme le fait Manuel Valls, un état de catastrophe nationale consécutif au tsunami de la vague bleue marine. Soyons honnête, le FN a rassemblé moins de 5 millions d’électeurs dont une bonne moitié se sont servis du FN pour exprimer un mécontentement. On comprend bien qu’il ne s’agit pas tant de politique que de médiatique. Ce vote FN envoie quelques 24 députés au parlement européen dominé par les europhiles, dénomination qui ne signifie pas grand-chose à part le contraire d’europhobes. Le journaliste moyen est manichéen. Ce qui n’entre pas dans une catégorie doit entrer dans la catégorie contraire. En matière de géopolitique, ce principe s’applique souvent. Tout ce que fait l’Europe est bien alors que tout ce que fait Poutine, c’est mal.
C’était quoi cette élection européenne ? Rien de bien prometteur pour l’avenir. L’Europe est prise comme un instrument au service de la croissance et comme mère protectrice face à la mondialisation. Le PS et l’UMP ont invité les électeurs à voter en jouant sur la peur. Avec deux mécanismes. La peur d’un monde incertain et la peur face à la montée du FN, lequel a aussi joué sur la peur. Pour les partis de gouvernement, l’Europe nous protège du monde alors que pour les eurosceptiques, il faut se protéger de l’Europe. Visiblement, les gens ne voient pas les mêmes choses. L’UMPS cherche midi à quatorze heures, le FN voit midi à sa porte et les abstentionnistes ont remis les pendules à l’heure. L’Europe les a laissés indifférents. Ils n’ont pas eu peur et n’ont pas jugé utile de se mettre en colère ou de se déplacer pour un enjeu dont ils n’attendent rien. Les arguments utilisés par tous les partis sans exception sont fallacieux. Ne serait-ce que la promesse d’un Parlement européen qui mette l’Europe au service de l’emploi et de la croissance. C’est complètement faux. Le Parlement n’a aucun levier pour influer sur la croissance. Le seul levier européen en la matière étant la BCE qui, même les collégiens le savent, n’est pas soumis au contrôle du Parlement. La conjonction des médias de masse et des politiciens sans inspiration a rendu une Europe communautaire déjà complexe complètement illisible, même écrite avec de l’encre bleue marine.
Les commentateurs médiatiques et surtout politiques ont raconté à peu près tout et n’importe quoi sur l’Europe, alimentant peurs et autres fantasmes, notamment sur ce traité d’échange avec les Américains qui ne présente pas que des inconvénients, qui n’est pas imposé de manière unilatérale, mais qui est devenu suspect car les négociations ne sont pas publiques. On aurait aimé que le Parlement français soit saisi de ces questions. La monarchie républicaine préfère régler ces affaires entre élites et autres émanations de la noblesse des Etats. L’Europe communautaire ressemble aux rouages d’une banque, vous savez, ce genre d’établissement où des financiers créent des produits que même les patrons ne comprennent pas. Un chef d’Etat a récemment avoué ne rien comprendre à l’Europe mais plaidé pour sa réorientation au service de la croissance. Finalement, l’Europe c’est un gros machin que font naviguer des ingénieurs. Les chefs des Etats membres viennent voire ce qui se passe sur le pont, échanger quelques nouvelles puis dire comment il faut faire avancer le navire sans comprendre à quoi servent les commandes. Mais gageons que nombre d’officines et de groupes industriels se tiennent près des bureaucrates de Bruxelles et connaissent à peu près les rouages pour profiter avantageusement des règles communautaires et des décisions de la commission. L’Europe peine à se faire comprendre et les Européens ont du mal à apprécier cette Europe vendue comme un avenir radieux par d’improbables communicants qui ne connaissent rien à la vie des gens.
Et la France dans tout ça ? La vitrine des médias de masse livre un portait approximatif des Français tout en dévoilant quelques tendances culturelles, esthétiques, morales et intellectuelles. On ne verra point d’élan de civilisation mais les signaux d’un naufrage moral, esthétique, intellectuel et culturel. La France, c’est ce pays malade à qui personne ne veut annoncer de quels maux la société est atteinte, un peu comme le vieux cancéreux à qui l’on cache la maladie pour qu’il finisse tranquillement ses jours. Bon, c’est quoi la France au juste ? C’est un pays qui passe son temps à faire la cuisine et à bouffer. Voilà l’image que donne la télévision. Des dizaines d’émissions de gastronomie sur toutes les chaînes, avec des recettes, des concours stupides, des pâtissiers glorifiés, des marathoniens de la préparation culinaire, des amateurs de terroir parcourant le pays de Cocagne et le soir, des gens mangent des pâtes au beurre et du jambon fait d’épaule gélifiée sous cellophane, produit en Allemagne, vendu dans un discount à 5 euros le kilo et regardent quelques peoples sur la cinq se délecter de mets succulents à base de gambas, lotte, asperges, foie gras et autre souris d’agneau. A midi, on cause bouffe sur la Cinq et à treize heures sur la Trois, on bouffe encore avec le terroir et la météo du jour.
C’est ça la France. Des gens qui écoutent des types qui ne savent pas chanter interpréter des tubes à chier pour gagner un peu de thune en jouant au karaoké avec Nagui. La France a une loi pour garantir le quota de chansons françaises diffusées sur les médias mais elle termine toujours dernière à l’Eurovision. La France octroie la légion d’honneur à dame Lumbroso pour avoir fait la promotion de la chansonnette médiocre produite chez nous. La France offre une vitrine à Patrick Sébastien pour qu’il laisse accroire que les années bonheur c’était Dave, Herbert Léonard et la compagnie créole. Sans oublier de célébrer la daube produite à cette époque. C’est aussi le comique troupier qui revient en force, présent à longueur de journée sur les ondes. C’est l’université qui paye ses enseignants pour passer du temps afin d’éliminer les docteurs, cela s’appelle la qualification aux fonctions de maître de conférences. Les médias de masse se complaisent dans l’approximation, les clichés. Le chômage augmente en France alors qu’il baisse partout en Europe ont annoncé les médias. Sauf que chez nos voisins allemands, les plus doués en la matière, le chômage vient d’augmenter en avril avec 25 000 inscrits de plus. Politique éducatif, sécuritaire, familiale, scientifique, sanitaire, logement, etc. Tous ces secteurs ne sont pas correctement gérés, avec des abus et des déficits devenus chroniques. Des mutuelles qui remboursent les lunettes Chanel de madame et les gosses de pauvres qui n’ont pas les moyens d’avoir de verres correcteurs. C’est ça la France de 2014.
La montée du FN n’a rien d’un drame et ne représente pas un risque. C’est une farce nationale causée par des ressorts plus profonds liés à la mauvaise gouvernance depuis 20 ans avec des déficits intellectuels, moraux et culturels. La France aurait besoin d’être conduite par le courage, l’intelligence et la générosité, elle est gouvernée et habitée par trop de lâchetés, mensonges, idioties profiteurs et égoïsmes. La tragédie, ce n’est pas le FN mais c’est la société qui s’effrite lentement avec des incapables à tous les niveaux bien qu’il y ait un bon nombre de bonnes volontés en ce pays.
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