France, cherche repreneur pour 2012 afin d’éviter une liquidation
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Les vacances d’été ne feront pas oublier que les électeurs français sont invités à élire un président en 2012. Les choses « sérieuses » commencent cet automne avec la compétition au PS pour briguer l’investiture à la candidature suprême. A droite, sauf coup de théâtre, Nicolas Sarkozy sera le candidat naturel. UMP, PS et plus d’une dizaine de partis vont se partager le temps d’antenne pour exprimer leurs idées et exister médiatiquement parlant. Le second tour devrait voir s’affronter le candidat socialiste et le président sortant. A moins que Marine le Pen ne crée une surprise. On peut prévoir une campagne des plus ennuyeuses, sans thème porteur ou fédérateur, joué à coups d’arguments techniques, économiques, avec des formules aussi creuses qu’un menu de chez Flunch. En vérité, il existe un thème central pour cette campagne mais aucun candidat ne se risquera à l’évoquer. La France est endetté, la croissance pour les prochaines années sera atone, avec un scénario à la japonaise, quant à la société française, son élan ne peut être porté ni par un projet, une espérance, un idéal européen et encore moins par des perspectives économiques. En un mot, la France est une société qui ne se porte pas très bien et qu’on peut dépeindre comme une entreprise en difficulté qui pour éviter la faillite, lance un appel d’offres aux repreneurs. La différence notable étant qu’un repreneur apporte souvent des capitaux, ce qui n’est pas le cas du futur président dont on attend au moins une chose ; qu’il gouverne correctement. Autrement dit, la société française doit être préservée de la faillite, qui ne sera pas tant économique que sociale.
La campagne saura trouver quelques slogans mais il sera interdit de parler du thème central pour le quinquennat de 2012-2017. Interdit de parler de faillite, de liquidation, de déclin, de société fracturée et malade. Interdit d’utiliser l’image d’un Titanic qui cherche son capitaine. C’est plutôt la croisière qui ne s’amuse pas trop, du moins ceux qui sont aux étages inférieurs et dans la salle des machines. La mission impossible assignée aux candidats sera de convaincre les passagers du pays France que la croisière pour emprunter une route plus praticable et redevenir un peu amusante. Telle sera la tonalité des partis raisonnables, essayant de ne pas trop prendre les électeurs pour des cons. Après, rien n’empêche les gars de la Marine de croire que la skipper du FN hissera le mât pour une virée du pays France en catamaran démondialisé et protectionnisé retrouvant les couleurs d’antan de la douce France et du pays de cocagne. Et vogue la galère se disent les banlieusards en attendant les soldes. Eviter la liquidation, voilà l’enjeu de cette élection et bien évidemment, on s’attend à un manque d’enthousiasme des citoyens ce qui se comprend aisément. Où est passé l’avenir se demandent les visionnaires ? L’avenir est obturé par le futur aurait dit Raymond Devos. Mais Raymond la science croit en la singularité technologique venue de Californie qui fera pleuvoir la croissance, quant à Raymonde la patronne du bistrot, elle s’en remet aux prédictions d’Elisabeth Tessier. De l’autre côté de la mer du Nord, les bookmakers londoniens jouent Bayrou au second tour avec une cote de un contre 10 000. Mais le tiercé gagnant, c’est récession, dette, chômage.
Quelle étrange parabole que celle des élections depuis trente ans. En 1981, la force tranquille de Mitterrand promettait de changer la vie. Sept ans plus tôt, Giscard à la barre puis avec Barre nous proposait le changement dans la continuité. Mais en 2012, le slogan vrai, ce serait la continuité sans le changement et puis, sauver la vie. Autrement dit, faire que la France ne change pas étant entendu que le changement en question serait plutôt amer, dicté par la téléologie économique et sociale dont la flèche pointe vers le chômage, la crise sociale, la dette, l’appauvrissement, la morosité. On demandera donc au futur président de préserver la France de l’accident social et économique. D’une élection d’espérance en 1981, la France est passé à une élection de désespérance incitant les candidats à se vendre comme une pilule de Lexomil. Si Madame Royal est la présidente des solutions, alors, la meilleure est une solution d’anxiolytique en transfusion mensuelle.
1981 fut une élection d’espérance, 1988 a été une élection de persévérance sans illusion. En 1995, Chirac a inspiré la confiance, puis en 2002, ce fut le doute et la défiance, avant que 2007 ne tire une dernière salve d’espérance mais sous forme de progrès vendu en canette de Canada Dry, autrement dit, 2007 fut une campagne d’illusionnistes, et les Français furent bercés d’illusions. 2012 convoque les repreneurs, les restaurateurs de monument, mais c’est un numéro de funambule qui attend le futur président. Prions pour qu’il ne se casse pas la gueule car s’il chute, il entraîne une bonne partie des Français dans le marasme.
Qui incarne alors la figure du repreneur ? Les Français ne sont plus disposés à élire un illusionniste, un agitateur de réformes, mais un homme de confiance, à l’allure sobre, honnête, déterminée, près des gens et pourquoi pas, un homme neuf, pas encore usé par le pouvoir. Quelle coïncidence, c’est exactement le portait de François Hollande.
Quant à l’avenir, il pourrait bien se dessiner à la faveur de quelques surprises, mouvements inattendus, créations imprévisibles, générés par le génie du peuple qu’on attend sans y croire.
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