François Bayrou, et si c’était vrai...
Par sa nouvelle démarche et sa conquête obstinée et, dorénavant, exclusive, de l’Elysée, François Bayrou se ferait hara kiri. Mais, au fait, pourquoi serait-il condamné à échouer ? Pourquoi cette certitude si partagée qu’il signe sa propre fin politique ? D’autant que c’est oublier une donnée essentielle : il est à l’unisson avec les jeunes générations. Au lieu de la fin annoncée, cela pourrait être, au contraire, un nouveau départ.
En dépit des critiques les plus violentes, des attaques personnelles, des mises en garde, des trahisons, des désertions, d’une probable ‘’déroute’’ aux législatives, François Bayrou résiste, persiste et signe avec la création de son parti, le Mouvement démocrate. C’est un tournant capital dans sa vie politique. Il est en train d’écrire son histoire et celle de la France, celle de demain. Car les grands hommes se reconnaissent à leur caractère, à leurs ambitions. Et surtout, à leur croyance, leur foi en celles-ci. En cas de réussite, c’est objectif Elysée pour 2012.
Plus de 60 000 inscriptions via Internet dès la création du parti, selon ses responsables. Voilà qui confirme l’extrême popularité de François Bayrou, en l’occurrence sur Internet. Ce ne sont pas les lecteurs d’Agoravox qui me contrediront.
François Bayou a certainement raison.
J’aime la mentalité qui anime sa démarche. Il ne se résigne pas. Il ne capitule pas. Il est en rébellion contre les scénarios déjà écrits. En rébellion contre les belles âmes pensantes détentrices des vérités universelles et, surtout, en rébellion contre les adeptes de la résignation et les prêcheurs de la fatalité. De la résistance (même si ce mot est à utiliser avec prudence en respect aux ‘’résistants’’ et ce qu’il signifie, les mots ont aussi leur valeur), de la persévérance, et même de la résilience. Car il affiche une incroyable capacité à se remettre en selle en dépit des ruades subies. Mais n’est ce pas un des principes mêmes du rodéo politique ? Annoncé comme fini, mort politiquement à de nombreuses reprises, François Bayrou s’accroche, tient et certainement plus que jamais.
Ceux qui pensent que François Bayrou fait fausse route et commet un suicide se trompent.
D’une part, il est en résonance avec une partie de la population, notamment les jeunes qui aspirent à un très fort renouvellement du paysage politique et de ses représentants. Des jeunes qui ne se reconnaissent pas dans le clivage droite/gauche car ce n’est plus dans l’air du temps, de leur temps. Ils ont été élevés et nourris à l’hyperlink, au zapping, au ‘’social network’’, au ‘’village planétaire’’et au collaboratif/participatif. Appliquer ces comportements ou raisonnements à la politique, cela signifie que ces électeurs ou citoyens refusent ou sont rétifs à toute séparation en dur, étanche, tout cloisonnement, tout étiquetage, tout enfermement, toute hiérarchie directive, toute délégation les yeux fermés. François Bayrou, en bougeant les lignes, en bousculant les repères, en abolissant les frontières (idéologiques), est à l’unisson de ces nouvelles générations.
D’autre part, Francois Bayrou a les cartes en main. Mais pour cela, il doit agir vite. Son avenir politique en ce moment dépend de cette course contre la montre. Son objectif est de prendre de court toute initiative d’envergure d’un homme ou d’une femme de gauche qui, rapidement, conduira la rénovation du Parti socialiste et, par la même imposera son autorité. Donc qui lui fera directement concurrence.
Conscient de cette donnée, François Bayrou n’a pas perdu de temps à lancer son mouvement. Il doit très vite, grâce à son expérience, l’originalité de sa démarche, sa ténacité, sa lucidité, s’imposer comme la seule alternative crédible en 2012 face à Nicolas Sarkozy sortant. Il doit, pour cela, siphonner une partie du Parti socialiste pour ne pas lui laisser le temps de se redresser et ainsi le priver de l’espace politique dont il a besoin.
Enfin autre clé : Francois Bayrou, à l’instar de Francois Mitterrand, Jacques Chirac ou Nicolas Sarkozy, doit tendre tous ses efforts vers un seul but : l’Elysée. Ne penser plus qu’à cela. Faire corps avec cette ambition comme tout sportif qui sacrifie tout pour obtenir la récompense suprême. Ou l’acteur qui se confond avec son rôle, ne sachant plus qui incarne l’autre. Ne plus se laisser détourner, laisser à d’autres l’orchestration des élections. Beaucoup lui reprochent cette obsession présidentielle. Mais ils oublient que c’est ainsi que François Mitterrand, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy sont parvenus à leurs fins. Quoique cela devrait rester un moyen au service de la nation et des citoyens, mais passons...
François Bayrou a toutes ses chances de réussir son pari par rapport à la gauche. Le PS est déchiré et sans leader charismatique. François Bayrou a un électorat qui le suivra. Il peut vite mettre en ordre de marche un mouvement populaire.
Seul bémol à ce jour, et de mon point de vue, son embardée avec la gauche. Surtout celle que nous connaissons : archaïque (comme il l’a dénoncé), sectaire, déconnectée des réalités, bref une mariée qui fait plutôt pitié qu’envie. A moins de surligner cette obsolescence et ainsi convaincre encore plus facilement cet électorat désespéré de la momification de son parti et assoiffé de renouvellement. Mais pour rafler la mise définitivement, François Bayrou ne doit pas laisser de champ à un leader au sein de ce parti. Il y aurait en effet, dans ce scénario, un responsable de trop. Un fauteuil pour deux !
La politique n’est pas tendre. Tous les coups sont permis. Francois Bayrou le sait. Le subit avec dignité en ce moment, sans perdre la face. Il y a du De Gaulle dans son attitude, sa détermination, son ‘’non’’ à lui face à tous ceux et toutes celles qui lui prédisent le pire. Comme si l’avenir était déjà écrit, donc figé. Mais c’est à ce prix que se fait la conquête du pouvoir et de l’Elysée. Qu’il gagne et il forcera un respect (encore plus grand), en particulier, chez ses adversaires. Il deviendrait ainsi un des grands favoris pour 2012.
Et un probable vainqueur. Pourquoi pas ?
N’oublions pas que seuls ceux qui croient en leur rêve les réalisent.
En 2012, François Bayrou ? Et si c’était vrai*...
* clin d’œil à l’ouvrage de Marc Levy
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