François Bayrou, vrai européiste et faux patriote
Le courage politique, la cohérence, l’honnêteté intellectuelle et le respect des citoyens devraient être des vertus cardinales pour tout candidat à la magistrature suprême… Le moins que l’on puisse dire, c’est que la plupart des politiques aujourd’hui sur la ligne de départ présidentielle en manquent singulièrement ! C’est notamment le cas de François Bayrou.
Malgré ses récentes postures « souverainistes » et son désormais fameux « produire français » sorti du chapeau à quelques semaines des élections, François Bayrou reste bien évidemment le partisan convaincu de l’Europe fédérale qu’il a en réalité toujours été. Alors qu’en bon petit soldat il a systématiquement soutenu tous les abandons de souveraineté consentis par la France sur l’autel de la construction européenne : favorable au Traité de Schengen en 1985, ne s’abstenant sur le Traité de Nice en 2001 que parce que celui-ci n’allait pas assez loin, mais votant à nouveau pour le Traité de Maastricht et l’Euro en 1992 ou pour le traité Constitutionnel rejeté en 2005 par les Français, texte refourgué de force et par la fenêtre -avec la bénédiction de l’UMP, du PS et du Modem réunis- sous le nom de Traité de Lisbonne par un Sarkozy fraîchement élu en 2007, Bayrou se moque vraiment du monde lorsqu’il se vante sur France 2 chez Ruquier de n’avoir pas voté le dit texte pour des raisons démocratiques (12mn40s à 15mn 10s) :
Car l’« andouille du Béarn » était bel bien favorable à ce « nouveau mini traité ». Pas vraiment nouveau, faussement mini, mais véritable acte de forfaiture, avalisé par la quasi-totalité de nos élus qui n’hésitèrent pas en cette triste occasion à s’asseoir sans vergogne sur le suffrage populaire. Et oui, les faits sont têtus et les paroles aujourd’hui -heureusement !- demeurent. Que constate-t-on en effet lorsque l’on consulte ses interventions de l’époque ? Qu’il déclara notamment : « Je voterai ce traité, mais je considère qu’on a laissé en route des choses qui étaient essentielles pour l’avenir, l’idéal européen. Ne me demandez pas d’enthousiasme, je n’en ai pas ». Et encore « Je vais voter oui sans enthousiasme. On aurait voulu que cela soit un grand pas en avant pour l’Europe. C’est très loin de cette ambition… On a tellement besoin d’Europe que, si on peut la débloquer, cela sera mieux que rien… Tout ce qui peut débloquer l’Europe, aussi peu que cela soit, je l’accepte et je le soutiens. » On ne saurait être plus clair !
Et Les archives de l’Assemblée Nationale nous montrent bien que François Bayrou a voté le projet de loi constitutionnelle modifiant le titre XV de la Constitution, le 4 Février 2008, donnant ainsi son accord de fait pour la ratification du traité de Lisbonne quelques jours plus tard par l’Assemblée Nationale et par le Sénat (1).
Le fait de savoir s’il avait eu finalement à l’époque la cohérence -ou le courage- de glisser son bulletin dans l’urne du oui n’est dès lors plus qu’un point de détail qui prouverait même, si l’on faisant semblant de croire le Président du Modem lors de cette sortie télévisée, une certaine lâcheté ou pour le moins un vrai manque de cohérence, « qualités » dans un cas comme dans l’autre bien peu honorables ! Mais le plus drôle est que si l’on en croit Jean Quatremer -qui n’est pas taxable d’euroscepticisme- sur son blog : « François Bayrou, quant à lui, était absent… mais ce n’était nullement intentionnel : victime d’un choc allergène, il était hospitalisé lors du scrutin. » (2)
La mauvaise foi du bonhomme atteint effectivement des sommets élyséens ! Dieu merci pour lui, le ridicule ne tue pas ! On en vient parfois à le regretter, d’ailleurs…
Mais Bayrou peut toujours mieux faire dans la posture et la duplicité : nouveau porte-drapeau de la souveraineté populaire et du patriotisme économique et politique, il se dit dans le même mouvement et par ailleurs prêt à ratifier le traité européen conclu lundi dernier pour imposer aux nations une stricte discipline budgétaire. Cet énième traité prévoit l’inscription d’une règle d’or dans la Constitution de chaque pays signataire, amputant ainsi un peu plus gravement les dernières bribes de souveraineté qui restaient encore aux Etats de l’Union, leur interdisant dès lors qu’il serait instauré toute liberté et toute autonomie en matière budgétaire. La dictature financière européenne est en route, et Bayrou en est totalement d’accord : « Je suis prêt à voter à tout moment cette règle d’or », a notamment dit l’impétrant…
Les grands naïfs qui ont cru au soudain revirement patriotique du patron du Modem comprendront ils enfin de quoi Bayrou est vraiment le nom ?
ML – La Plume à Gratter
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