Fillon contre Sarkozy, une imposture médiatique et politique insupportable et indigne !
Une thèse reprise par l’ensemble de l’édifice médiatico-politique, tous éditorialistes et chroniqueurs confondus, au moment même où ce fameux nouveau Premier ministre fait son discours de politique générale qui s’inscrit stricto sensu dans les pas de son mentor et ami, « Monsieur le Président ». Dans les journaux comme « Aujourd’hui en France » on canonise littéralement François Fillon à travers de longs dossiers, présenté comme la nouvelle star qui ose dire non au Président. On entend même, sur le plateau de l’émission de Frédéric Taddéï« Ce soir ou jamais » consacré à ce sujet, un Emmanuel Todd expliquer que l’essentiel serait de savoir si le sieur Fillon a ou non, les épaules assez larges pour résister à Sarkozy… Mais sur quoi donc, serait-on tenté de demander ? Ou encore, que le futur dépendrait de savoir, comment va se passer cette « nouvelle cohabitation », laissant entendre que Fillon ce serait l’opposition. Quel jeu de figures et de dupes nous joue-t-on décidemment ici ?
La majorité a voté sans la moindre hésitation pour la continuité politique de son chef, Nicolas Sarkozy, dont Fillon n’est que l’ombre docile, avec un Parlement chambre d’enregistrement, derrière la mise en scène des images et des mots que journalistes et chroniqueurs serviles s’empressent de reproduire comme les journaux people mettent en romans la vie de palais des stars pour vendre du papier comme autant de faux-semblants fait pour endormir, pour abêtir. Des médias qui entretiennent sans état d’âmes, tout en étant dans la confidence de cet énorme mensonge politique, un vaudeville qui n’a de remarquable que la profondeur de sa médiocrité et son mépris du peuple. Celui là même qui ose, de temps à autre, s’opposer par la rue à ce système en faisant résonner d’autres voix que celles truquée des écrans, des ondes radio et autres journaux de plus en plus insupportable pour le quidam qui ne fréquente pas la bourgeoisie libérale de droite ou de gauche bienpensante.
On nous parle du costume sans pli de ce nouveau-ancien ou de cet ancien-nouveau premier ministre, de la raie rassurante de sa coupe de cheveux, qu’il était dès l’enfance un « meneur d’hommes », de la différence de son style réservé et solide en regard d’un président fantasque qui ne sait contrôler ses impulsions, alors que l’on n’assiste jamais qu’à une simple répartition des rôles pour la promotion d’un mauvais film dont on vend la distribution à coup de fausse publicité. On nous donne en spectacle l’esthétique de l’image pour nous faire oublier que dans la vraie vie c’est la société qu’on maltraite, voire qu’on assassine.
Sa politique, la continuité d’une revanche sur l’histoire de la France du progrès et des Lumières
Il proclame sa volonté de continuer ce qu’il désigne comme « l’élan de la réforme », que l’on salue comme le talent d’un homme qui est fidèle à ses idées, trait de sa personnalité qui rassurerait les Français… Qu’est ce à dire ? En réalité, il n’est question de rien d’autre que de la continuité d’une politique du gouvernement qui s’attaque aux protections collectives et aux services publics sous le signe de la rigueur, pour faire payer à la France du travail et des minimas sociaux le prix de la crise, qui loin de rassurer fait grandir l’angoisse des lendemains pour les foyers modestes ! Personne d’autre que Nicolas Sarkozy n’a conduit cette politique qu’il est question coûte que coûte de poursuivre.
Là encore, côté médiatique, il n’est nullement question de rappeler que du bouclier fiscale à la suppression de la taxe professionnelle aux entreprises on ne cesse effectivement de donner encore plus aux riches. La continuité de la politique de Fillon, exécuteur des volontés de son bon maître de l’Elysée, n’est que le reflet des mêmes choix politiques d’une majorité qui représente les intérêts des privilèges de l’argent contre le reste de la société. Cette politique de pillage des richesses collectives et de tout ce qui a fait de la France un modèle de progrès et de Lumières, c’est celle de la déchéance de la France comme expression d’une République démocratique, laïque, sociale et indivisible, qu’il est question de mettre à genoux en organisant une revanche sur l’histoire. Ce dont il est question c’est de donner au marché la prééminence totale sur toute autre considération qu’il s’agisse du rang de la France ou de la condition humaine de ceux qui y vivent.
Ce que Fillon va continuer comme projet, c’est celui d’une marche en arrière toute de l’histoire ! C’est déjà de ce dont se réjouissait l’ex-numéro deux du MEDEF, Denis Kessler en octobre 2007, en clamant son ardeur dans le soutien à la politique antisociale de ce Premier ministre très sarkozien, qu’il voyait comme celle qui enfin allait défaire le modèle social issu du programme du Conseil national de la Résistance. On peut voir combien l’instrumentalisation de l’image de Gaulle après celle de Guy Môquet par le Président de la République est une véritable insulte faite à l’histoire, à une histoire de France qu’avec son Premier ministre ils parjurent à travers de vieux choix de classe, ceux d’une bourgeoisie qui n’a jamais accepté de se résoudre à la constitution de la nation entendue comme la souveraineté du peuple.
Défaire la République démocratique, laïque, sociale et indivisible, un choix de classe !
On le connait le programme de ce gouvernement sans même avoir besoin de l’entendre de la bouche de ce Fillon là, c’est celui de la reprise un à un de tous les grands acquis au monde du travail, c’est l’organisation du retrait de l’Etat de ses responsabilités en regard de l’intérêt général qu’il est censé représenté, pour laisser libre cours à une économie fondée sur les égoïsmes et l’individualisme, la réussite contre les autres, d’une poignée de gagneurs mettant en échec toute la société.
Effectivement, cette politique qu’il veut continuer tourne le dos aux valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité de notre République sociale, laïque et démocratique. Leur politique : c’est celle de l’autonomie des universités qui met en perspective leur privatisation avec augmentation des droits d’inscriptions, sacralisation de la sélection et mise à disposition du patronat de l’enseignement supérieur qui tue l’égalité devant l’instruction et l’ascenseur sociale par l’école ; celle de la loi Boutin qui chasse des HLM des centaines de milliers d’ouvriers considérés comme des nantis en raison d’avoir un salaire décent, pour laisser la place à une ghettoïsation des exclus détruisant ainsi toute mixité sociale ; c’est celle de l’encouragement à la discrimination positive à travers cette façon de rendre hommage aux soldats africains qui ont combattus dans l’armée française pendant les deux grandes guerres en choisissant d’honorer parmi eux les seuls musulmans, méprisant ceux des autres religions ou les incroyants, pour instaurer un nouveau clientéliste se nourrissant du communautarisme ; c’est celle qui déremboursement des médicaments et de la réforme hôpital qui transforme l’acte médical en marchandise ; c’est celle qui bafoue la démocratie en violant le Non du peuple au Traité constitutionnel européen, à une Europe des délocalisations au service de l’argent roi promise ainsi contre lui à couronner actionnaires et rentiers ; c’est celle qui applique la plus longue durée de cotisation d’Europe avec le recul de l’âge de la retraite à 62 ans pour en faire une des plus mauvaises du vieux continent mais surtout, qui repousse de deux ans la retraite sans décote de 65 à 67 ans et à coup sûr ainsi, celle des femmes en général pour lesquelles, la carrière reste presque toujours incomplète en raison des parcours professionnels souvent chaotiques…
De la majorité UMP au MEDEF à Fillon en passant par Sarkozy, une seule et même politique antisociale.
Au moment où Monsieur Fillon nous parle de se serrer encore un peu plus la ceinture côté France du peuple, on apprend par le journal Investir que les entreprises du CAC 40 on fait 80% de bénéfices en plus sur les six premiers mois de l’année, sans compter les 31 milliards de cadeaux fiscaux qui leurs sont faits par l’Etat français sur le dos du contribuable.
Nous sommes en plein cynisme des plus mortifères. Alors que les banques se livrent au jeu de mettre les Etats à genoux en spéculant sur la monnaie pour donner au marché une prééminence quasi monarchique et à l’Europe une dimension impériale avec le FMI en arbitre, dont le directeur général(socialiste) est peut-être futur candidat à la succession de Nicolas, on réclame aux peuples des sacrifices qui s’ajoutent encore aux spoliations de la spéculation dont on entend leur faire payer deux fois la facture sur leurs salaires et leurs acquis !
Que disent le MEDEF et ses représentants lorsqu’il s’expriment librement comme dans l’émission de TF1 « Le club de l’économie » très tard dans la nuit quand la télé devient confidentielle et qu’elle s’adresse au patron qui veille : que la crise c’est formidable parce qu’elle va permettre de servir d’argument pour imposer en France un recul social sans précédent, ce que l’Union Européenne n’est jamais parvenue à faire accepter à travers les directives d’une Europe libérale succursale de la mondialisation capitaliste, pour laquelle les acquis sociaux et une législation du travail protectrice sont autant de freins qu’il faut faire tomber !
L’imposture, le mépris et le cynisme comme mode de gouvernement contre le peuple
Avec cette mise en scène médiatique et politique des différences entre le Président et son Premier ministre, nous sommes dans une starisation de la vie politique et une perversion de sens des valeurs que ceux-ci sont censés représenter, celles d’une République qui affirme la profession de foi de son contrat social dans l’article 10 du préambule de la Constitution de la IV e République repris dans la Ve : « La nation assure à l’individu et à la famille les conditions nécessaires à leurs développements »,
C’est cela qu’il est question de défendre, en pleine conscience qu’effectivement, du Président au Premier ministre en passant par sa majorité et le MEDEF, il n’y a qu’une politique et une seule façon de penser. Par delà l’imposture médiatique et politique, le peuple ne pourra ici comme ailleurs, ne compter que sur lui-même et les principes politiques qu’il a su édifier, à force de luttes sociales et de révolutions, synthétisés dans cette République démocratique, laïque, sociale, indivisible qui contient un modèle social français unique, exemple encore pour le monde et le sens de son histoire.
Guylain Chevrier, historien et formateur.