François Hollande : les dessous du Bourget
« Voilà, voilà, ça recommence ! » Rachid Taha pourrait offrir ce tube aux ambianceurs de la vie politique. A chaque élection, les journalistes écoulent les mêmes thèmes de campagne, sans relever l’arnaque. Et ce, au plus grand bonheur des politiciens. On ressort les serpents de mer. Les vieux dossiers d’une République amaigrie. Feignant l’agacement, on reparle cumul des mandats. On déplore comme il se doit : la ménopause sociale. Allégorie pour désigner l’arrêt de l’ascenseur républicain. En moins d’une heure, on égrène de vieilles idées dans des salles insignifiantes où la surenchère est de rigueur. Quand elle ne remplace pas le débat. Si des tribuns déplorent l’immoralisme des élus à Sciences Po Bordeaux et veulent menotter la planète (Montebourg)-vaste programme-, d’autres, au contraire, partent en croisade contre le monde de la finance. Depuis une dizaine d’années, les professionnels de la contorsion dénoncent l’inféodation de Marianne au Cac 40. Au Bourget, François Hollande affirme que le pays est occupé par un adversaire invisible. Un prédateur, somme toute, aussi subversif que les nébuleuses terroristes. Iconoclaste ou surréaliste ! A l’électeur de choisir. Les effets de manche des candidats ne doivent pas, néanmoins, cacher la réalité. Ceux qui pointent la mise au pas du politique par l’économique, sont les premiers à embrigader les journalistes. Désormais, ces derniers, neutralisés, n’ont plus à travailler. La novlangue s’occupe d’eux. François Hollande, s’inspirant de son rival, a éclipsé la quatrième colonne, en un clin d’œil. Le staff, en bon prestataire, fournit les DVD, les incrustations. Promptitude oblige. Les intermittents, quant à eux… pointent à Pôle Emploi. Sans que cela n’émeuve le SNJ, peu amène envers le MEDEF, d’habitude.
Soucieux d’être en phase avec l’actualité, France Télévisions accepte les images des partis (l’UMP fait de même), au mépris des règles qui, autrefois, firent l’honneur du service public. Au diable : l’instrumentalisation, la séparation des pouvoirs, les conflits d’intérêts. On réserve ces principes aux « autres ». Lorsque la concurrence dicte le menu et que l’urgence conditionne les pratiques, il n’est pas question de faire du Wolton. Encore moins de la médiologie. L’heure est à la mise en scène, à la sidération. Les caméras plongeantes, téléguidées par des grues gigantesques, sont là pour marquer les esprits. Réveiller les indifférents, les timorés. Le message ? Il est clair. Les communicants n’ont retenu de Nietzsche que la volonté de puissance. Leur maître en esthétique : Leni Riefenstahl. Et Yannick Noah, évadé fiscal notoire, personnalité préférée des Français… promu, symbole de l’ouverture. La justice sociale a du plomb dans l’aile.
Voir les vidéos :
Discours de François Hollande au Bourget 1e partie
Télézapping : Les 60 engagements du candidat...
A entendre aussi :
Le secret des sources, Qui manipule qui ? (France Culture)
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