François Hollande ou l’impossible politique sociale
François HOLLANDE peine à lancer sa campagne, et ceci est dû à plusieurs facteurs : l'élimination inattendue de Dominique STRAUSS-KAHN, quasiment intronisé président de la République par la ferveur médiatique, et la mollesse de son caractère. Mais le facteur central réside dans le manque de cohérence de la candidature « socialiste », qui prône le changement tout en refusant une rupture avec le système : d'où l'impossibilité d'une politique sociale qui ne peut exister que par le verbe.
Ce dogmatisme se caractérise par la volonté de faire « plus d'Europe », par la transformation de la monnaie-outil en monnaie-totem (discours de Berlin où il a affirmé que l'euro était plus qu'une monnaie), et par le soutien inconditionnel à tous les traités européens. Dans les discours de François Hollande, jamais un mot sur la privatisation de la monnaie, qui est le coeur même de la crise. Pas un mot sur le fait que la BCE prête à 1,5% à des banques qui, à leur tour, prêtent de 3,5% jusqu'à 20% aux Etats européens : pas un mot sur cet engraissement bancaire par le biais de la crise et par le biais d'un système qui leur est favorable.
Par son soutien aux traités européens, Hollande a contribué à mettre en place une économique que l'on peut qualifier « d'intégrisme libre-échangiste » (Gérard LAFAY, 12 clés pour sortir de la crise, p52). Le candidat du PS a maintes fois prouvé son adhésion à l'idéologie dominante, que Gérard LAFAY définit ainsi : « Au nom d'un individualisme forcené, elle s'oppose systématiquement au rôle économique de l'Etat, aux services publics et à la solidarité nationale. En fait, ce courant n'est pas « néolibéral », mais il doit être appelé « néocapitaliste » car il tend à un retour, sous des formes modernes, vers l'ancien capitalisme » (12 clés pour sortir de la crise, p15).
En drapant la construction européenne derrière un idéal social qu'elle n'a jamais porté, Hollande a participé à l'édification de ce système, que l'on peut définir par quelques articles emblématiques :
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Article 123 du Traité de Lisbonne, qui privatise la monnaie
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Articles 105, 107 et 111 du Traité de Maastricht sur la rigidité de la politique monétaire européenne et l'indépendance des Banques centrales vis-à-vis du politique
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Le Mécanisme européen de stabilité (MES), qui sera voté le 21 février 2012 à l'Assemblée nationale, et qui devrait coûter cher à la France, dans la droite lignée des plans de renflouement : il consiste à faire supporter le coût des plans des rigueur imposés à des pays comme le Portugal, l'Italie ou la Grèce, ce qui n'a absolument rien à avoir avec une quelconque solidarité
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Article 63 du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE) qui impose une totale liberté des mouvements de capitaux, et permet les délocalisations
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Article 32 du TFUE qui prône un objectif de libre-échange total, interdisant de ce fait toute tentative de protectionnisme
Seule une politique protectionniste intelligente permettra de lutter contre la concurrence déloyale (le dumping social et environnemental), d'élever les petits salaires et de relancer l'emploi, en combinant des écluses douannières modulables et ciblées, des frontières fonctionnelles et une contribution sociale à l'importation. Or la seule proposition d'un courant minoritaire au sein du PS, représenté par Arnaud MONTEBOURG, consiste en un protectionnisme européen qui apparaît inapplicable au regard de l'esprit même de la construction européenne (comme nous venons de le voir) et qui semble inefficace dans une zone économique hétérogène de 27 pays (quid du dumping social intraeuropéen, par exemple de la directive Bolkenstein contenu dans le TCE qu'HOLLANDE soutenait en 2005, ou des délocalisations de l'Allemagne dans son hinterland, composé de pays de l'Est, sans parler de l'immigration médicale en provenance de Roumanie).
Enlisé dans un aveuglement idéologique dangereux, HOLLANDE ne semble pas comprendre que « l'euro est entré dans sa phase terminale » (Jacques SAPIR, Faut-il sortir de l'euro ?, p192). En ce sens, il est en phase avec la plupart des candidats à la présence, dont SARKOZY et BAYROU, et à l'exception de Marine LE PEN et Nicolas DUPONT-AIGNAN (mais l'une pèse près du quart de l'électorat français, tandis que l'autre ne bénéficie d'aucun soutien populaire). L'élection de François HOLLANDE en 2012 conduirait probablement, à terme, aux pires émeutes sociales que la France ait connues, à l'image de la situation grecque : « pour défendre l'euro, on veut aller toujours plus loin sur la pente de la régression sociale et de la déréglementation » (Jacques SAPIR, Faut-il sortir de l'euro, p74).Pour conclure, « l'Histoire jugera sévèrement le personnel politique européen qui a vécu (et qui vit encore) dans le déni de la crise. Un tel aveuglement vaut révocation... » (Jacques SAPIR, Faut-il sortir de l'euro, p174). Une révocation qui pourrait bien intervenir dès le premier tour, avec le rejet d'une classe politique qui dirige depuis près de 40 ans.
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