François Hollande ou le système (du) secret
« Si il y a bien une chose dont Hollande a hérité de Mitterrand, c'est de son amour du secret », confesse un conseiller du président au détour d'une conversation. L 'analogie « florentine » est lancée. Elle va bien au-delà de la gestuelle du candidat aux tribunes de la campagne présidentielle.
Cette filiation confère au second président socialiste de la Ve République, une allure, voire un comportement que son service de Com', cornaqué par Claude Sérillon, ne souhaite assurément pas voir devenir image de marque.
C'est ballot car une « persona » un brin romanesque, presque sulfureuse, serait un avantageux contre feu au doux surnom de « Pépère » lancé il y a quelques semaines par le Canard Enchaîné. D'autant qu'il ne s'agirait pas là d'un rôle de composition tant « Pépère » affectionne les accords secrets, les pactes sous le manteau. Comme Tonton.
Pour le moment, force est de constater que l'impression que fait le chef de l'Etat sur les Français est en train de se transformer à vive allure.
Que reste-t-il du personnage bonhomme, toujours prêt à une bonne blague prompte à faire oublier son passage à l'ENA, au sourire presque enfantin et à l'intimidation décalée durant une campagne qui allait lui ouvrir grand les portes de la plus haute fonction ? Malheureusement peu de choses et sans parler de la traditionnelle chute dans les sondages.
Question humour : il a perdu le sens du timing. Au salon de l'agriculture, Moi Président aurait pu se dispenser de sa sortie sur l'exil politique, selon lui définitif, dont souffrirait son prédécesseur. Il n'était pas besoin de dire à cette enfant qui prenait Pépère pour Nicolas Sarkozy qu 'elle ne « reverrait plus » ce dernier.
D'abord, il ne faut jamais tenter le diable. Ensuite parce que ce trait a permis à la Droite de commencer une petite entreprise de comparaison de personnes. Genre : « vous avez aimez l'anti-Sarkozysme vous allez commencez à entrer dans l'anti-Hollandisme ». Au moins, Pépère n'aura traité personne de « pov' con » …
Tant qu'on y est, on pousse (avec dignité !) à droite de l'Hémicycle la chansonnette du « Pingouin » qui ne sait pas faire de baise main. Ce beau monde a du oublier que le mari de l'artiste avait été éduqué, lui, par Madame de Rothschild.
Tout cela est désormais connu et tient plus de la bousculade dans la cour de récréation que d'un règlement de compte politique crédible.
Mais les manières Hollandaises sont un tout petit peu plus profondes que toutes ces blagues de potaches.
L'IRRESISTIBLE ASCENSION DE DIDIER MIGAUD
Que sait-on par exemple de l'accord passé entre les Verts et lui-même qui a débouché sur l'arrivée de deux ministres écolos (Duflot et Canfin) dans l'équipe d'Ayrault ? Pari risqué pour remercier une formation qui a totalisé moins de 2,5% des voix au premier tour de la présidentielle même si elle dispose aujourd'hui d'un groupe parlementaire à l'Assemblée nationale.
C'était à l'évidence "chronique de couacs annoncés". Ils ont démarré sur les chapeaux de roues avec les propos de Cécile Duflot sur la dépénalisation du cannabis et ont fait rage ensuite avec la position de EELV de s'opposer au traité budgétaire européen que Paris surveillait pourtant avec Berlin comme lait sur le feu.
Le mystère de cette tractation pré électorale reste donc entier. Car le poids dont on pouvait créditer alors les Verts, emmenés par Eva Joly, avait déjà commencé à fondre comme neige bio au soleil.
Le raz de marée Rose en emportant le Parlement a donné la majorité absolue aux socialistes qui n'ont pas besoin de leurs partenaires Verts ou Front de Gauche pour faire passer ce que bon leur semble. Au moins jusqu'à la promulgation de la loi arlésienne de non cumuls des mandats qui viderait un peu les bancs du côté PS …
Au total, huit mois sont passés mais, au sein de l 'équipe gouvernementale, personne - hormis ses protagonistes - n'est réellement au fait de l'accord Hollande-Duflot.
Mais ces confondantes tractations secrètes sont loin d'être l'élément le plus troublant du système Hollande.
J'ai déjà eu l'occasion d'évoquer le pouvoir de conviction inédit, au moins dans sa forme de communication, de la Cour des comptes et de son patron Didier Migaud (Didier Migaud : porte flingue de la Hollandie sur Agoravox).
Certes, le premier magistrat de la rue Cambon a été nommé par Sarko en 2010 après le décès de Philippe Seguin. Certes, l'ancien président de la puissante Commission des Finances de l'Assemblée nationale s'était auparavant retrouvé dans son siège sous l'impulsion du même Sarko qui la voulait entre les mains de l'opposition - mais raisonnable... Il a, du reste, été remplacé ensuite à ce poste par ... Jérôme Cahuzac - dans son œuvre d' « ouverture ».
Certes, il s'était fait au Palais Bourbon une réputation d'hyper actif prêt à légiférer ou à amender plus vite que son ombre. Mais cela n'explique pas tout. Ni du côté de l'ancien Président de la République, ni de l'actuel.
Qu'est-ce qui peut bien expliquer que l'ascension de l'ancien député de la 4e circonscription de l'Isère ait été aussi fulgurante ? Un secret de plus qui lie cette fois Pépère et l'ex élu (il a abandonné son mandat) ceint d'hermine mais "juste" diplômé de Sciences Po Lyon.
Plus récemment, la signature en grande pompe et sous les ors de la salle des fêtes de l'Elysée de la commande de plus de 18 milliards d'euros (24 milliards de dollars) de la compagnie indonésienne Lion Air à Airbus comportait, aussi, un petit secret. Par omission, mais quand même : Lion Air figure depuis 2007 sur la black list des compagnies aériennes interdites en Europe et aux Etats-Unis. La compagnie à bas coûts s'est, de surcroît, fait signifier à nouveau son interdiction à la mi-décembre 2012.
Mais quand il s'agit de créer, pardon de « sécuriser » 5.000 emplois et de faire la nique à la fois à Boeing et à l'industrie allemande, il convient de préserver le secret des affaires.
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