Free remporte une bataille : aux citoyens de mener la guerre !
Avec l'arrivée de Free sur le marché de la téléphonie mobile, les français découvrent avec stupeur l'énormité de l'escroquerie dont ils sont victimes, depuis quinze ans. Si tout le monde se réjouit aujourd'hui, personne ne pose la question qui fâche : comment pareille fripponerie a-t-elle été possible ?
Avec l'arrivée de Free sur le marché de la téléphonie mobile, les français découvrent avec stupeur l'énormité de l'escroquerie dont ils sont victimes, depuis quinze ans. La réalité brute leur saute aux yeux, et ce qu'elle révèle est cruel : depuis tout ce temps, chacun d'entre nous versâmes une dîme de plusieurs dizaines / centaines d'euros à son opérateur téléphonique, tous les ans.
Le calcul est facile : des dizaines de milliards d'euros ont été prélevés sur la richesses nationale par des intérêts privés, sans raison légitime.
Comment un tel détournement a-t-il été possible ?
Prenons un peu de hauteur, l'espace d'une minute, et observons la situation de pays voisins.
Les pays du nord de l'Europe connaissent depuis toujours les tarifs proposés par Free. Ce qui est un miracle chez nous est une évidence chez eux. Il se trouve que ces pays sont aussi, par ailleurs, des démocraties exemplaires. Or la mise en place d'un nouveau marché basé sur la concurrence est de la responsabilité de l'Etat, et la démocratie se définit précisément par le rapport entre l'intérêt des citoyens et l'action de l'Etat.
A l'inverse, dans les pays du Maghreb qui ont été touchés par le Printemps arabe, la fausse liberté d'entreprendre conjuguée aux monopoles de fait était la règle. Il se trouve aussi que ces pays étaient gouvernés par des dictatures. Comme partout l'Etat était responsable de la mise en place et de l'organisation des marchés. Mais dans leur cas, l'Etat ne défendait jamais la volonté des citoyens. Le pouvoir était toujours au service de quelques intérêts privés.
On peut donc supposer qu'il existe un lien entre l'illégitimité des profits privés et le degré de démocratie d'un régime.
Revenons à la France.
Trois opérateurs ont reçu le monopole de la téléphonie mobile :
- L'opérateur historique
- Une compagnie générale des eaux qui travaille avec l'Etat tous les jours. Cette société possède le plus grand réseau médiatique proche de la gauche de gouvernement (Groupe Canal+)
- Un grand constructeur du bâtiment qui travaille avec l'Etat tous les jours. Cette société possède le plus grand réseau médiatique proche de la droite de gouvernement (Groupe TF1)
Comme pour tout lecteur d'AgoraVox votre intelligence est particulièrement affutée. C'est pourquoi vous devinez où je veux en venir : certaines grandes entreprises dépendent des commandes de l'État ou des décrets gouvernementaux et ces grandes entreprises investissent massivement dans les média. Ainsi se prémunissent-ils contre toute décision politique défavorable en achetant la possibilité de faire pression sur nos représentants. Car en effet, la plupart de nos élus tremblent de peur à la seule idée d'être interdit d'antenne par une grande chaîne. Et pour les lecteurs qui douteraient encore, savez-vous quel a été le premier acte de Xavier Niel avant de se lancer dans la téléphonie mobile ? Tic ... tac... tic... tac... La réponse est : acheter Le Monde ! Le journal le plus influent de France. On n'est jamais trop prudent.
Cette collusion des forces de l'argent et des puissances politiques explique en grande partie notre transformation en vaches à lait dans des secteurs entiers de l'économie, secteurs théoriquement soumis à la concurrence. C'est la raison pour laquelle l'État ne réagit pas ou si peu, d'autres influences ayant pris le dessus sur le peuple, le demos. Donc le problème n'est pas seulement économique, il est aussi et surtout démocratique. Il est nécessaire d'empêcher - par la loi - la mainmise sur les médias d'entreprises en contrat avec l'État. C'est la base de la base.
François Bayrou avait défendu cette idée avec force en 2007. Sur ce sujet comme sur d'autres il était seul à l'époque. Et pourtant, sur ce sujet également, il avait raison. Pourquoi n'entendait-on que lui sur ce sujet ? Tout simplement parce que la droite de gouvernement comme la gauche de gouvernement ont toutes deux intérêt à ce que ce système perdure. En effet, si les monopoles politiques soutiennent les monopoles industrielle... l'inverse est vrai aussi ! Jour après jours, en silence, se joue un énorme jeu de barbichette dont le perdant est, toujours, le citoyen.
Alors que faire ?
Par nature le monopole se renforce toujours, par le simple fait qu'il soit un monopole. Et si les forces politiques s'associent aux force de l'argent pour que rien ne change, alors la situation est bien difficile, en apparence. Mais sans le savoir nous avons, en France, une chance énorme : la constitution de la Vème République nous donne un pouvoir unique parmi les nations : la possibilité, tous les cinq ans, de renverser la table et de reconstituer le jeu selon notre volonté, la volonté du peuple. Il est vrai que jamais, depuis De Gaulle, les français n'ont osé hisser à la tête du pays un homme souhaitant faire sauter le monopole des partis et de libérer la politique de l'influence de l'argent. Pour autant, pourquoi en serions-nous incapables ?
Objectivement, seules trois personnes peuvent être élues en 2012. Nicolas Sarkozy, François Hollande et François Bayrou (Marine Le Pen ne pouvant pas être élue au second tour).
Nous avons la responsabilité de choisir. Soit conforter le système des monopoles, en votant PS, UMP ou "contestataire". Ou bien renverser, pour de vrai, la table de jeu des partis institutionnels. Et enfin imposer des règles qui mettent citoyen au cœur de la politique. Vous sentez bien, au moins instinctivement, que cette révolution ne passera pas par les partis traditionnels. C'est justement cette troisième voie que se propose de construire François Bayrou.
C'est, avant tout, la collusion de l'argent et la politique qui a mis le feu aux pays arabes. Chez nous, en France, cette alliance contre-nature fait aussi des ravages. Mais chez nous, en France, pour peu que nous le voulions, que nous le décidions, que nous l'imposions, nous pouvons faire bouger les lignes.
Notre liberté de consommateur, bien sûr. Notre liberté de citoyen, surtout. La liberté est entre nos mains. A nous de nous en saisir.
30 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON