Le 22 janvier, le roi coutumier d’Alo, l’un des deux royaumes de Futuna a été poussé à abdiquer, comme l’avait été, en début d’année de son homologue de Sigave, l’autre royaume. Futuna se retrouve donc sans roi.
Les conditions de la nomination le 6 novembre 2008, de Petelo Vikena, comme Tuiagaifo, roi d’Alo, avaient déjà été sujette à polémique.
La voix ordinaire de la nomination d’un nouveau chef est le consensus entre les familles Aliki (nobles) du royaume. Les discutions trainant en longueur, Petelo Vikena, alors numéro 2 du royaume (sakafu) avait en novembre 2008, plusieurs mois après la destitution de son prédécesseur pris la décision de se faire nommer roi par le conseil coutumier.
Son court règne a été marqué par des mesures conservatrices : il a notamment interdit aux jeunes le volley-ball ou le cyclisme le dimanche et leur a rappelé l’obligation d’assister à la messe.
Mais ce ne sont pas ces mesures qui ont été abouti à sa destitution mais le non respect d’une règle protocolaire. Selon les futuniens que j’ai interrogé voici ce qu’il s’est passé.
Lors de la fête de la Saint-Marcel, le 16 janvier, était organisé un kava royal. La consommation du Kava cette boisson légèrement euphorisante est l’objet d’un protocole précis. Chacun boit à son tour selon un ordre précis. Le maître des cérémonie, responsable du protocole clame le titre de chacun.
L’ordre est déterminé par la position hiérarchique de chacun, à une exception près : après le roi(Tuiagaifo), et avant le Sakafu (premier ministre), une personne, jamais la même, obligatoirement non-aliki (un roturier), est appelé à boire une coupe. Cette personne est appelé "la paix" : elle symbolise l’union du roi avec son peuple.
Or, c’est cette règle qui n’a pas été respecté le 16 janvier, le Sakafu ayant bu son kava immédiatement après le Tuiagaifo. Cette faute n’a pas été pardonné.
Trois chefs de circonscription et ministres du roi ont pris la tête de la rébellion : le Vakalasi, chef de l’îel d’Alofi, le Tuisaavaka, chef du village de Kolia et le Tuiasoa, chef d’Ono.
On a même brulé une voiture : selon les futuniens, il s’agisait de manifester "comme les européens", les images véhiculées par la TV arrivée sur l’île comme l’électricité il y a presque 20 ans, portent influence même ici ! On a tout de même pris soin de choisir une vielle fourgonette qui n’avançait plus. On copie la "racaille" mais on reste pragmatique.
Ainsi le Tuiagaifo a été poussé à abdiquer le 16 janvier.
Immédiatement, les discutions ont commencé autour du problème de la famille qui devait prendre sa succession.
En effet, les règles de succession prévoit une alternance complexe entre certaines familles et au sein de ses familles une alternance entre les différentes branches de celle-ci. Aussi le problème de la succession est d’abord un problème généalogique.
Le royaume d’Alo est situé sur l’île de Futuna, dans le Pacifique Sud, à 230 km de Wallis et à 300 km de Fidji. Ancien protectorat français, il a intégré le territoire de la République en 1963, formant avec les royaumes de Sigave et d’Uvéa (Wallis) le territoire des îles Wallis et Futuna.
Le traité d’intégration à la république prévoit le maintien des institutions traditionnelles des royaumes, ce qui peut apparaître comme paradoxal au sein de la République.